Tintin n'en est pas à sa première adaptation cinématographique (Les oranges bleues, le lac aux requins...) et pas à sa première adaptation en jeu vidéo non plus. Toutes les aventures en pixels du jeune reporter belge, sont jusqu'à maintenant des titres de plateformes, entrecoupés pour certains de phases d'action, comme celles en fusée dans Tintin sur la lune, sorti en 1989 sur CPC, Amiga, C64, etc. D'une certaine manière, le Tintin d'Ubi reprend cette formule, l'hydravion ou le side-car remplaçant la fusée.

C'est parti mon vieux Milou !

Quand on découvre pour la première fois, Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne, l'impression est plutôt positive. On découvre une charmante petite rue où se tient brocante et où l'on commence par incarner Milou, dans une vue à la troisième personne. L'ensemble, s'il n'est pas époustouflant graphiquement, est plutôt joli, et l'ambiance soignée (la musique, les voix des brocanteurs). Dès lors que l'on a retrouvé le garçonnet à la houpette, grâce à notre super flair de fox-terrier à poil dur, on l'incarne et l'intrigue à base de maquettes de bateau du Secret de La Licorne, l'un des meilleurs albums d'Hergé, se met en place. Sa maquette volée, le jeune reporter belge va alors vite se retrouver à Moulinsart, la demeure de collectionneurs sans scrupules, les Loiseau.

Le château des courants d'air

C'est dans le célèbre château qui appartiendra plus tard au capitaine Haddock, que l'aventure, pour de vrai, commence. Enfin, pour être précis, c'est dans ses sous-sols dans un premier temps. Ses gigantesques sous-sols fait de trappes, de portes "à la Scoubidou" et peuplés d'innombrables domestiques. La formule fonctionne bien et l'immensité supposée de Moulinsart colle aisément avec ce choix de game design. La prise en main de Tintin est souple, le jeune reporter est vif et agile. Sur ces plans exclusivement 2D, il passe d'un étage à l'autre en empruntant une trappe ou en s'accrochant à une plateforme. Le rouquin belge sait aussi se défendre et c'est un ou quatre coups de poings, selon la résistance des adversaires, qui seront nécessaires pour assommer ces derniers. Rapidement, Tintin ayant la possibilité ça et là de saisir et de lancer des objets (bouteille en verre, peau de bananes, dynamite...), on s'amusera à créer des réactions en chaine, les méchants étant toujours placés de manière à ce qu'une action en entraîne une autre et que tout ce petit monde se retrouve sonné de concert (ex. : un chandelier qui assommera deux ennemis en s'écroulant ou une peau de banane bien placée qui fera glisser un vilain jusque dans la tronche de son complice). On apprécie aussi de pouvoir incarner de temps à autre le brave Milou, qui se faufilera dans des passages étroits, fera fuir les rats en aboyant, récupérant les crabes d'or (il y en a quinze à trouver par niveau, pour obtenir des artworks, des bios des personnages). Bref, tout ça est sympathique, peut-être un peu long et répétitif, mais la mise en scène et le choix de gameplay colle bien avec une certaine idée que l'on peut se faire d'un château façon "maison des fous" de fête foraine. Voyons ce que les niveaux à venir nous réservent comme mise en scène.

Mille milliards de mille sabords ! Encore !?

L'arrivée sur le navire du Capitaine Haddock, désormais sous le commandement de ce fourbe d'Allan, marque le moment de la désillusion face au Secret de la Licorne. On s'ennuyait un peu à la fin de notre exploration de Moulinsart et on s'aperçoit que cette formule sur un plan 2D, avec trappes, portes magiques et sbires postés (à la manière d'un Prince of Persia classique diraient certains), constitue l'essentiel du gameplay du jeu ! Il nous sera resservi à toutes les sauces ! Marocaine dans le palais de Ben Salaad à Bagghar, bretonne dans les grottes de l'ancêtre de Haddock. Si à chaque fois, une petite nouveauté est présente (le perroquet qui permet de planer à Bagghar, la torche enflammée en Bretagne), on ne peut s'empêcher d'être déçu par ce manque de diversité. Ce qui est d'autant plus dommageable aujourd'hui, à l'heure où des concepts plus innovants et rigolos les uns que les autres sont proposés à petits prix en démat'. Là, il faudra payer le prix fort pour ce jeu, qui dans cette version PS3, fait la part belle au PS Move. Du coup, les phases intermédiaires entre les niveaux de plateforme sont pensées pour le cône magique de chez Sony (dog-fights, tir au lance-pierre lors d'une poursuite en moto, combat à l'épée avec François de Hadoque...) et s'il en résulte peut-être la plus convaincante manière d'utiliser le PS Move dans un jeu d'aventures aujourd'hui, le challenge reste, lui, bien triste. Ces phases sont ternes, aussi bien graphiquement qu'en terme de divertissement. Alors, on s'imagine aisément que, pensées pour les enfants, ces séquences pourraient convenir aux bambins. Mais dans ce cas-là, il ne faudra pas amener vos mioches au ciné avant de les faire jouer au jeu, ou alors la déception risque d'être très grande, tellement ce dernier ne lui fait pas honneur... On finira par évoquer un mode coop' avec Haddock, qui permettra aussi d'incarner les Dupond et Dupont, Tournesol, Milou et son double noir, afin de résoudre diverses énigmes à deux. Sans être incontournable, ce mode a le mérite d'exister et demeure divertissant, principalement grâce aux capacités de ces nouveaux persos. Une petite compensation quand on sait que l'aventure solo se boucle en quatre heures.

L'ambiance générale des Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne est plutôt réussie et ce même si le moteur graphique n'a rien d'époustouflant. Les dialogues nombreux, surtout entre Tintin et Haddock, sont bien interprétés, les musiques, celles du film, sont bonnes (on apprécie la petite mélodie parisienne des phases de jeu où l'on incarne Milou) et la mécanique de jeu est de prime abord sympathique... si elle se limitait seulement au premier niveau ! Du coup, l'aventure devient très vite répétitive, les scènes intermédiaires en hydravion ou en sidecar s'avèrent très moyennes, alors même qu'elles sont recyclées afin d'allonger la durée vie minuscule du mode solo (à peine plus de 4 heures !). S'il a le mérite d'exister, ce n'est pas le mode coop' qui gonflera conséquemment l'intérêt du titre. Si ce jeu est destiné à votre enfant, que celui-ci n'a pas encore vu le film au cinéma, comptez une étoile de plus. Si ce n'est pas le cas, ce Tintin est malheureusement assez décevant.