Soedesco. Vous avez probablement déjà vu le logo de cet éditeur néerlandais, spécialisé dans le jeu indépendant, apposé au bas d'une jaquette dans votre boutique de jeux préférée. Ici, ils chapeautent la sortie du premier jeu de CREAZN - un studio basé dans la ville canadienne de Toronto, récemment sacrée championne NBA - nommé Dollhouse.

Lorgnant à la fois le jeu d'horreur et le film noir des années 50, le mélange est détonant et plutôt aguicheur, un peu comme si BioShock entrait en collision avec Silent Hills P.T. Mais malheureusement, comme nous allons le voir rapidement, malgré des qualités évidentes, Dollhouse peine vraiment à convaincre...

Barbie girl

Vous voilà dans la peau de Marie, une enquêtrice amnésique, qui se réveille dans un bien inquiétant univers, où elle va devoir résoudre quelques énigmes tout en évitant les dangers pour pouvoir s'en sortir. En partant de ce postulat, elle va devoir franchir les niveaux un à un pour découvrir la vérité, avec une narration assez cryptique, obscure, qui ne nous dit pas tout. L'enrobage reste très mystérieux et associé à cette ambiance années 50, avec tout un tas d'objets iconiques, des tenues très marquées. Les belles femmes composent la majorité de la galerie de personnages de Dollhouse, et cette classe apparente associée à l'aspect un poil démoniaque des décors fonctionne plutôt pas mal. De plus, le tout est souligné par une bande-son jazzy de toute beauté, qui sait se faire discrète, inquiétante et coller à l'action. Les bruitages ne sont pas en reste, même si on ne pourra pas en dire autant des dialogues : les voix anglaises, sans être mauvaises, fleurent bon l'amateurisme, et un filtre radio très fréquent accentue cet effet. Si les textes sont en français, avec pas mal d'oublis de traduction, les sous-titres ne fonctionnent pas... Une vraie plaie ! Malgré tout, côté univers et design, musique, même avec sa narration nébuleuse, Dollhouse a vraiment de quoi séduire. Ce ne sont que les premiers cailloux qui se glissent dans la chaussure...

La maison de poupée qui fait non

A priori, on en a fini avec les points positifs et presque tout le reste de ce TEST pourrait très bien finir dans les "on n'aime pas". Dollhouse adopte une vue FPS qui offre un regard sur les gambettes de l'héroïne où l'on explore de longs couloirs labyrinthiques, en esquivant les dangers, et avec une endurance limitée, ce qui est une véritable plaie pour les nombreux, très nombreux déplacements. Le gros du jeu consiste à errer dans un labyrinthe en cherchant des objets, en nombre important, pour recharger ses pouvoirs de fuite, sa lampe torche, marquer son chemin ou encore ouvrir des portes verrouillées, mais aussi des souvenirs qu'il faudra ensuite extraire dans une machine pour finalement, quand on en a assez, ouvrir la porte de la pièce secrète. À partir de là, il faudra encore résoudre un autre défi de recherche, toujours avec des ennemis collés à nos basques, avant de pouvoir atteindre la fin du niveau et sa sortie. Franchement, toutes ces mécaniques sont lourdes, pas souples, et la mort est bien punitive comme il faut : elle adopte un genre de mécanique de semi Rogue-like bien dégueu, puisqu'on y perd toute son expérience, ses capacités, ses objets, souvenirs inclus. On a une chance de récupérer l'ensemble, mais paye ta galère dans ces dédales. Quelques checkpoints dans les niveaux sont heureusement du voyage, sinon, je pense que j'aurais tout simplement ragequité.

Poupée de cire fondue

Plusieurs difficultés sont au menu, et en changeant, le jeu étant bien trop frustrant en mode Normal, on a remarqué que les niveaux semblaient générés aléatoirement. Ils ne changent pas quand on meurt, mais d'une partie à l'autre, c'est le cas. Pour des décors labyrinthiques où l'on cherche des objets, on q tout de même rarement vu aussi frustrant. Pour les joueurs les moins téméraires - ou les plus intelligents ? - il existe un mode voyeur qui supprime tous les dangers. Au menu pour les plus courageux - ou les plus masos ? - des mannequins qui jouent à "Jacques à dit" dans notre dos, ou des boss qui peuvent vous one-shot. Pour se défendre, une barre d'endurance pour courir et le flash de sa lampe torche : insécurité maximale. Les phases de gameplay de Dollhouse sont une purge, on galère dans ces labyrinthes, et ce n'est pas du tout à la hauteur de la direction artistique du jeu. Ah, petite précision, il existe un mode multijoueur, mais on n'a pas pu y jouer : les serveurs sont déserts...

Jolie poupée brisée

Et ce n'est pas fini. En plus de tout cela, la réalisation n'est clairement pas à la hauteur : on a affaire à des graphismes qui semblent dater des débuts de la 3D. On se croirait parfois presque revenu sur un vieux jeu PC d'aventure Microïds du début du siècle, genre Morbus Gravis... Le jeu propose de choisir entre le graphisme ou le framerate, mais même en optant pour ce dernier sur une PS4 PRO, Dollhouse souffre de trop nombreux ralentissements, déclenchés bien souvent en ouvrant une porte... Les chargements sont rares mais plutôt longuets, la luminosité super mal calibrée, tout comme la sensibilité des commandes. C'est réglable, mais non sans douleur. Dollhouse proposait une super idée de départ, mais la réalisation et la jouabilité viennent gâcher cet effort. Un beau coup d'épée dans l'eau en somme.