L'histoire de Weeping Doll est assez sordide. Il était une fois une famille japonaise qui avait tout pour être heureuse, avec ses deux petites filles adorables et sa belle demeure. Une des deux fillettes n'est pourtant pas très bien traitée, car la tâche de naissance qui défigure son doux minois a le don d'irriter Papa et Maman... Plusieurs années passent et, tandis qu'une des fillettes vie une vie de princesse, l'autre souffre atrocement... Quelques années plus tard, la maison semble abandonnée. Que s'est-il passé ? C'est que ce va tenter de comprendre notre protagoniste, visiblement la femme de chambre de la maisonnée, qui revient dans la demeure sanglante...

Poupée de cire, poupée de sang

Le scénario est alléchant, il faut le reconnaître. Une maison à l'ambiance mystérieuse où les feux de cheminées offrent des couleurs chatoyantes, une histoire de famille dramatique, et enfin ces poupées... En effet, un peu partout dans la maison, vous trouverez des poupées, nues et désarticulées, arborant des visages impassibles, les orbites vides... Il y a également cette petite fille qui vous observe et dont la présence n'est pas faite pour vous rassurer.

Nous voici donc lancés dans cette demeure inquiétante à la recherche d'indices racontant des bribes d'une vie appartenant au passé. Chercher une clef pour ouvrir une porte close, assembler des objets, trouver une combinaison pour sortir d'une pièce dans laquelle vous serez malencontreusement enfermé, bref : les codes du bon jeu d'horreur sont tous là et l'atmosphère est propice à quelques frissons de bonne qualité. Une ou deux petites énigmes "à la Resident Evil" sont d'ailleurs de la partie et ajoutent un vrai charme à l'ambiance du titre. On pourra leur reprocher d'être un peu trop faciles à comprendre, mais de mon point de vue cela reste efficace. Les commentaires de la protagoniste aident d'ailleurs à préciser cette atmosphère délicieuse, qui s'intensifie peu à peu tandis que les morceaux se mettent doucement en place.

Tout cela fonctionne assez bien et, si le Shadow Step peut paraître un peu problématique au début (sans compter que la distance de chaque téléportation est assez limitée), il a le mérite de se prendre rapidement en main et permet au moins de ne pas ressentir de vilains maux de coeur, problème qui peut gâcher la plus efficace des expériences (on pense notamment à Here They Lie). Le reste des contrôles est aisé à maîtriser : L2 et R2 (respectivement la main gauche et la main droite) permettent d'interagir avec les éléments (portes, tiroirs...), mais aussi d'attraper des objets clefs. Notez que les deux gâchettes maintenues simultanément permettent d'assembler des éléments.

Un gout d'inachevé

Le scénario est intéressant, l'aspect macabre est bien là et l'atmosphère pesante, comme on l'aime. Alors qu'est-ce qui ne va pas ? Eh bien plusieurs détails qui gâchent quelque peu l'expérience. D'une part, si vous n'êtes pas familier avec la langue de Sheakspeare, vous ne comprendrez rien à l'histoire, car le jeu n'est pas disponible en français et ne propose pas de sous-titres. Et puis bonjour les voix... Ensuite, si les décors offrent un cadre propre au global, certaines textures sont baveuses à souhait et les trois quarts des éléments sont flous... Autre point négatif : quelques scènes de vie viendront ponctuer l'enquête selon vos interactions, et si cette idée est évidemment intéressante sur le papier, il n'en est rien au demeurant. En effet, ces flashbacks sont relatés sous la forme de projections de dessins sur des écrans apparaissant devant le personnage. Dommage, vraiment, car l'immersion n'en aurait été que meilleure, surtout en réalité virtuelle ! On doit donc se contenter de regarder ces peintures en noir et blanc en écoutant des dialogues aux voix franchement douteuses (j'insiste).

Là où ça pêche aussi, c'est du côté de la durée de vie. Et pour cause : comptez environ 40 minutes pour terminer le jeu ! Oui, je ne vous le cache pas, c'est est un tantinet radin. On aurait aimé plus de temps pour que l'histoire se raconte mieux, une maison plus grande, plus d'énigmes, plus d'intrigue... Bref, plus. Enfin, le dénouement final vous laissera sans nul doute sur votre faim avec cette sensation désagréable d'inachevé. Je précise d'ailleurs que je me suis retrouvée à la fin de l'aventure avec plusieurs objets en main... inutilisables. Une clef qui n'ouvre aucune porte entre autres. J'ai bien retourné la maison dans tous les sens, mais en vain.

Bref, les bonnes idées sont là, mais elles ne s'épanouissent pas vraiment dans ce titre qui faisait pourtant une jolie promesse à ceux qui avaient apprécié Gone Home ou encore Layers of Fear. Dommage.