Six ans après le précédent épisode, Frontier Developments remet les dinosaures en liberté. Jurassic World Evolution 3 veut marquer une nouvelle étape pour la série, en reliant plusieurs parcs à travers le monde et en donnant une nouvelle vie à ses créatures. Les T-Rex rugissent, les tempêtes grondent, et les visiteurs affluent sous vos passerelles de verre. Plus ambitieux, plus modulable et visuellement splendide, le jeu combine la gestion classique de la saga à des outils de construction inspirés de Planet Zoo. Les enclos deviennent de véritables écosystèmes, les dinosaures se reproduisent naturellement, et chaque parc prend des allures uniques. La question se pose quand même, Jurassic World Evolution 3 est-il une vraie évolution ou simplement un perfectionnement d’une formule déjà bien rodée ?
Dès les premières minutes, Jurassic World Evolution 3 montre son ambition. Fini les parcs isolés du précédent volet, la campagne relie désormais plusieurs sites répartis sur la planète, chacun avec son climat, ses contraintes et ses réglementations. Ce changement structurel donne enfin l’impression de diriger une véritable organisation mondiale plutôt qu’une simple succession de scénarios indépendants.
Un monde à portée de main
Chaque région de Jurassic World Evolution 3 possède sa propre identité, des déserts balayés par les tempêtes aux jungles humides grouillant de vie. Ces environnements ne se contentent pas d’être jolis à regarder, ils influencent directement vos stratégies de construction et de gestion. Les infrastructures peuvent désormais partager leurs ressources, leurs recherches et leur réputation, créant un réseau global où chaque décision a des répercussions à long terme.
Ce nouveau format rend la progression bien plus fluide. Les premières missions servent d’introduction, puis le jeu se détache progressivement pour vous laisser gérer à votre rythme. Là où Evolution 2 multipliait les scripts et les objectifs imposés, ce troisième épisode respire davantage. Il vous laisse établir vos priorités, aménager vos zones comme bon vous semble et choisir votre style de direction, qu’il soit scientifique, sécuritaire ou purement lucratif.

Plus clair et donc plus efficace
En parallèle, Frontier a repensé plusieurs mécaniques de fond. Les équipes médicales et de maintenance peuvent désormais être automatisées, réduisant la microgestion fatigante des anciens opus. Les interventions sur les clôtures, les tempêtes ou les animaux malades ne demandent plus une attention constante, vos équipes apprennent à réagir seules, pendant que vous vous concentrez sur l’expansion du parc.
L’interface, longtemps critiquée, a aussi été retravaillée. Les menus gagnent en clarté, avec des raccourcis plus intuitifs et des informations mieux hiérarchisées. Il reste encore quelques lenteurs, mais la navigation entre les bâtiments est plus fluide. Même la création des circuits touristiques, souvent fastidieuse auparavant, profite d’une approche plus souple. Vous pouvez désormais relier en un clic plusieurs attractions, définir des zones d’intérêt et même planifier les itinéraires de vos balades, aériennes ou maritimes.
Les transports et les infrastructures s’intègrent d’ailleurs plus naturellement au décor. Les visiteurs peuvent embarquer dans des bus, des hélicoptères ou des ballons pour admirer vos créatures, tandis qu’un système d’hyperloop souterrain permet de fluidifier le trafic entre les différents pôles du parc. Ces ajustements de confort, discrets mais essentiels, donnent à Jurassic World Evolution 3 un rythme plus naturel et plus crédible, où la logistique devient un vrai plaisir à gérer. Et c’est justement parce que les bases sont plus solides que Frontier a pu se concentrer sur ce qui compte le plus, à savoir les dinosaures eux-mêmes.

Des dinosaures enfin vivants
Dans ce troisième opus, les créatures préhistoriques ne sont plus de simples figurants enfermés derrière des grillages. Elles évoluent, interagissent et se comportent comme de véritables animaux sociaux. Chaque espèce possède ses habitudes, ses préférences et même ses humeurs. Certaines vivent en groupe, d’autres préfèrent la solitude, et toutes réagissent différemment à leur environnement.
Leur intelligence artificielle a été largement revue, les herbivores forment désormais des troupeaux cohérents, les carnivores défendent leur territoire, et les jeunes apprennent à survivre auprès de leurs parents. Ce réalisme se retrouve jusque dans les détails : les prédateurs chassent en meute, les familles se reposent ensemble et les conflits hiérarchiques éclatent parfois dans les enclos. Le parc ne ressemble plus à une collection d’espèces, mais à un monde vivant, mouvant, où chaque créature trouve sa place.
C’est dans ce cadre que la grande nouveauté prend tout son sens : la reproduction naturelle. Les dinosaures peuvent désormais s’accoupler et donner naissance à des petits, visibles et animés dans le parc. Voir un couple de Parasaurolophus protéger son nid, ou un bébé Tricératops faire ses premiers pas sous les yeux des visiteurs apporte une émotion inédite à la série. Mais cette nouveauté ne se résume pas à un simple effet visuel, elle influence directement la gestion.

La vie trouve toujours un chemin
Les jeunes dinosaures ont leurs propres besoins, parfois différents de ceux des adultes. Ils réclament des zones calmes, des ressources spécifiques, et leur comportement peut bouleverser l’équilibre d’un enclos. De plus, la reproduction naturelle rend le contrôle génétique plus imprévisible. Sans intervention humaine, il est impossible de maîtriser les traits héréditaires, car certaines portées donneront des spécimens plus résistants, d’autres des individus plus fragiles ou agressifs.
Ce système introduit une part de risque, mais aussi de fascination. En observant plusieurs générations cohabiter, on a enfin l’impression de participer à une véritable expérience scientifique, pas seulement à une exposition. Jurassic World Evolution 3 transforme ainsi ses enclos en écosystèmes dynamiques, où la nature reprend parfois le dessus sur la volonté humaine
Ce nouvel équilibre entre gestion et observation rend chaque parc unique, mais Frontier ne s’est pas arrêté là. Pour donner encore plus de liberté aux joueurs, le studio a complètement revu les outils de construction et de personnalisation. Un énorme plus.
Construire le parc de ses rêves
Fini le temps où l’on alignait des bâtiments prédéfinis sur des carrés de terrain. Jurassic World Evolution 3 introduit un véritable système de construction modulaire, hérité des outils déjà éprouvés dans Planet Zoo et Planet Coaster. Chaque mur, toit, enseigne ou source lumineuse peut être placé et ajusté librement. On compose ainsi ses propres structures, qu’il s’agisse d’un centre d’accueil futuriste, d’un restaurant panoramique ou d’une galerie d’observation intégrée à la roche.
Ce degré de personnalisation change tout. Les parcs paraissent enfin organiques, façonnés par la main du joueur plutôt que copiés à partir d’un modèle. Et pour ceux qui préfèrent la simplicité, le jeu propose toujours des bâtiments tout prêts, mais qu’on peut ensuite retravailler pièce par pièce. Frontier a aussi intégré un atelier en ligne, où il est possible de partager ou de télécharger les créations d’autres joueurs, une excellente idée qui prolonge la durée de vie du jeu bien au-delà de la campagne.
La liberté s’étend également au terrain. Le terraforming atteint ici un niveau rarement vu dans un jeu de gestion. Collines, falaises, rivières et même cascades peuvent être modelées en quelques secondes, sans rupture visuelle. Il est même possible d’utiliser la nature comme élément de confinement, en sculptant des ravins ou des zones escarpées plutôt que de tout clôturer. Une solution élégante, à la fois réaliste et esthétique, qui renforce l’immersion.
Grâce à ces outils, les parcs gagnent une véritable identité visuelle. Certains joueurs miseront sur un style tropical luxuriant, d’autres sur une ambiance désertique ou futuriste. Dans tous les cas, la combinaison du terraforming, des modules architecturaux et de la gestion fine de l’éclairage permet de créer des lieux spectaculaires.
Et quand tout ce petit monde s’anime, quand les visiteurs admirent un troupeau de Brachiosaures ou que les véhicules d’excursion traversant une vallée brumeuse, Jurassic World Evolution 3 atteint ce que les deux précédents opus n’avaient jamais totalement réussi : faire ressentir la magie d’un vrai parc comme dans le film Jurassic World.
Et si la construction offre une liberté inédite, elle n’est rien sans le cœur battant du parc, comme ses visiteurs et le chaos qu’ils doivent affronter. Car dans Jurassic World Evolution 3, tout peut basculer à tout moment.

Entre émerveillement et panique
Faire prospérer un parc, c’est jongler en permanence entre spectacle et survie. Vos visiteurs viennent pour rêver, mais la moindre erreur peut transformer l’émerveillement en désastre. Une tempête, une panne électrique, une clôture endommagée… et soudain, les cris d’admiration laissent place à ceux de la panique.
C’est ici que le jeu révèle toute sa tension et Frontier a peaufiné la gestion des crises. Les tempêtes tropicales, les séismes ou les pannes d’alimentation ne sont plus de simples événements aléatoires, mais de véritables épreuves de sang-froid. Il faut mobiliser rapidement les équipes de secours, tranquilliser les dinosaures échappés et évacuer les zones à risque.
La bonne nouvelle, c’est que Jurassic World Evolution 3 permet désormais de tout superviser directement. Le joueur peut prendre le contrôle d’un hélicoptère, piloter un véhicule de sécurité ou même gérer les interventions depuis une vue tactique. Ce mélange entre stratégie globale et action immédiate renforce l’immersion et donne le sentiment de vraiment diriger le parc, jusque dans les moindres détails.
Mais malgré les automatismes introduits, tout ne se passe pas toujours comme prévu. L’intelligence artificielle des équipes reste perfectible, et certaines interventions nécessitent encore une supervision manuelle. De plus, les dinosaures eux-mêmes sont imprévisibles. Un prédateur stressé peut par exemple briser un enclos sans prévenir, provoquant une réaction en chaîne qui mettra vos nerfs à rude épreuve.
À cette gestion de crise s’ajoute la diplomatie interne. Trois factions, Conservation, Sécurité et Divertissement, vous soumettent régulièrement des contrats. Chacune défend une vision différente du parc et impose ses exigences, parfois contradictoires. Satisfaire tout le monde relève souvent du casse-tête, mais ce système ajoute une dimension politique bienvenue, qui influence directement la réputation et la direction de votre projet.
Ces mécaniques imbriquées donnent à Jurassic World Evolution 3 un vrai sentiment de vie et de tension permanente. On ne se contente plus de construire un joli zoo, on gère une entreprise. Mais une fois le calme revenu et la routine installée, on réalise à quel point Jurassic World Evolution 3 sait capter l’attention. Malgré ses mécaniques simples, le jeu possède ce pouvoir hypnotique propre à la série : on vient ajuster un enclos pour cinq minutes, et on se retrouve deux heures plus tard à surveiller la naissance d’un Stégosaure.

Une gestion prenante malgré ses limites
Le gameplay reste accessible, parfois même trop. Les mécaniques économiques ou scientifiques ne vont jamais très loin, et les problèmes de trésorerie sont rares, surtout dans les modes intermédiaires. Mais cette simplicité fait aussi partie de son charme. Jurassic World Evolution 3 n’est pas un simulateur ultra-réaliste, c’est un jeu de mise en scène, une expérience de gestion à la fois apaisante et spectaculaire, où chaque élément visuel sert à nourrir l’illusion d’un parc vivant.
Les systèmes s’enchaînent naturellement, les missions rapportent de nouveaux outils, la recherche débloque de nouvelles espèces, et les infrastructures évoluent au même rythme que votre ambition. Le sentiment de progression est constant, et même si le jeu n’évite pas certaines redondances, il sait comment maintenir la curiosité du joueur.
C’est surtout cette alternance entre contemplation et tension qui fonctionne si bien. On admire ses créations, on ajuste le décor, puis soudain tout s’écroule, un ouragan, une évasion, un prédateur incontrôlable. Ce cycle, répété mais maîtrisé, fait tout le sel de l’expérience. Frontier n’a pas réinventé sa formule, mais elle l’a affinée au point qu’il devient difficile de décrocher. Et si Jurassic World Evolution 3 captive autant, c’est aussi parce qu’il en met plein les yeux.

Une réalisation spectaculaire
Visuellement, le jeu atteint un niveau rarement vu dans le genre. Les environnements bénéficient d’une finesse remarquable, avec des effets de lumière et de météo qui transforment totalement l’atmosphère. Sous la pluie, les flaques reflètent les projecteurs du parc, les brumes matinales enveloppent les vallées, et les éclairs illuminent les silhouettes des dinosaures. Le ray tracing fait des merveilles sur PC, donnant un relief saisissant aux textures et aux reflets, même si quelques effets de pop-in viennent parfois gâcher la fête sur certaines configurations.
Les dinosaures, eux, n’ont jamais été aussi impressionnants. Leurs animations sont d’une fluidité exemplaire, leurs expressions plus crédibles, et leurs interactions, qu’il s’agisse d’une chasse ou d’une sieste au soleil, dégagent une vraie personnalité. On ressent presque la lourdeur de leurs mouvements ou la puissance d’un rugissement. C’est sans doute le meilleur travail d’animation jamais réalisé par Frontier.
L’interface sonore soutient admirablement cette immersion. Les cris résonnent dans les vallées, les visiteurs réagissent aux moindres incidents, et la bande-son, inspirée par les thèmes iconiques de John Williams, accompagne parfaitement les moments de tension comme d’émerveillement. L’ensemble dégage une chaleur et une cohérence rare, qui donne au parc une âme propre.
Techniquement, le moteur de jeu montre toutefois ses limites. La fluidité reste parfois instable sur une config moyenne, et les temps de chargement peuvent s’allonger sur les cartes les plus grandes. Rien de rédhibitoire, mais suffisamment présent pour rappeler que cette beauté a un prix. Frontier promet déjà des correctifs, et sur PC, l’expérience reste la plus fluide et la plus impressionnante.