Les versions PS3 et Xbox 360 étant identiques, les tests le sont également.

Shanghai. Pas celui des cartes postales mais plutôt celui des bas-fonds, des impitoyables triades, du commerce de la came, des flingues et des êtres. Paumés au milieu de tout ça, comme deux bouts de fromage dans un saladier de riz cantonnais, deux hommes, qui heureusement pour eux, ont la gâchette facile. Un poil trop peut-être... Abattre la fille d'un ponte mafieux et politicard de la mégalopole chinoise, bien que par "erreur", n'était sûrement pas la meilleure des choses à faire... Voici donc la piteuse situation dans laquelle on retrouve les deux déglingos Kane et Lynch dans ce second épisode : traqués, trahis, condamnés et fautifs. Bref, va falloir dézinguer à tour de bras et si la diplomatie n'est pas le point fort des Dupont et Dupond du colt, ce dernier en main, ils réchauffent l'ambiance en refroidissant les indésirables.

Le passé de Toutoune et de "La Pince", c'est pas du cinéma

Pur condensé d'action, s'inspirant de films tels que Heat ou encore (peut-être) Les Anges Gardiens (rappelez-vous, Depardieu qui retourne tout Hong-Kong, non ?), Kane & Lynch 2, comme le premier opus, est un TPS (Third Person Shooter) et on peut dire qu'avec ce titre, l'appellation de ce genre prend tout son sens. En effet, si on s'aperçoit bien vite que toutes les schématiques de gameplay seront récurrentes tout au fil du jeu ("je me planque, je tire, j'avance, je me planque, je tire", etc.), la lassitude d'une telle répétition est grandement atténuée par une mise en scène ingénieuse et des plus immersives. La brillante idée des gars et des filles de chez Io Interactive est de faire de vous le troisième homme sur le terrain, aux côtés des maniaques Kane et Lynch. Entendons-nous bien, vous commandez Lynch, mais la mise en scène est conçue de telle sorte que votre point de vue est celui d'un caméraman dans le feu de l'action avec ces deux bourrins. Pour accentuer cette sensation, l'image est volontairement "plus sale", avec beaucoup de bruit, de grain, de pixels parfois, le genre de désagrément d'image que produirait une petite caméra amateur dans ce genre de situations. De plus, cette caméra s'emballe dès que Lynch se fait canarder ou trace vers une planque, rendant le tout ultra immersif, haletant et insufflant un sentiment de véracité à l'ensemble des fusillades nerveuses du titre.

C'est donc Lynch que vous incarnerez cette fois dans le mode Histoire et toujours dans les vecteurs d'immersion, l'attitude, la démarche mais surtout la truculente VF du personnage sont vraiment réussies. Seul petit bémol : les plus attentifs observeront que le duo s'improvise ventriloques, les insultes fusant durant les bastons, sans que nos protagonistes n'ouvrent la bouche. Kane, Lynch... et Tatayé. Derniers points concernant ce sentiment d'immersion très fort que l'on ressent dans Kane & Lynch 2 : Dog Days, le savoureux exotisme des décors chinois (resto, marché, ruelles, etc.), bien restitué. En même temps, c'est la moindre des choses, l'évolution dans ces environnements faisant tout de même un peu "visite de couloirs".

À deux, c'est mieux, à plusieurs, la fureur

L'un des atouts majeurs de Kane & Lynch 2 est bien entendu la possibilité de jouer en coopération et ceci directement avec un pote, une copine ou un singe savant assis sur votre canapé. Soit vous connectez deux consoles, soit votre écran est splitté horizontalement. Si vous préférez jouer tout nu mais que ceci déstabiliserait trop votre compagnon Bubbles, il est évidemment possible de mener l'aventure à deux via PSN ou XBLA. Des missions d'arcade, avec des objectifs clairs et précis sont également réalisables avec d'autres joueurs. Côté multi compétitif, les nombreuses vidéos et le premier volet ont su introduire le concept, repris de l'original : Fragile Alliance. Une bande de malfrats, tous des traîtres potentiels les uns vis-à-vis des autres, qui vont ramasser le maximum d'argent et tenter de s'enfuir avec. On peut choisir d'abattre ses partenaires pour leur piquer leurs sous et tenter de s'enfuir seul avec un plus gros pactole, mais au risque de devenir une cible facile pour tous les autres membres de l'équipe (qui peuvent tuer des traîtres sans en devenir eux-mêmes).

Le concept, décliné en plusieurs modes de jeux aux règles variées, fonctionne mieux encore que dans le premier. On comprend mieux ce qui se passe, les modes de jeux sont plus variés (je vous renvoie aux vidéos expliquant les modes Fragile Alliance, Undercover Cop, et Cops & Robbers qui illustre nos impressions en multi), et dans l'ensemble, les maps sont bien conçues. Reste que le multi souffre un peu de la balistique du solo ; on aurait apprécié un gameplay plus nerveux, rendant les traîtrises plus dangereuses, et les affrontements plus mortels. Mais ces modes atypiques transmettent une tension particulière et originale aux parties : le fait de savoir qu'un traître peut se déclarer à tout moment, ou que l'on peut soi-même avoir une occasion en or de trahir pour remporter la partie avec plus d'argent (et être avantagé au round suivant en achetant de meilleures armes), s'avère être une expérience tout à fait unique. Reste à espérer que la communauté ne fera pas n'importe quoi en passant plutôt son temps à se tuer dès le coup d'envoi...

Mais à deux, c'est mieux, car comme le disent les Beatles dans leur célèbre chanson dont le titre est celui de cette critique : But when I get home to you I find the things that you do / Will make me feel alright. Une strophe qui doit tourner en boucle dans la tête de Lynch, à entendre l'affection qu'il nourrit pour une certaine Xiu, avec qui il converse au téléphone durant les temps de chargements entre chaque premiers chapitres de la trame principale. Une trame qui en comporte une petite quinzaine, donnant ainsi environ quatre à cinq heures de jeu (le challenge étant parfois corsé), ce qui est certes très peu, mais la durée de vie est de toute manière rallongée par le mode Arcade et bien évidemment les parties multi en ligne.

Bien qu'assez linéaire dans son gameplay, Kane & Lynch 2 : Dog Days n'en offre pas moins de véritables scènes d'action mémorables, servies par une mise en scène nerveuse et immersive. Le titre possède en effet une véritable identité, crade et violente, absolument prenante. Io Interactive a donc su revoir sa copie avec brio, insufflant une véracité et une énergie nouvelle aux aventures du duo flingueur.