Cela fait maintenant des décennies que l’on attend de voir un ou plusieurs studios se risquer à s’essayer de nouveau à ce mythe de la pop culture que sont les Tortues Ninja. Dotemu et Tribute Games ont eu le courage (pour ne pas dire autre chose) de s'y atteler et on les remercie déjà d'avoir sorti TMNT Shredder's Revenge. On (re)plonge très vite dans cet univers avec le duo de choc Bebop et Rocksteady qui assaillent les locaux de la chaîne TV Channel 6 pour aider à la reconstruction du cerveau Krang tout en saccageant la statue de la Liberté et les rues de New-york de concert avec le Clan des Foot. Les sbires ninjas du toujours très vilain Shredder. Et c’est à notre fratrie de tortues génétiquement modifiées qu’incombe la responsabilité de lutter contre cette bande de malfrats. 

Teenage Mutant Ninja Turtles: Shredder's Revenge est un beat’em’all au sens le plus noble du terme et ne s'embarrasse pas d’un scénario alambiqué ou qui tire en longueur. Et c’est tant mieux, car ce n’est pas ce que l’on demande à la franchise. En revanche sur ce point, les équipes auraient pu aller beaucoup plus loin d’autant que les premières minutes sont très prometteuses. En guise d’ouverture, une introduction digne de la série animée de 1987 superbement exécutée avec le thème principal iconique… mais en anglais. C’est absolument génial même si nous aurions rêvé d’avoir la musique en version française. Les quelques cinématiques non doublées rendent le tout un peu tristounet alors qu’il était justement possible de développer cela avec le talent des deux studios.

Test TMNT Shredder's Revenge

TMNT Shredder's Revenge : une pizza de Proust 

Malgré cette petite déception de narration / réalisation trop sage, quand bien même ce n’est pas l’objectif principal, la formule Teenage Mutant Ninja Turtles: Shredder’s Revenge fonctionne admirablement bien. On ressent l’amour des développeurs pour cette licence culte et leur amour du pixel art. Certes, le jeu fait dans le vieux, mais à la sauce 2022 en tirant parti des avancées technologiques. Dotemu et Tribute Games subliment littéralement le design emblématique des Tortues Ninja des années 80/90 avec, notamment, des animations délicieuses. Surtout lorsque nos héros se moquent de leurs adversaires. Toute occasion est bonne pour mettre également en scène le Clan des Foot (certains jouent à une borne d’arcade, se prennent pour des secrétaires…) et rendre encore plus vivants les nombreux décors du titre.

Avis TMNT Shredder's Revenge

Finalement, et c’est assez paradoxal avec ce que nous disons plus haut, mais la non prise de risque permet aussi au soft de briller. Pour faire un parallèle, les équipes ne sont pas tombées dans le piège de Dragon Ball Z Kakarot qui modifie des choses au point de dénaturer l'œuvre. Non, ici, il y a un véritable respect qui, forcément, est touchant pour tout trentenaire dont nous faisons partie. Les clins d'œil se multiplient et on prend énormément de plaisir à retrouver cette galerie de personnages qui a bercé notre enfance. Que ce soit nos tortues favorites et leurs alliés, le Clan des Foot jusqu’aux différents boss qui ponctuent les 16 niveaux du mode Histoire. Les souvenirs remontent à la surface et feront peut-être verser une larme aux plus sensibles.

Un beat’em’all qui tabasse ? 

À l’inverse d’un Streets of Rage 4, TMNT Shredder’s Revenge se veut moins technique. C’est plus accessible, simpliste et il faut faire davantage attention à gérer les vagues qu’à éviter de recevoir de sérieux dégâts. Il n’y a pas non plus de notion de bénéfice/risque liée à une attaque spéciale. Néanmoins, on peut perdre de la vie en encourageant un collègue via un High-five, ce qui aura pour effet de lui redonner un peu de santé au détriment de la notre. On est vraiment dans la continuité de l’épisode SNES Turtles in Time, au point où ça pourrait être une suite, mais en plus évolué. On a ainsi une attaque classique qui peut être également chargée, un salto qui sert à la fois d’esquive et de coup (lorsque combiné à une attaque normale), un dash, un double saut ou encore une super attaque. Cette dernière ne se déclenche qu’en remplissant au moins une barre de la jauge de ninja. Une fois vide, celle-ci peut être rechargée en réalisant une provocation qui diffère pour chaque personnage jouable (Splinter médite, Michelangelo joue à la console).

Et même si on fait le tour du gameplay très rapidement en solo, le mode Histoire permet d’accroître la gamme de mouvements ou d’obtenir des bonus de santé voire de vie. Pour cela, il suffit de taper des ennemis à la chaîne, de trouver des points planqués dans l’environnement ou d’effectuer des missions annexes qui consistent à récolter des collectibles (cassettes VHS, journaux secrets…). Ça fait monter le niveau de puissance (10 au total) de chaque héros, sachant que certaines techniques ne peuvent être accomplies qu'à un niveau très avancé.

Test TMNT: Shredder's Revenge

Et évidemment, aucun des personnages ne se ressemble. Chacun sera plus ou moins à l’aise sur le côté offensif ou défensif. April et Michelangelo sont rapides. Le bâton de Donatello lui octroie une portée plus grande. Splinter est plus puissant et ainsi de suite. En tout, les quatre tortues sont jouables avec en plus April, Splinter et Casey Jones. De quoi relancer différentes parties afin d'augmenter la durée de vie de TMNT Shredder's Revenge et de son mode Histoire. Un mode qui manque peut-être de challenge (en normal), à l'exception du boss final, tout le contraire du mode Arcade. Dans celui-ci, pas de progression sauvegardée, les vies et crédits sont limités. À niveau de difficulté égal entre les deux modes, l'Arcade est nettement moins permissif. En cas d'erreurs trop répétées, on peut toujours se remonter le moral et survivre plus longtemps en dégustant des pizzas entières dans les différents stages pour récupérer de la santé, effectuer une attaque tournoyante instoppable ou réaliser autant de supers attaques que l'on souhaite dans un temps limité.

Et à plusieurs, c'est fun aussi ?

Dans un mode comme dans l'autre, les combats sont très satisfaisants et c'est encore plus jubilatoire en multijoueur, puisqu'on peut débloquer de nouvelles attaques à plusieurs en étant par exemple de part et d'autre d'un ennemi. Jusqu'à six joueurs peuvent se rejoindre via un système de drop-in / drop-out qui n'exige pas de recommencer un niveau. Clairement pratique si l'on veut juste s'amuser sur le pouce sans chercher à faire les niveaux dans l'ordre. Toutefois, le multi possède un gros défaut : la lisibilité. Déjà à trois, les soucis sont là, alors à six, on vous laisse imaginer. C'est le bazar très honnêtement, et pourtant, c'est ce qui va aussi faire le charme de Teenage Mutant Ninja Turtles: Shreeder's Revenge... sous réserve d'avoir de bons partenaires. Car pour arriver par exemple à terminer le mode Arcade en multijoueur sans y laisser des plumes, il faudra se soutenir les uns sur les autres et veiller à relever un coéquipier à terre. Sachant que la fenêtre de réanimation ne dure que quelques secondes.

Verdict TMNT Shredder's Revenge

Si on joue par exemple à trois, et que deux joueurs perdent toutes leurs vies, c'est game over pour eux et le dernier debout se retrouvera seul. Pas cool pour lui mais c'est le jeu ! Enfin un dernier mot sur les musiques. Si celles de Streets of Rage 4, une autre production Dotemu, pouvaient être décevantes (par rapport à la trilogie), la bande-son de TMNT: Shreeder's Revenge est clairement excellente.