La désignation "ressources humaines" illustre déjà le traitement résolument rationnel des individus au sein de l'entreprise, mais l'ajout du mot "Machine" dans le titre aurait pu laisser penser que Tomorrow Corporation voulait en souligner le caractère déshumanisant. D'autant que ce puzzle game consiste à incarner un employé tout au long de sa carrière professionnelle, faite de tâches répétitives et sans autre gratification que celle du travail accompli, un aspect banal du business caricaturé avec ironie. En fait il n'en est rien, puisqu'à l'instar de World of Goo et de Little Inferno où la matière algorithmique avait inspiré le petit studio indépendant, Human Resource Machine trouve simplement son origine dans la programmation. Il s'agit en effet de gérer le flux de données suivant les directives, par exemple "ne transmettre que les zéros". Des commandes supplémentaires font régulièrement leur apparition, complexifiant ainsi les tâches, au point de vite les transformer en véritables casse-tête. L'interface se veut fort heureusement plus sympathique qu'un logiciel de codage au niveau visuel et ergonomique, cependant on reste loin du gameplay très ludique des précédentes oeuvres de notre fine équipe. Et l'usage de termes calqués sur le langage de programmation renforce l'impression de jouer avec une sorte d'utilitaire déguisé, surtout en phase de débogage. Or c'est justement l'objectif de cette démarche, dixit Kyle Gabler : "faire découvrir la joie de programmer, et ce sentiment d'être la personne la plus intelligente au monde quand on solutionne un problème de manière créative" ou qu'on optimise les instructions (un effort récompensé ici). En cela, Human Resource Machine s'avère une réussite, car il constitue non seulement un solide jeu de réflexion, mais aussi une excellente initiation à la programmation.