Vous n'avez pas eu assez d'exploration spatiale en 2019 avec l'excellent Outer Wilds, The Outer Worlds ou encore les dernières mises à jour de No Man's Sky ? Et bien figurez-vous que 2020 commence sur les chapeaux de roue avec la sortie dans les bacs de Journey To The Savage Planet, un jeu qui pourrait être à même de combler vos attentes en la matière.

Aux commandes, on retrouve les québécois du studio Typhoon, fondé par des anciens d'Ubi, de Warner Bros. et d'EA, et récemment acquis par Stadia, mais sans exclusivité sur le jeu qui nous intéresse aujourd'hui. L'expérience AAA de ses membres à probablement bien servi, car nous sommes en présence d'un titre de qualité aux finitions très propres, et ce bien que ce soit le premier jeu du studio ! Vendu à un tarif de lancement très abordable, nous nous sommes penchés sur le cas Journey To The Savage Planet et nous n'avons pas été déçus !

No Man's Planet

L'histoire commence à l'atterrissage de votre vaisseau sur la planète AR Y 26, afin de déterminer si elle peut être viable pour la colonisation humaine. Pour des raisons de coupes budgétaires, votre employeur, Kindred Aerospace, vous a envoyé dans l'espace sans carburant pour le retour et sans outils. Ce sera donc à vous de vous débrouiller pour trouver les ressources adéquates à votre survie et à votre voyage retour ! Mais très vite, si la faune et la flore constituent une menace sérieuse. On va très vite se rendre compte que nous ne sommes pas les premiers à avoir posé nos pieds sur cette planète... Une mystérieuse civilisation très évoluée semble avoir disparu après avoir laissé des traces de sa présence. Y'a t'il encore de la vie intelligente ici ? Quels sont les secrets et les merveilles que renferment cet univers ? Tout autant de questions pour lesquelles on trouvera les réponses au cours de l'aventure qui pourra vous tenir occupés de quelques heures pour un speedrun à 10-20 heures selon votre propension à tout explorer et débloquer.

Si l'histoire reste plutôt classique, elle doit sa réussite à une atmosphère plutôt délirante et digne des meilleures productions vidéoludiques. Journey to the Savage Planet jouit d'un ton décalé et irrévérencieux qui lui offre sa propre identité, tout dans la subtilité face à la dérision. Ça se ressent tout au long de l'aventure et même jusque dans la description des trophées ou les nombreux easters egg qui vont jalonner notre chemin. Le second degré et l'autodérision sont maîtres, et l'on se délecte du début à la fin de l'univers et de l'ambiance crées pour l'occasion. Le design de la faune et de la flore est cruel et délirant, avec des bestioles dont vous devriez vous rappeler longtemps, et la planète AR Y 26 offre de splendides panoramas aux couleurs chatoyantes et dépaysantes

Tabernacle !

Mais ce n'est pas tout ! La version Française québécoise dont bénéficie le titre devrait assurer de franches tranches de rigolades tant le vocabulaire décalé et l'accent de nos cousins outre-Atlantique peut parfois se révéler cocasse. Votre héros étant muet, c'est sur l'I.A. qui communique avec vous qu'il faudra compter pour meubler, et quasiment tout le temps. Les dialogues font mouche, avec une logique aussi barré que celle d'un Clap-Tr4p, en moins débile. Le reste de la bande-son s'avère de grande qualité, plutôt stylée avec ses accents western à la Borderlands, tantôt minimaliste, et tantôt totalement décalée comme lorsque l'on croise ces minuscules bestioles qui nous fuient comme la peste en hurlant comme une jouvencelle traquée par un troupeau de zombies. Les différents retour à la base seront l'occasion de visionner quelques fausses publicités délicieusement dérangeantes et des messages vidéos du chef de Kindred en personne, joués par un acteur qui « lâche son fou » dans de délirants films live. L'aspect visuel est lui aussi très travaillé, avec un cel shading très léger et ses couleurs criardes. Vous l'aurez compris à la lecture des trois dernier paragraphes, Journey To The Savage Planet propose quelque chose de très réussi en termes artistiques.

On va même retrouver ce design un peu décalé dans pas mal d'éléments du gameplay, avec des actions contextuelles bien barrées, comme ces portes à nourrir, l'utilisation de baffes pour le corps-à-corps, ou la téléportation qui devient une petite mort. Et ce même si au niveau ludique pur, on rentre un peu plus dans le rang avec un melting pot de pas mal de jouabilités différentes. JTTSP adopte une vue FPS et va nous proposer d'explorer un monde semi-ouvert rempli de dangers. Un scanner sera de la partie pour nous aider à identifier les menaces, avec un joli effet « fil de fer » appliqué à tout les modèles 3D du jeu. Et si jamais il nous arrive de mourir, on peut alors récupérer son butin sur son ancien corps, afin de collecter suffisamment de ressources pour se payer la dernière amélioration disponible sur l'imprimante 3D du vaisseau. Un prétexte pour nous envoyer collecter une blinde de molécules de carbone, aluminium ou silicone nécessaire à la confection de l'équipement. Le farming revêt un aspect plutôt léger dans JTTSP : on n'a presque pas eu à s'y adonner. En revanche, on a eu du mal à trouver le bon spot quand ce fut exigé par le scénario.

La planète pas si sauvage

Car en effet, la progression est ici plutôt linéaire, et on va vous forcer à boucler quelques missions secondaires avant de pouvoir progresser dans le jeu, le tout grâce à des mécaniques de type Metroidvania. À chaque zone, vous devez équiper deux nouvelles améliorations afin de pouvoir continuer à avancer. Au nombre de trois et de tailles différentes, leur exploration se fera souvent dans la confusion à cause d'un marqueur de quête parfois peu clair et d'une absence préjudiciable de carte de la zone. Au final, on avance un peu en ligne droite dans les niveaux, même si l'on s'amuse tout de même à débusquer tout ses secrets.

Les combats sont quand à eux plutôt répétitifs, chaque ennemi, boss inclus, ayant son point faible à exploiter sans vergogne. Vous l'aurez compris, les mécaniques d'exploration sont au final plutôt redondantes, mais l'humour et l'ambiance du jeu sauvent la face sur ce point. Et si jamais le coeur vous en dit, sachez qu'il sera possible de parcourir l'aventure en coopération avec un de vos amis, ce qui pourrait totalement transformer cette aventure et sa découverte. Niveau technique, c'est plus que respectable sur PS4 Pro. Si les graphismes ne sont pas parmi les plus fous du marché, le jeu s'en sort malgré tout très bien, et grâce à sa direction artistique, il parvient à flatter nos rétines de façons agréablement régulière. Journey To The Savage Planet n'est donc pas un jeu parfait, mais il propose suffisamment de qualités pour éclairer notre début d'année 2020 !