“Fulguropoing!” “Astérohache !” “Hélicopunch”! “Cornofulgure”! Même sans jamais avoir vu de vos propres yeux un épisode à la télévision de Goldorak, ces expressions ne peuvent être inconnues. Elles sont devenues un classique de la pop culture, attachées à un personnage tout aussi iconique : Goldorak ! Un robot géant, capable de protéger la Terre d’envahisseurs plus encombrants les uns que les autres et qui se déplacent à bord d’une soucoupe maousse costaude elle aussi, le Spazer.

Goldorak, c’est quelqu’un. Et adapter ce bonhomme si populaire en France en jeu vidéo est un défi à la fois relevé, colossal et louable. Ce qui explique en grande partie notre note finale, qui tient compte à la fois du challenge à relever, tout comme du statut du jeu (on n’est pas sur un AAA non plus). D’ailleurs, ce n’est pas sur l’adaptation en elle-même du personnage connu dans le monde sous le nom d’UFO : Robo Grendizer que le bât blesse, bien au contraire. 

GOLDORAAAAAK, GO!

TEST FESTIN DES LOUPS

Bon, on vous passera les expressions et les coups célèbres de Goldorak : tout y est, vous l’aurez compris. En termes de modélisation, le robot géant est réussi, les phases de switch entre sa version en “soucoupe” et celle où l’on peut l’incarner de plain-pied sont réussies, car fidèle à l’anime. On retrouve Actarus plongeant dans les entrailles de Goldorak en changeant de tenue (le fameux MÉ-TA-MOR-PHOSE!), le “Goldorak Go !”, quand le Spazer quitte la cascade faisant office de porte d’entrée à la base et le ô combien célébrissime “Transfert”, quand le même Actarus change de position et prend place dans le mécha pour aller en découdre sur le terrain.

Niveau prise en main, c’est fluide. On assimile très vite les différents coups de Goldorak et les combos possibles à réaliser. Afin de casser une certaine monotonie (on y reviendra) et relever le challenge offert, certains ennemis demandent une combinaison de coups bien précise pour briser leur “armor” et ainsi les passer à tabac. Bonne idée, comme celle d’alterner un peu le rythme de l’action avec des phases en vaisseau en scrolling vertical et même des phases dites d’exploration, avec des PNJ à aller questionner. Les discussions se font sous la forme de bulles, avec des visages changeants en fonction des propos tenus et le tout est évidemment renforcé par une VF de très grande qualité (hormis 2-3 personnages, notamment sur la fin, qui n’ont pas la voix de leur physique, bizarre) et les OST originaux.

ASTÉRO…. FACHÉ!

FESTIN DES LOUPS

Bref, dit comme ça, Goldorak, le Festin des Loups part sur des bases on ne peut plus solides. Sauf que ce n’est pas du tout le cas. D’abord parce que graphiquement, le jeu est à la ramasse. Ce que nos yeux captent est terriblement daté, d’un autre âge que la PS2 n’aurait certainement pas renié, en restant poli. Le monde parcouru - un semi open-world - est on ne peut plus vide et le rapport à l’échelle entre Goldorak et son environnement est raté. On ne brise pas de maisons en marchant dessus, on les traverse. Et on ne traverse pas tout, ce qui est un choix là aussi assez curieux ou un souci de calcul plutôt alarmant de la part du moteur employé. 

Certains éléments de décor sont aussi grands que notre golgoth de métal, d’autres non. Et en matière d’immersion, vu que chaque interaction est truffée de temps de chargement, on aurait aimé avoir une séquence avec un level-design plus assumé. Par exemple, pourquoi ne pas agrandir un véhicule de pompiers, tout en rendant Goldorak plus grand dans une autre séquence ? Évidemment que cela coûte du temps et de l’argent et que la mission aurait été beaucoup plus ardue pour les équipes d’Endroad, en charge du développement du Festin des Loups. Pour se rendre compte de la taille XXL de Goldorak, il aurait fallu que les éléments autour de lui, au sol comme en perspective, bénéficient de plus de détails et de hauteur, ce qui n’est absolument pas le cas. Et c’est fort dommage.

Alcor ou les emplois fictifs

TEST Goldorak

Ce qui l’est encore plus, c’est le manque de diversité des ennemis. On affronte souvent des variantes du même type de base et si l’idée d’une succession de coups bien précis est bien pensée, elle masque à peine le fait que ces derniers sont juste des gros sacs à PV. Forcément, à la longue, et si on s’éclate à balancer du fulguropoing et de l’astérohache, on s’ennuie vite. Parce qu’on fait toujours la même chose. Franchement, au bout de deux heures, on a eu le sentiment d’avoir déjà fait le tour du Festin des Loups. Et comme il faut compter six à sept heures pour le boucler, cela vous donne une idée du panorama. 

La présence d’Alcor et de son vaisseau, l’OVT (là aussi, avec un rendu à l’échelle ridicule) aurait pu aider à faire passer la pilule, mais ce dernier ne sert à rien. Hormis les missions où on l’incarne - et ces dernières se résument aux fameux scrollings verticaux cités plus haut - l’intéressé n’agit pas et se contente d’accompagner Actarus en balançant quelques phrases ici et là. Ce n’est évidemment pas le premier et le dernier jeu avec une présence d’IA totalement passive. M’enfin bon, hein. On souffle.

Des missions sans intérêt, de l’exploration sans passion

TEST Goldorak

Les missions proposées auraient pu faire passer tout ça. Malheureusement, non. Pour deux raisons : elles sont répétitives, elles aussi et trop longues pour ce qu’elles sont. Elles constituent en majorité à aller chercher quelque chose (des composants pour un bâtiment ou un bateau par exemple), défendre un lieu ou encore escorter un véhicule. Et dans le dernier cas de figure, le niveau de forcing est à son max : Goldorak doit par exemple accompagner un camion de pompiers vers un incendie à éteindre. Sauf que l’incendie est littéralement un peu au-dessus du robot géant…  et que l’on doit longer et remonter toute la côte pour y accéder, simplement pour avoir à détruire 2 ou 3 vagues d’ennemis en chemin.

Heureusement les combats de boss sont dans l’ensemble tous très chouettes, avec une cinématique pour les annoncer, une autre pour montrer leur chute et entre temps, des patterns certes peu complexes à comprendre, mais qui dynamisent quand même l’ensemble. Mais globalement, Goldorak, le Festin des Loups rate le coche. Les phases d’exploration avec Actarus - les plus jolies visuellement finalement - sont les plus pénibles, avec un intérêt frôlant le zéro absolu. On va voir un personnage, puis un autre, puis encore un autre et on se retrouve à se promener aux quatre coins du lieu où l’on se trouve, juste pour faire avancer l’histoire. On a vu et connu mieux.

Quant à l’arbre de compétences, il se développe grâce aux matériaux que l’on obtient en cours de missions et non pas avec un niveau d’XP. Du coup, on démarre avec toutes les armes de Goldorak, que l’on rend juste plus puissantes au fur et à mesure de l’histoire. Il y a bien un peu de personnalisation, notamment aux couleurs du mécha que l’on peut débloquer, mais là aussi la proposition est trop chiche pour provoquer un vrai effet waouh. En définitive ? Un bon jeu Goldorak Go en termes d’hommage. Un bon fulguroflop en termes de jeu vidéo.

TEST Goldorak