Être fan de Star Wars et de jeu vidéo, ce n'est pas une sinécure. Nombreux sont les titres à avoir déçu. Et de plus, les propositions se sont raréfiées ces dernières années. Sur PS4 et Xbox One, pour l'instant, nous n'avons eu que les Battlefront de DICE à nous mettre sous la dent. Mais après un jeu au solo de 30 minutes, et un autre qui a ouvert la lootbox de Pandore, voici peut-être venir une éclaircie.

Star Wars : Jedi Fallen Order sera-t-il le meilleur jeu solo estampillé Star Wars depuis... Le Pouvoir de la Force II ? Sera-t-il l'élu ? Celui qui apportera l'équilibre à la huitième génération de consoles ? Parviendra-t-il à nous faire oublier le regretté 1313 ? Le défi est de taille, et aux commandes, on retrouve le studio Respawn, à qui l'on doit Titanfall, mais aussi la création de la série Call of Duty alors que la majorité de ses employés travaillaient alors chez Infinity Ward. Un gage de qualité ? La réponse tout de suite.

Star Wars Cinematic Universe

Comme Le pouvoir de la Force, Jedi Fallen Order prend place plusieurs années après la purge Jedi. Là ou le beat'em all de LucasArts proposait un scénario assez original et bien ancré dans la saga, et se proposait même de nous offrir une fin - et même une suite - alternative, Jedi Fallen Order restera un peu plus dans le rang mais pas sans quelques qualités évidemment. Tout commence sur Bracca, ou Cal, un ancien Padawan qui tire ses traits de l'acteur Cameron Monaghan (dont vous avez peut-être déjà observé les talents d'acteur dans le rôle du Joker dans la série Ghotham), se cache dans la peau d'un ferrailleur venu désosser les nombreux destroyers clones de la république cloués au sol qui témoignent de la violence des conflits passés. Cal se cache, et a perdu une bonne partie de ses pouvoirs suite au traumatisme causé par l'ordre 66. Les restes de ses enseignements, il va les utiliser pour sauver un de ses camarades de chantier, ce qui va mettre sur sa piste la deuxième Inquisitrice, une redoutable guerrière du côté obscur de la Force dont le design semble tout droit pompé sur les croquis préparatoires abandonnés de Kylo Ren. La fuite sera alors obligatoire, mais non sans un nouvel objectif : reformer l'ordre Jedi, excusez du peu, le tout en enquêtant sur une ancienne civilisation mystérieusement disparue il y a déjà longtemps, bien longtemps... Cette nouvelle aventure sera l'occasion de se prendre pour un Indiana Jones de l'espace, de croiser quelques têtes de Rogue One, qui a dû sortir au moment où le design du jeu a été décidé tant on y trouve de l'inspiration, mais aussi Cere (Debra Wilson), une ancienne Jedi, et BD-1, un petit droïde bipède sacrément mignon et terriblement intrépide, aux allures de ROB, le robot de la NES.

L'aventure que nous fait vivre notre petite troupe se révèle riche en rebondissements, avec quelques passages bien spectaculaires grâce à des scripts très efficaces, et d'autres très épiques qui s'affranchissent du gameplay du jeu, mais à un rythme plutôt lent, au final, qui fait la part belle à quelques intrigues secondaires, et donc via un enchaînement qui colle plus à celui d'une série que d'un film. La mise en scène est parfois bien nanardesque, et certains dialogues entre les protagonistes semblent assez surréalistes pour l'univers Star Wars. Néanmoins, on ne boude pas notre plaisir de voir évoluer notre licence chérie une nouvelle fois, avec une histoire inédite qui use de pas mal de poncifs habituels. La version française est plutôt de bonne qualité, avec des doublages convaincants, mais les musiques ne sont pas parmi les plus réussies de la saga, et le design global du jeu pourra en laisser pantois plus d'un, avec son style très Disney, un peu cartoon, où les différents protagonistes semblent sortis d'une série d'animation, avec des expressions faciales parfois vides hors cinématiques et des caractéristiques parfois à la limite de la caricature. Jedi Fallen Order n'est donc pas la meilleure aventure Star Wars jamais vue, mais elle se défend tout de même plutôt pas mal.

United colors of Bespin-ton

Question gameplay, Jedi Fallen Order a de bonnes bases, malgré une répartition des commandes assez bizarre au premier abord, et va proposer pas mal de composantes issues d'influences diverses et variées, histoire de contenter tout le monde, du joueur du dimanche au hardcore gamer qui n'est pas là pour rigoler, lui. Déjà, au niveau des déplacements et de l'exploration, et même du concept de base du jeu, on va être sur une formule à la Tomb Raider, avec de grandes zones à enchaîner en réalisant des acrobaties toutes plus dangereuses les unes que les autres après avoir résolu une énigme et déplacé un pilier ou tout autre morceau de temple ancestral avec les pouvoirs de la Force. Le tout permettra de récupérer de nouveaux équipements et pouvoirs pour notre héros, qui lui ouvriront de nouvelles portes dans les niveaux comme dans un bon vieux Metroid, et sera bien évidemment entrecoupé de combats au sabre laser. Plusieurs modes de difficulté sont disponibles, et vont jouer les fenêtres de parade, les dégâts reçus et l'agressivité des ennemis. Oubliez les phases de quasi-Musô proposées par le Pouvoir de la Force, ici les ennemis sont en bien plus petits groupes, mais plus tenaces et dangereux, Cal n'ayant clairement pas la même puissance que l'apprenti de Vador, avec seulement quelques pouvoirs basiques : pousser, tirer, renvoyer les tirs de blaster, ralentir et lancer son sabre.

Et comme vous pourrez le constater, en plus des ficelles Uncharted/Tomb Raider et Metroid/Castlevania, une nouvelle surcouche de gameplay vient s'ajouter et s'apparente cette fois-ci à du... Sekiro : Shadows Die Twice ! Si les combats paraissent plus lents que ceux du Loup à un bras, ils sont basés sur l'esquive et la parade, avec une jauge de garde, et la plupart des ennemis, très coriaces, peuvent vous donner du fil à retordre, même en petits bandes. Mais ce n'est pas tout, d'autres mécaniques fortement inspirées des productions From Software sont de la partie. Comme ces règles d'exploration qui obéissent à celles du feu de camp : les soins s'avèrent limités, et ne rechargent que lorsqu'on entre en méditation. Mais alors, les ennemis réapparaissent. C'est aussi ici que l'on pourra apprendre quelques compétences, avec un arbre plutôt basique, qui ne suffit pas à faire du jeu un RPG. Malgré tout, si on meurt, on repartira au dernier "feu", avec la perte de l'expérience nécessaire à l'acquisition du dernier point de compétence. Pour le récupérer, il faudra aller le rechercher, sans mourir à nouveau. On pourra aussi déverrouiller de multiples raccourcis sur la carte, toute en verticalité, avec ses pièges qui rôdent ici et là, et se farcir de dangereux boss optionnels. Si Jedi Fallen Order se montre bien évidemment plus facile que Sekiro en mode normal, en difficile, c'est une autre histoire. Et pour contenter tout le monde, un mode Histoire est de la partie, qui rendra le joueur presque invincible, les ennemis demeurant un minimum tenaces. Clairement, voilà de quoi faire plaisir à une certaine frange de joueurs avides de challenges, tout en initiant les autres.

Certifié sans lootbox

Pour mettre en scène toutes ces ficelles de gameplay, les gars de chez Respawn ont créé un monde constitué de plusieurs planètes (six en tout), avec un bestiaire varié et des boss plutôt impressionnants. On les visitera deux fois pour certaines. Elles se composent de zones de tailles variables, avec de multiples connexions entre les différentes pièces, et presque toujours une petite action à effectuer avant de passer à l'étape suivante et la résolution de l'énigme principale. Les mondes sont assez vastes, et proposent pas mal de verticalité, ainsi que de l'exploration à revendre. Les "temples" sont assez plaisants à parcourir même si on ne reste jamais coincé bien longtemps par une énigme. En l'absence de boussole, pour nous aider, une "holocarte" très pratique aide à l'orientation et nous empêche de nous perdre. Les missions se voient entrecoupées de courts passages dans le Mantis, sorte de pendant miniature du Normandy de Mass Effect, avec quelques échanges à la clef. Si Jedi Fallen Order se montre au final très linéaire et sans composante RPG, on le parcourt véritablement avec plaisir du début à la fin, ce qui vous prendra entre 20 et 30 heures selon la difficulté et votre propension à fouiner dans les moindres recoins, et ce malgré quelques petites carences techniques.

En effet, outre son design qui pourrait éventuellement vous agresser la rétine, d'autres problèmes ont tendance à fâcher. Déjà, au niveau des animations, ce n'est pas ça. Les transitions sont bien souvent ratées et donnent lieu à des situations fort peu naturelles. Rien que le fait de marcher en penchant légèrement son stick fait trembler le héros de tout son long ! Aussi, si la physique est présente sur certains éléments découpés au sabre laser, c'est bien souvent pour la rigolade, avec un ragdoll des cadavres ennemis qui devrait sans aucun doute vous faire esquisser quelques sourires et prendre des captures-d'écran-souvenir pour basher le jeu sur Twitter s'il devait subir un scandale en mode Battlefront 2 dans les jours qui viennent. Niveau performances, tout n'est pas tout beau et tout rose non plus. Sur PS4 PRO, le jeu propose de limiter la résolution pour offrir un meilleur taux d'images par seconde, mais même comme cela, il souffre de ralentissements plutôt rares (avec certains niveaux qui semblent plus touchés), et d'une multitude d'éléments qui apparaissent à la volée dans le décor proche ou lointain, et de textures qui tardent à se montrer. C'est dans les cinématiques que cela devient le plus dérangeant.

La bouée Sabre laser gonflable

Aussi, et nous terminerons là-dessus, si le sabre laser laisse de belles traces rouges orangées, ce ne sera que sur de rares éléments du décor. Et si l'on pourra découper la faune, la flore et les droïdes en petits morceaux d'un coup de sabre laser, ce sera toujours au même endroit. Les humanoïdes eux, possèdent tous un squelette en adamantium qui empêchent les démembrements !

Ok me direz-vous, on n'est pas dans Metal Gear Rising : Revengeance ou dans un Ninja Gaiden, mais ça casse franchement un peu le délire, surtout que dans le Pouvoir de la Force II (mais pas dans le premier, comme quoi, la logique...) on pouvait découper les Stromtroopers en petits morceaux bons pour l'incinérateur. Les cinématiques nous resservent pourtant quelques coups de sabre bien violents et mortels comme il faut. Mickey, si tu nous entends...