L'aventure de Jump Force commence alors que Times Square est attaquée par Freezer et des sbires de la (très très) méchante organisation des Venins. Alors que Goku s'oppose à son ennemi de toujours, l'avatar du joueur, un simple civil est grièvement blessé par une attaque de Freezer esquivée par Goku. Trunks, lui aussi présent sur place, se voit contraint (soupir) de transformer ce pauvre passant en héros pour lui sauver la vie. De simple humain sans pouvoir, le héros se retrouve rapidement recruté par Umbras, sorte de Shield employant les héros des différents univers de Jump au sein de la Jump Force. Sa mission va être de recruter d'autres héros, de comprendre le pourquoi du comment, et rétablir l'ordre des choses en mettant un terme aux agissements des méchants Venins qui veulent s'emparer du monde réel. Histoire de pimenter un peu les choses, Light Yagami, le "héros" de Death Note va rapidement venir mettre son nez là-dedans.

Il y a beaucoup de choses à dire sur la campagne de Jump Force et malheureusement pour le jeu, et les fans des licences ici-présentes, peu de ces choses sont positives. Lorsque Jump Force a été dévoilé l'année dernière, de nombreuses personnes, votre serviteur y compris, se sont demandées comment les scénaristes allaient justifier la collision entre monde réel et les univers Jump. Et comme certains le craignaient, les auteurs ne se sont pas foulés. Le tout est extrêmement basique, ne surprend jamais et se permet d'être rapidement lassant avec des enchaînements d'affrontements inintéressants (demander au joueur de prendre part au même combat trois fois de suite, fallait oser). À noter au passage que le jeu bénéficie d'une localisation clairement perfectible. Outre les choix de traduction douteux de certains noms de personnages (Sangoku, Nicky Larson, etc.), certaines répliques semblent avoir été traduites littéralement. Cela peut donner lieu à des échanges qui manquent de naturel et qui n'ont parfois pas de sens.

En plus de proposer une campagne pas franchement palpitante d'un point de vue scénaristique, son intégration dans le jeu des points de vue de la réalisation et du gameplay laisse clairement à désirer elle aussi. À la manière de ce qu'il fait dans un Xenoverse, le joueur doit donc créer son avatar. Plus il progresse dans le jeu, plus il peut débloquer des tenues, des pouvoirs et améliorer ses compétences ainsi que celle de son équipe. Pour aller d'une mission ou d'un menu à un autre, le joueur se déplace dans un petit monde hub qui lui aussi rappelle Xenoverse (en moins bien). Ce hub est littéralement sans intérêt et les animations des personnages dans ce dernier sont absolument ridicules (il faut le voir pour croire les sauts du héros). Et là n'est pas le seul élément vieillot de la réalisation de la campagne. La plupart des séquences de dialogues semblent être directement tirée d'un jeu de l'ère PS2. Les personnages se font face et sont à peine animés (avec des mouvements dignes d'automates d'un parc d'attraction à l'abandon). Dans certains cas, les lèvres des personnages ne bougent même pas quand ils parlent. Heureusement qu'il y a malgré tout quelques échanges savoureux entre des personnages qui n'auraient jamais dû/n'ont pas l'habitude de se rencontrer. Ça fait quand même bien peu...

Xenoverse Light

Le système de jeu de Jump Force rappelle également celui d'un Xenoverse (le vol en moins). Il s'agit donc d'un jeu de combat opposant deux équipes de trois personnages dans des arènes en 3D et avec des commandes simples à prendre en main. Il est possible de passer d'un personnage à l'autre à loisir mais les membres d'une équipe se partagent une seule barre de vie. Les coups de base sont gérés par trois boutons et il est possible d'entrée de jeu de réaliser des combos en appuyant frénétiquement sur ces boutons. Chaque combattant dispose de trois attaques spéciales (activables avec R2 + un bouton d'attaque de base) et une attaque ultime (R2 + Croix). Cette dernière ne peut être utilisée qu'une fois la barre de dégâts remplie à 50%. L1 permet de se téléporter pour éviter des coups ou de rusher vers l'adversaire. Ces deux techniques ne peuvent cependant pas être utilisées de manière illimitée et consomment une jauge de mobilité située en bas à gauche de l'écran.

L2 permet de changer de personnage ou d'appeler un membre de l'équipe pour une brève attaque de soutien. Le bouton R1 sert quant à lui à bloquer ou à esquiver une attaque ennemie. Cette seconde possibilité nécessite cependant d'avoir le bon timing, ce qui est loin d'être évident. Le jeu est globalement accessible et il y existe une marge de progression vis-à-vis des enchaînements. Il apparaît en revanche que le gameplay manque de finesse et ne devrait pas retenir l'attention des amateurs pointus de jeux de combat. Le jeu semble permissif pendant les enchaînements mais très strict dès qu'il s'agit des contres et il arrive d'avoir l'impression d'être spectateur de son propre combat. De plus quelques bugs de scripts font qu'il arrive qu'un personnage parvienne à déclencher une attaque spéciale alors qu'il est déjà en train de subir l'attaque ultime de son adversaire.

À noter également que le jeu n'est pas vraiment fait pour s'amuser à deux en local. Si la possibilité est bien évidemment donnée aux joueurs de s'affronter sur une même console, le système établi fait que ce n'est pas particulièrement confortable. Un joueur se retrouve au premier plan tandis que l'autre doit essayer de se repérer à l'écran, ce qui n'est pas simple lorsque les deux combattants sont éloignés. Lorsque le jeu décide, en cours de combat, de passer le focus d'un joueur à l'autre, il peut par ailleurs y avoir des errances de caméra gênantes. Et lorsque les duels gagnent en intensité, il peut être difficile de savoir qui fait quoi ou qui a la main.

Ugly Toy Story

Dès son annonce pendant la conférence E3 2018 de Xbox, Jump Force a fait parler de lui pour sa réalisation et plus particulièrement pour son choix du style graphique des personnages. Ces derniers étant issus de mangas aux traits sensiblement différents les uns des autres, il n'est pas évident de trouver un style leur permettant de partager l'écran sans que cela ne choque. Spike et Bandai Namco Entertainment se sont arrêtés sur une modélisation des protagonistes qui leur donne l'apparence de figurines en plastique. Si dans certains cas cela ne choque pas trop, dans d'autres le résultat est bien plus problématique (mention spéciale à Trunks et son visage aux proportions véritablement curieuses). Difficile de dire si le problème vient de la décision d'utiliser l'Unreal Engine pour développer le jeu, de la tentative de donner une apparence un peu plus "réaliste" aux héros, ou de la recherche d'une cohérence visuelle entre les différents univers. Il n'empêche que dans l'ensemble, la modélisation des héros ne flatte pas vraiment la rétine.

Cela étant dit, tout n'est pas à jeter dans la réalisation de Jump Force. Les décors, qui mélangent villes du monde réel (Paris, San Francisco, New York, Hong Kong, etc.) et décors bien connus de mangas sont plutôt réussis et fourmillent de détails que ne manqueront pas de noter les joueurs qui connaissent ces villes. De plus, le jeu a droit à de beaux effets de lumière et de particules lors des chargements de ki et des attaques spéciales. Du côté du son, le jeu bénéficie de pistes audio qui ne resteront pas dans les mémoires mais qui collent au côté épique de la situation. Le doublage du jeu est quant à lui un de ses points forts puisqu'il a été confié aux comédiens japonais qui prêtent leur voix à tous ces personnages dans les anime tirés des mangas représentés dans Jump Force. Même si les animations dans les cinématiques ne sont pas dignes de l'envergure de l'événement, entendre tous ces personnages s'adresser la parole, ça fait quelque chose.

Respectueux malgré tout

Jump Force étant un jeu hommage qui puise son roster dans de très nombreux mangas cultes, il est logique de s'attendre à du fan service. Car si le titre de Spike ne manque pas de défauts, il faut bien admettre qu'il a été respectueux à ce niveau. En cours de partie, plusieurs éléments permettent de s'en rendre compte. Le power-up qui peut être activé en cours de combat par tous les combattants en cliquant sur le stick gauche provoque une transformation physique chez les personnages qui ont la possibilité de se transformer. Vegeta va par exemple se muer en Super Saiyajin. Le respect des oeuvres originales se manifeste également dans les attaques ultimes. Ces dernières disposent d'une mise en scène soignée et sont agréables à regarder (Ryô "Nicky Larson" Saeba fait par exemple appel à son Austin Mini rouge). Enfin, les fans de mangas ne manqueront pas de noter que le jeu reproduit fidèlement des comportements et situations vus dans les mangas. Sanji refusera par exemple de faire du mal à une femme. Gon sera quant à lui mis hors-jeu jusqu'à la fin du combat après avoir utilisé son attaque ultime. Ces petits détails ne font pas de Jump Force un grand jeu mais sont appréciables malgré tout.

Bandai Namco Entertainment a clairement voulu donner un côté Avengers (groupe de héros supervisé par une organisation qui se forme pour faire face à une menace qui concerne plusieurs univers) à la rencontre de tous ces héros de mangas. Mais là où Marvel fait soigneusement les choses, BNE et Spike bâclent le travail. Au cinéma, la rencontre d'Iron Man, Captain America, Black Widow, Hulk et compagnie est un véritable événement. Et alors que c'est l'effet que devrait faire Jump Force, le joueur se retrouve davantage avec l'impression d'être face à un produit réalisé à la va-vite pour profiter d'une licence juteuse. Jump Superstars et Jump Ultimate Stars (titres sortis uniquement sur les DS japonaises) avaient montré qu'il était possible de réaliser de bons crossovers sur les héros de Jump avec une réalisation, un gameplay, et un univers dignes de toutes ces vénérables licences. Quand on sait que l'éditeur nippon est capable de proposer des jeux comme Dragon Ball FighterZ, on ne peut que se demander pourquoi un titre comme Jump Force n'a pas eu droit à un traitement d'une qualité identique...

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L'AVIS DE LA RÉDAC'

D'AUTRES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS DISENT CE QU'ILS EN PENSENT...

JONIWAN : On ne me la fait pas : ce n'est pas parce que Jump Force à changé de design global - et au passage je le trouve toujours dégueulasse - qu'on ne va pas reconnaître la suite non-officielle du très moribond J-Stars Victory Versus. La formule est similaire, avec quelques martelages de touches pour faire de l'auto combo, une choppe, une esquive, la garde et des spéciaux... c'est basique et on n'ira clairement pas très loin dans l'exploration du gameplay, malgré les 40 personnages disponibles. De toutes façons, l'enrobage global du titre nous aurait passé l'envie de nous y plonger. Outre son design hasardeux, qui produit bien des monstres (coucou Trunks, coucou Nicky), le jeu ne tourne pas très bien, même sur PS4 Pro, et se paye le luxe de ne pas avoir un framerate stable, un comble pour un jeu du genre. Aussi, si les lumières et les reflets, dans une flaque par exemple, sont plutôt bien gérés, on va avoir droit à des temps de chargement étonnamment longs et de façon assez systématique.

Bref, passé le lol originel d'avoir pu se créer un perso Dragon Ball avec des fringues de pirate et de ninja, on déchante assez vite sur le contenu proposé. On y retrouve un mode histoire rempli de blabla inintéressant et non passable, un hub central ou l'on a accès à tous les modes (un classique du genre actuellement), mais la sauce ne prend pas et on ne se passionne jamais pour l'histoire. Quant au Versus, il est limité que ce soit en local à cause de l'angle de la caméra ou en ligne à cause de la jouabilité basique. On s'en doutait depuis son annonce, mais c'est désormais confirmé : Jump Force peine vraiment à convaincre. À moins d'être un mega fan de toutes les séries présentes, on voit mal comment vous conseiller de vous infliger ce Jump Force là...