La mort comme boulot

Petit café pour une bonne journée de bagarre

Si la nationalité de Have a Nice Death est importante à préciser, c’est que le titre tape fort d’entrée de jeu avec une introduction animée du plus bel effet (vous avez dit Dead Cells ?), rappelant que la France est une terre fertile pour le 9ème Art. Ce court d'animation introductif permet de poser les bases de l’univers de ce Have a Nice Death et le contexte est plutôt simple et efficace. Vous êtes la Mort et votre but est évidemment de recueillir les âmes de toutes celles et ceux qui ont terminé leur voyage sur notre belle planète.

Pour mener sa tâche à bien, notre protagoniste peut compter sur sa propre entreprise, la Death Incorporated, composée de nombreux employés et départements. Malheureusement, les jours se suivent et se ressemblent pour la Mort qui sombre peu à peu dans un burn-out. Pas le temps de ruminer dans son propre bureau cependant, puisque c’est le moment opportun qu’ont choisi les lieutenants de notre héros, nommés les Fléaux, pour se rebeller avec comme conséquence une montagne de paperasses à gérer. Il n’en fallait donc pas plus pour que la Mort décide de sortir sa faux pour aller remettre la Death Inc. en ordre.

Une direction artistique qui tue

La Death Inc. prend les stagiaires

D’entrée de jeu, Have a Nice Death se dénote de sa nombreuse concurrence avec un univers visuel unique qui permet d'aborder des thèmes assez sombres, comme la souffrance au travail. Le tout dans dans une ambiance très légère à l'aide de son casting d’employés comme Gérard, le technicien administratif, Arlette, la coach ou encore Patrice, le standardiste... Bonne nouvelle vous pourrez apprendre à connaître vos employés entre et au cours de vos runs, au travers de dialogues souvent comiques. Et le travail intensif sur la cohérence de l’univers du titre peut se reposer sur une direction artistique magnifique, proche d’une série d’animation.

Pour autant, l’univers graphique vraiment chiadé du jeu n’est pas toujours aussi flamboyant que ce qu'on aurait voulu. Nous sommes parfois frustrés des environnements des différents mondes qui, malgré des thèmes distincts faisant varier les ennemis et l’univers musical, souffrent de la presque monochromie grisâtre de ses décors. Un choix qui s’explique probablement pour la lisibilité de l'action du jeu mais qui ne permet pas des variations plus radicales entre les différents départements à remettre en ordre.

Faux pas déconner

Pour revenir sur le gameplay, Have a Nice Death se présente comme un jeu de plateforme et d’aventure avec des contrôles très proches des sensations d’un Hollow Knight. Votre personnage se défend à l’aide de sa Faux grâce à des combos rapides, au sol et en l'air, et il est aussi possible d'effectuer des dash pour dynamiser les rencontres mais aussi esquiver les attaques dévastatrices qui viendront vous caresser le front. Lorsque la Mort n’est pas en train de combattre, le jeu propose une exploration minimale avec parfois des pièges à esquiver dans son univers 2D. Le but étant de mettre la main sur tout ce qui renforcera votre build pour vous rendre de plus en plus fort.

Si la comparaison de prise en main entre Have a Nice Death et Hollow Knight peut être périlleuse, il faut tout de même avouer que la Mort se contrôle naturellement. Notre héros répond du tac au tac et profite de superbes animations de combat. Le rythme des affrontements est assez effréné avec des ennemis vifs mais lisibles et il sera rapidement grisant d’anticiper les mouvements pour ne pas leur laisser le temps de respirer entre deux ou trois coups de faux.

Mourir pour ne pas mourir

Mélancolie et boom boom

Have a Nice Death est un roguelite, sa progression ne se fera donc qu’au dépend de vos propres échecs et sur ce point, la promesse est respectée. La boucle de gameplay est assez simple : à chaque départ, vous pourrez choisir entre différentes variations de votre arme principal, investir dans de nouveaux sorts ou des armes secondaires puis partir après la signature d'un contrat. Ce dernier permet en général de partir avec un avantage mais certains ont un coût comme terminer 2 niveaux avec une contrainte de temps ou tuer un nombre défini d'ennemis sans se faire toucher.

Une fois dans les couloirs de la Death Inc., et à la fin de chaque étage, vous sélectionnerez votre prochaine étape à travers de nombreuses salles aux récompenses différentes : amélioration de vie, de votre magie, armes secondaires ou sorts, miniboss octroyant des capacités (appelées Malédictions ici), caches de Soulary (la monnaie locale), etc… De quoi laisser une certaine forme de liberté au joueur dans l’approche de son run, d’autant plus qu’il sera possible de choisir le département suivant à explorer après la mort de chaque boss.

C’est au fur et à mesure des différents runs entrepris que vous comprendrez probablement les limites de ce titre qui a tout pour plaire en surface. Finalement, Have a Nice Death est une synthèse parfaite de beaucoup de jeux qui sont sortis ces dernières années, en piochant, comme dit plus haut, dans Hollow Knight pour son gameplay, Cuphead dans la philosophie de son univers visuel mais aussi Hades avec la construction de son monde grâce aux dialogues entre les runs. Et c’est cela qu’on pourrait reprocher au jeu, d’avoir su chercher les bonnes inspirations tout en oubliant presque d'insuffler son propre ADN, en terme de jeu vidéo pur.

Parfois, l’impression de jouer à une expérience déjà connue est un peu trop présente. Et on se sent parfois ennuyé à l’idée de lancer un nouveau run d’autant plus que les différentes variantes de la faux de départ manquent malheureusement de diversité et donc d’intérêt.

La Death Inc. recrute

War has changed

Pour autant, si vous êtes un amateur du genre et des titres cités, vous trouverez évidemment votre compte dans ce Have a Nice Death. Il faudra d’ailleurs s’accrocher pour réussir à boucler un run puisque le titre est exigeant et ne pardonne pas les erreurs avec une vie qui fond rapidement, comme neige au soleil. On notera pour le coup une approche un peu différente de la gestion de la barre de vie. Chaque coup vous fera perdre des PV bruts mais aussi une partie de votre vie maximale. Pour vous soigner, vous aurez accès à des Animas, disponibles par trois maximum. Une Anima basique est bleue et ne soigne que la barre de vie alors que réussir à la doubler (en les cumulant) la rendra dorée pour soigner complétement. Un système intéressant mais peu impactant tant les coups sont violents. 

Ainsi, le titre vous demandera une phase d’adaptation et d’apprentissage pour commencer à maîtriser les runs. Il faudra quand même compter une bonne quinzaine d’heures pour arriver au terme de son premier run et au moins le triple si votre objectif est de voir tout ce que le jeu aura à vous offrir, puisque le end game a quelques surprises en réserve. Si la difficulté vous fait peur mais que l’univers vous appelle, sachez qu’il existe pas moins de 17 niveaux de difficultés différents afin de profiter d’un run à votre envie.