Nous sommes maintenant en 2023, presque 3 ans après la sortie de Cyberpunk 2077 et il a bien changé. Patché jusqu'à plus soif, il est beau, il est brillant et il peut se vanter d'être l'un des meilleurs RPG de son époque. Aujourd'hui, ce bel étalon cherche à confirmer son statut d'incontournable avec un DLC, Phantom Liberty, qui promet de longues heures de jeu et un scénario orienté thriller d'espionnage. Dans la foulée, Cyberpunk 2077 reçoit une mise à jour gratuite colossale pour passer en version 2.0. Cette dernière ne nécessite même pas l'acquisition du DLC, il suffira de la télécharger dès sa mise en ligne pour profiter des dernières nouveautés. Vous cherchez une excuse pour retourner à Night City ? Vous en avez maintenant deux.

Avant de commencer, deux petites choses : premièrement, je vous mets en garde concernant les spoilers sur Cyberpunk 2077. Le DLC plante son intrigue au beau milieu du jeu d'origine, si vous ne l'avez pas encore fait, vous voilà prévenu. Bien entendu, je ne spoile rien concernant le DLC lui-même. Deuxièmement, que ce soit dit et que ce soit clair, la note finale ne jugera que de l'intérêt de l'extension Phantom Liberty. La mise à jour 2.0, disponible sur est difficilement dissociable du DLC puisque certaines nouveautés de ce dernier n'existeraient pas sans elle, mais dans la mesure où la mise à jour est également accessible gratuitement pour tout le monde, sur PS5, Xbox Series et PC uniquement, elle ne peut vraiment peser dans la balance.

Retour à Night City !

Avec Phantom Liberty, CD Projekt fait le choix, non pas de continuer l'histoire de V et ses camarades, mais d'ajouter un peu plus de contenu à son aventure initiale. Non, vous n'avez pas besoin d'avoir terminé Cyberpunk 2077 pour profiter du DLC. Ce dernier est accessible de deux façons : directement en jeu après avoir terminé la mission «Transmission» de l'Acte 2, ce qui représente à peu près 8 à 10 heures de jeu en ligne droite, ou en lançant une nouvelle partie directement depuis le menu principal. Si la première option est la plus simple finalement, puisque la plus cohérente et surtout la seule façon de se familiariser avec les nouveautés de la mise à jour 2.0 justement, la seconde peut être un raccourci efficace pour celles et ceux qui n'ont pas envie de recommencer un tronçon d'histoire et/ou qui ne veulent pas reprendre leur partie précédente. Dans le cas où vous prendriez l'option du raccourci, vous devrez faire quelques choix basiques avant de prendre le contrôle de votre personnage, puis dépenser plusieurs points de compétence puisque vous commencerez directement au niveau 20. Vous vous retrouverez ensuite avec des Cyber-améliorations et un équipement standard. De quoi bien démarrer, mais pas de quoi vraiment prendre votre pied, qu'on se le dise, vous serez bien plus équipés en arrivant au DLC par vous-mêmes en recommençant une partie (ou en reprenant la vôtre plus avancée), et je ne peux que vous le conseiller puisque Phantom Liberty, sans être un véritable casse-tête, est un poil plus exigeant que la trame d'origine de Cyberpunk 2077.

Phantom Liberty TEST
L'entrée de Dogtown annonce déjà la couleur...

De toute façon, ça commence très, très vite. Dès que la mission de l'Acte 2 est terminée, on reçoit une communication d'une certaine Songbird, une runner très expérimentée qui nous fait une proposition que l'on peut difficilement refuser. Elle nous propose un boulot : sauver la présidente des NUSA, Rosalind Myers, d'un crash d'avion qui va arriver sous peu. En échange de ce service, la belle nous assure qu'elle pourra nous sauver la vie. Rien que ça. De ce petit bout d'intrigue, qui démarre finalement comme n'importe quelle mission principale du jeu, se dessine un arc narratif complet qui se suffit à lui-même. Espionnage, politique, rebondissements en tout genre et beaucoup de fusillades sont au programme de ce petit thriller SF plutôt bien ficelé finalement. La trame de Phantom Liberty ne surprendra peut-être pas les plus rodés au genre, mais elle tient largement la route et se laisse suivre. Pour le coup, ce sont ses personnages qui aident pas mal, et pourtant, tous ne sont pas logés à la même enseigne. Idris Elba, par exemple, LA star de ce DLC, campe ici un agent secret qui en a gros sur la patate. Un homme énigmatique, torturé même, aux méthodes parfois expéditives mais toujours efficaces. À chaque fois qu'il apparaît, il crève l'écran. C'est d'autant plus vrai qu'il est fidèlement modélisé et transpire de classe, on arrive même à reconnaître sa démarche, c'est dire.

Cyberpunk 2077 DLC Test
Un marché où l'on peut tout trouver.

Mais tout aussi bluffant qu'il est, son personnage reste finalement peu développé. On restera en surface, même lorsqu'il souhaitera s'ouvrir à nous lors de discussions autour d'un verre ou deux. Il en sera de même pour les seconds couteaux, protagonistes et antagonistes dont je tairai l'identité. Certains auraient franchement mérité d'être développés tant leurs personnalités détonnent, mais finalement non. CD Projekt reste donc un poil trop en surface avec ses personnages et même son intrigue de toute façon. Encore une fois, ça ne veut pas dire que c'est mauvais, très loin de là c'est même très bon. Mais le studio nous a déjà prouvé qu'il pouvait aller plus loin. On le voit partiellement dans quelques missions secondaires qui, si elles ne profitent pas de la mise en scène des principales, ont des trames qui tiennent diablement la route. Je ne peux pas en dire autant du contenu annexe, notamment les contrats dont certains sont même obligatoires pour faire avancer l'intrigue à un moment donné. Là, on est sur du très basique : va tuer machin, nettoie cette zone, ramène-moi ce truc… mais encore une fois, on est bien au-dessus de tout ce qui se fait ailleurs. CD Projekt sait écrire, aime écrire et ça se voit. Il n'y a pas une mission qui n'est pas bavarde. Pas un contrat sans choix à faire ou sans rencontre haute en couleur. Et c'est tant mieux.

Idris Elba a franchement la classe.

Dogtown, un quartier qui a du chien mais qui manque de mordant

Quoi qu’on en dise, le studio sait faire vivre ses univers. The Witcher était déjà une masterclass dans ce domaine, Cyberpunk 2077 nous a montré que lui aussi en avait sous le coude et Phantom Liberty vient le confirmer. Le DLC nous transporte dans un nouveau quartier de Night City, Dogtown, coincé entre Pacifica et les Badlands. Un bout de la mégalopole qui nous était jusqu’ici fermé puisque tout le monde vit bien caché entre les murs d’enceinte du secteur sous haute garde. On nous raconte alors qu’un homme, présenté comme le grand méchant, dirige le secteur d’une main de fer avec sa milice et qu’il ne laisse personne entrer ou sortir sans autorisation. Vous trouviez Night City violente ? Dogtown est pire que ça. Comme le dit si bien V lorsqu’on décide d’aller y mettre les pieds: «ce quartier pue et c’est un véritable coupe gorge».

C’est le cas. Le chaos règne en maître. On croise des toxicos et des sans-abris dans tous les coins, c’est sale et la plupart des immeubles sont soit pas finis, soit à moitié détruits. Dogtown a même des relents post-apocalyptiques parfois. Les hommes armés se tirent dessus en pleine ville, on hésite même pas à descendre des hélicos en pleine ville et le sable du désert est partout. Parmi les ruines, quelques bâtisses tiennent le coup laissant penser que Dogtown était voué à devenir une sorte de Las Vegas. Hôtel démesuré, casino et club à en devenir, si tout n’a pas eu le temps de se concrétiser, les fondations sont bien là. Oui, le nouveau quartier a de la gueule comme on dit, mais est-ce qu’il va totalement bouleverser votre expérience ? Non. Night City reste Night City. Dogtown est peut être plus cradingue, il n’en est pas moins qu’un quartier de plus. Ce n’est pas une destination qui nous invitera au voyage, mais quelque part on s’y attendait et ce n’est pas si gênant que ça.

Très joli quartier résidentiel... ou pas.

Là où le bât blesse selon moi, c’est surtout qu’il est finalement assez petit et pas si diversifié que ça. J'aurais au moins aimé jouer avec la verticalité par exemple, ou découvrir des souterrains, mais que nenni, cette nouvelle zone de jeu ne cherche pas à nous surprendre. Elle fait très bien son travail, assure une ambiance assez dingue et nous permet de faire deux ou trois choses qu’on ne pouvait pas faire ailleurs dans Cyberpunk 2077. On pourra par exemple tenter de mettre la main sur des conteneurs catapultés directement depuis les cieux pour ramasser de l’équipement rare, ou encore s’adonner au vol de voiture pour un revendeur peu scrupuleux. Deux activités dynamiques et infinies qui permettent non seulement de se faire de l’argent et de l’équipement facile, mais aussi d’amener un peu de piquant entre deux missions. Quoi qu’entre vous et moi, il n’y avait pas vraiment besoin de ça puisque Phantom Liberty nous pousse sans cesse en avant en nous criblant de balles.

Si le DLC propose une intrigue sympathique mais assez classique pour le genre dans le fond, la mise en scène quant à elle part sur les chapeaux de roues. Ça ne s’arrête jamais. Déjà, toute la phase d’introduction est une fuite en avant survitaminée et explosive. Ça canarde dans tous les coins, les ennemis sont très nombreux et très bien armés. Sans être insurmontable, Phantom Liberty est un peu plus corsé que le jeu d’origine, peu importe la difficulté. Entre les mercenaires énervés et les Mecha suréquipés, on n’a pas le temps de s’ennuyer. Les missions principales s'enchaînent relativement vite. Non seulement on ne voit pas le temps passer, mais en prime le DLC n’est pas bien long, une dizaine d’heures tout au plus pour en profiter sans trop forcer, le double voire le triple si vous vous amusez à tout voir et tout faire.

Comme un air de post-apo.

CD Projekt connaît son sujet et épouse ses thématiques jusque dans la construction de ses missions. Espionnage, infiltration, courses-poursuites musclées ou gunfights survitaminés. C’est un véritable rodéo qui vous attend et ça change un peu des intrigue de la trame principale de Cyberpunk 2077. Un Mission Impossible du futur sans Tom Cruise et avec deux shoots d’adrénaline en plus dans chaque bras. Phantom Liberty nous fait découvrir une nouvelle facette de Night City, mais aussi de nouvelles technologies et pouvoirs. Le DLC annonçait sur le papier plus d’une centaine de nouveaux objets et augmentations (tout confondu). Je ne me suis pas amusé à les compter, mais il y en a effectivement un bon paquet. Armes, amélioration, mods… la totale. Vous trouverez assurément un fusil d’assaut, un fusil à pompe, un revolver ou des mods à votre goût dans la myriade de nouveaux équipements qui vous attendent. On peut même mettre un lance-missile sur sa voiture maintenant ! Mais l’ajout le plus significatif nous vient surtout du nouvel arbre de compétence, qui marche totalement différemment de la méthode proposée par la mise à jour 2.0.

Pas d’expérience ni de point de compétence à débloquer ici. Pour gagner des jetons à dépenser et acheter les nouvelles capacités, il faudra pirater des terminaux disséminés un peu partout à Dogtown. Ensuite, vous pourrez vous transformer en véritable machine à tuer avec trois nouvelles compétences et une poignée d’améliorations liées. Il sera possible d’améliorer ses mods furtifs, ses cyber-améliorations de bras (bras de gorille, lame mantis, lanceur…) ou encore d’acquérir la possibilité d’infliger d'énormes dégâts en visant les points faibles de vos adversaires. Des compétences plutôt chouettes et qui changent pas mal la donne mine de rien. Viser les points faibles change la dynamique des affrontements, même des boss d’ailleurs, tout comme les améliorations de bras peuvent totalement bouleverser les combats. Notamment l’immense ruée qu’il est possible de faire avec les lames Mantis. Assez incroyable. Finalement, il est seulement dommage de voir que l’on n’a pas le droit à plus de contenu à se mettre sous la dent. LE gros des nouveautés, il est à retrouver avec la mise à jour 2.0 de Cyberpunk 2077 qui, avec Phantom Liberty dans son sillage (ou inversement) prend tout son sens.

De nuit, il y a une ambiance de folie à Dogtown.

La mise à jour 2.0 de Cyberpunk 2077, Phantom Liberty en profite grandement

Disponible pour tout le monde, la mise à jour 2.0 de Cyberpunk 2077 apporte une quantité folle de nouveautés et d'améliorations. Par exemple, l'IA en combat, de la police mais pas seulement, a nettement été améliorée. Les ennemis se cachent davantage, interagissent différemment avec l'environnement et contournent parfois. C'est là d'ailleurs que l'on est bien content de mettre la main sur les nouvelles compétences de Phantom Liberty qui nous permettent de berner nos adversaires en plein milieu des échanges de coups de feu ou en décimant nos adversaires avec précision grâce aux points faibles. Ce sera d'autant plus vrai durant le rush final, vraiment éprouvant dès que l'on s'attaque au mode difficile ou supérieur. Les compétences d'ailleurs, ont toutes ici été remaniées avec la mise à jour 2.0. Pas mal de nouveautés déjà, bien plus incisives et efficaces qu'auparavant, mais en prime tout l'arbre de compétence a pris un coup de frais. On dépense des points d'attribut afin de faire monter l'expérience d'un des principaux arbres, puis on débloque des compétences associées lors de l'acquisition de certains paliers. Ces compétences, on les achète tout bêtement avec des points que l'on débloque à chaque niveau. Cette fois, c'est lisible et parfaitement cohérent.

Cyberpunk2077 DLC
Les arbres de compétence ont été revus avec la mise à jour 2.0 (disponible pour tous)

Si pas mal de compétences ont disparu, notamment concernant le craft, et que de nouvelles sont arrivées, comme celles qui permettent d'augmenter notre défense en étant accroupi, ou d'autres capacités spécialisées dans certains types de combat, le jeu reste toujours aussi permissif. On peut toujours se spécialiser et jouer comme bon nous semble : comme un bourrin avec plein de vie et de grosses pétoires, finement en discrétion avec des armes de jet, en ne misant que sur nos coups critiques et nos lames ou encore en ne jurant que par les modifications cybernétiques. Ces dernières ont d'ailleurs elles aussi subi une refonte. Le fonctionnement reste le même dans le fond, mais l'interface a eu le droit à un petit lifting et les attributs statistiques marchent un peu différement. Certaines pièces donnent de l'armure, reléguant les vêtements au simple rang de cosmétiques ou de bonus supplémentaires lorsqu'ils en ont. Maintenant, il faut renforcer la peau ou le squelette pour encaisser des dégâts. En jouant avec nos compétences, il est aussi possible de finement choisir son build et sa spécialité (coups critiques, défense, attaque netrunner…). Ici encore, Cyberpunk 2077 se rapproche davantage de ce qu'il aurait dû être au départ, un vrai gros RPG où les statistiques font toute la différence. Maintenant, c'est le cas. Et là encore, Phantom Liberty se repose sur ces nouveautés puisque de nombreux objets viennent les utiliser. Un tour rapide chez le charcudoc suffira à vous convaincre pour peu que vous arriviez à trouver les bonnes pièces.

Phantom Liberty Cyberpunk 2077
Las Vegas parano.

Le DLC se sert également habilement des nouvelles courses-poursuites qui nous permettent maintenant de nous défendre tout en conduisant à la manière d'un GTA, mais aussi en améliorant notre véhicule avec de l'armement. Dans les compétences, vous trouverez même de quoi devenir un as du volant capable de drifter comme dans les blockbusters au cinéma. D'ailleurs, Cyberpunk 2077 se rapproche un peu plus de l'open world de Rockstar avec sa nouvelle gestion de la police. Un indice de recherche qui grimpe à chaque crime, des renforts de police toujours mieux équipés… ça ne rigole plus à Night City. Et si vous poussez vraiment la chose, c'est carrément un mini-boss qui viendra vous confronter et ça fait très mal, CD Projekt nous avait prévenu. Enfin, la mise à jour apporte plusieurs ajustements de l'interface, des inventaires et de la gestion de votre équipement ou encore du craft et des matériaux. Phantom Liberty en profitera bien entendu, mais pas outre mesure. Là où les nouvelles mécaniques de jeux et les compétences sont utilisées à bon escient avec le DLC, ces derniers ajustements ne sont quant à eux qu'un confort supplémentaire, et même indispensable à certains niveaux. Ce n'est pas encore le Pérou, j'ai eu pas mal de ralentissements lors des transitions entre le jeu et les menus, mais on en voit le bout.

Ne faites pas attention à ce que dit V, profitez juste de la vue.

Une optimisation au poil pour le DLC de Cyberpunk 2077 ?

En parlant de bugs justement, je n'ai pas eu de gros problèmes avec ce gros DLC de Cyberpunk 2077, hormis des crashs lors de l'utilisation du mode photo qui sont déjà corrigés. Quelques ralentissements subsistent dans les menus et le mode photo, même en utilisant une bonne machine (MSI RTX 4070 Ti Suprim, Ryzen 7 7800X 3D, 32 Go de RAM). Mis à part ça, l'optimisation semble être au rendez-vous et ce, même si CD Projekt a revu ses configurations minimales requises un peu à la hausse. Testé sur une machine équipée d'une RTX 2080 Super, d'un Ryzen 7 3700X et de 32 Go de RAM, le jeu tourne à condition de faire des concessions graphiques. Ça reste très joli en 1080p, mais il ne faudra pas vouloir aller trop haut dans la résolution non plus.

Avec la machine équipée d'une 4070 Ti, on s'en sort bien mieux, on peut tranquillement profiter du ray tracing voire même d'un peu de 4K en activant le DLSS 3.5 fraîchement mis à jour. Le jeu est alors sublime, ni plus ni moins, et surtout fluide. De même en remplaçant la 4070 Ti par une petite RTX 4060 sur la même configuration. Pas de bugs majeurs à signaler de mon côté avec les trois configurations mises à l'épreuve durant ce test. Au passage sachez que sur PS5 la version testée n’a pas bronché plus que le jeu d’origine. On est sur quelque chose de relativement propre et stable, je dirai même que c’est peut être un poil plus propre et fluide.

Les configurations PC utilisées pour le test sont les suivantes :

  • MSI RTX 4070 Ti Suprim, Ryzen 7 7800X3D, 32 Go Ram DDR5, SSD
  • MSI RTX 4060 Gaming X, Ryzen 7 7800X3D, 32 Go Ram DDR5, SDD
  • Gigabyte RTX 2080 Super, Ryzen 7 3700X, 32 Go Ram DDR4, SSD