Un titre incompréhensible, du visual novel et un design 8-Bits ultra charmeur et japonisant, une bande son à la carte ainsi qu'un zeste d'alcool et d'ivresse. Il n'en fallait pas plus pour que votre serviteur tombe amoureux de VA-11 HALL-A, ce jeu si particulier, et ce, dès le premier contact visuel. Ce phénomène, ça s'appelle un coup de foudre.

Et si les débuts sont magnifiques, passionnés et passionnels, et que les premiers moments sont tous aussi intrigants que prenants, restait encore à voir si cette histoire naissante tiendrait sur la durée... Surtout qu'on a attendu de longs mois avant d'y jouer, et comme "de" par hasard, au moment de sa ressortie sur les deux machines du moment...

Pilier de comptoir

On doit VA-11 HALL-A à un petit studio... Vénézuélien, Subekan Games, constitué d'une toute petite équipe, qui compte moins de 10 artistes et codeurs. Mais c'est pourtant un design très japonisant/manga qui à été choisi par ces orfèvres sud américains, avec des références poussées. Pour autant, le jeu pourrait très bien se dérouler dans n'importe quelle mégalopole de ce monde du futur, le mode de vie occidental étant tout de même majoritairement représenté. En tous cas, les dessins sont très beaux, et on se surprend à éprouver le même genre d'émerveillement qu'étant gamin sur des jeux comme Shufflepuck Cafe, pour rester dans le thème. Prenant place dans un univers dystopique aux préoccupations pas si éloignées des nôtres, dans Va-11 Hall-A, on enchaîne les clients, qui nous parlent de leur vie, du monde dans lequel ils évoluent, et nous en offrent une bien cynique description, à nous, pauvre barmaid qui ne voit pas plus loin que le bout de son comptoir, et on s'imagine les choses, les dessins défilent dans notre tête, un peu comme si on lisait un bon bouquin.

En effet, un truc dans lequel Va-11 Hall-A est bon, c'est pour nous raconter des histoires, et celles de nos clients sont bien souvent croustillantes : parfois frivoles, ou plus graves et existentielles, certaines auraient leur place dans un Tarantino. De l'amour, de l'amitié, des deux mélangés, des histoires tout autant héroïques que touchantes, ou des choses plus sérieuses sur le monde et ce qui s'y passe. C'est drôle, piqué au vif, parfois triste. De la vraie philosophie de comptoir, en somme. Et même si certains thèmes ne sont pas développés et poussés jusqu'à leur résolution, on prend clairement un gros pied. Le premier client qui prend place à notre comptoir nous met directement dans le ton avec un patron/rédacteur en chef désabusé d'un canard du net, adepte du click'bait et du sensationnel. On croisera aussi des Idols incognito, des membres de forces de l'ordre, des tombeurs, une streameuse qui diffuse toute sa vie - moments chauds réservés aux premiums - mais aussi de réguliers fidèles et bien d'autres. Les autres membres du staff font eux aussi partie intégrante de l'aventure, et on prend un réel plaisir à voir leurs destins s'entremêler, parfois de façon surprenante et émouvante.

Celle-là est offerte par la maison

Dans Va-11 Hall-A, il faut servir le bon verre pour avoir du tips et pour pousser nos clients à se livrer. On prend plaisir à chercher la bonne combinaison. Parfois, c'est évident, cela pourra aussi demander de la mémoire, un souvenir d'une vieille conversation, ou un peu de jugeote. Ou alors une bonne vieille soluce des familles, notamment pour convoquer quelques clients secrets qui viennent faire un featuring depuis un autre jeu : 2064 Read Only Memories.

Question crossover, on notera aussi quelques petits easters eggs, comme la présence d'un titre de la BO de The Silver Case. Pour réaliser les cocktails, on à droit à une phase de gameplay où il faut mixer les bons ingrédients à l'aide d'un dictionnaire des boissons, dans les bonnes proportions si on nous demande un gros verre, et mélanger le tout, avec de la glace ou pas. Sur VITA, on avait accès à des contrôles tactiles, et sur Switch, le jeu devrait même proposer des contrôles gyroscopiques, mais non testés par nos soins. Les musiques de VA-11 Hall-A sont très stylées, on retrouve pas mal d'inspirations différentes, allant du rock à l'electro planant, en passant par la new wave ou des sons dignes d'un space opera, ou d'un bon vieux Shmup des familles, au choix, et le tout avec des sonorités rétro bien évidemment. Et le meilleur dans tout ça, c'est que 90% du temps, c'est nous qui contrôlons la playlist du bar.

Business is business

Aussi, dans VA-11 Hall-A, il ne faudra pas s'occuper que de ses clients, mais aussi faire en sorte que Jill, notre héroïne, ne soit pas distraite dans son boulot, en faisant bien attention à son budget pour payer ses factures et son lot de merdes consuméristes, comme une vielle console de jeu avec cartouche de Shmup incluse et jouable. De plus, une sombre histoire de fermeture du bar plane dans les environs dès le début de l'aventure. Autant faire tout son possible pour empêcher cela, en gagnant un max d'argent. Tous les cocktails ne sont pas au même prix ! Quelques mini-jeux sont aussi de la partie, et assez régulièrement, sur le petit mois que vous allez vivre derrière le bar - un peu moins de 10 heures pour moi - la routine est cassée et le jeu nous surprend. Clairement, VA-11 HALL-A nous à enchanté du début à la fin. Mais il convient néanmoins de souligner quelques écueils significatifs. Il n'y a pas d'avance automatique du texte, et aucune voix, que du texte, en anglais seulement. Il faudra donc aimer lire, un pré-requis essentiel à ce genre si particulier qu'est le roman visuel. Enfin pour terminer, notons qu'il est possible de faire laquer le jeu en spammant la fonction qui fait apparaître des commentaires...

VA-11 Hall-A est une petite pépite, mûrement travaillée, et on à hâte de jouer à sa suite : N1-RV Ann-A ! Eh oui...