Testé sur une version import japonaise non zonée, qui incorpore des sous-titres français.

L'héritière de Dante invite le joueur dans un univers empreint de la célèbre dualité entre les anges (les sages Lumen) et les démons (les sorcières Umbra). Une toile de fond biblique donc pour une soubrette qui pratique le sadomasochisme au paradis en s'enfilant des sucettes à longueur de niveau ! Ce n'est là qu'un exemple parmi la multitude de clins d'œil provocateurs, à mi-chemin entre la classe et la provocation obscène ; tous plus savoureux les uns que les autres. Certains parleront de mauvais goût, d'autres de talent d'artiste. Au final chacun se fera un avis sur cet univers décalé duquel transpire, quoiqu'on en pense, une généreuse volonté : Celle d'emmener les joueurs au septième ciel.

Ni queue ni tête mais du cul

Des kiss pour cibler ses ennemis aux émouvants déhanchements en passant par les poses lascives des mises à mort, l'ensemble des plans de caméra sont là pour faire monter la pression. Des clichés parfois graveleux qui n'enlèvent rien à la classe naturelle de notre ensorceleuse. Éternellement sexy, souvent drôle, parfois vulgaire mais toujours ultra stylisé, Bayonetta charme malgré un scénario totalement imbitable ! Mais à l'image d'une maîtresse capricieuse, ce n'est pas ce qu'on lui demande tant que l'emballage assure le spectacle. Et pour ça, notre salo... sorcière de service (Je n'invente rien, c'est le titre d'un trophée) a deux obus de poids : Un système de combat excitant et une architecture de jeu à score bien trempée.

Fight Club échangiste

Les premiers affrontements s'apparentent à de véritables partouzes mal chorégraphiées. On se loupe souvent et la belle ne vous le pardonne pas ; au point d'en mourir rapidement ! Sur certains Quick Time Event d'ailleurs, la sanction est sans appel : mort instantanée et rechargement du niveau... Frustration et attente (j'y reviens à la fin du test) est une combinaison qui en lassera plus d'un. Alors autant être clair, Bayonetta est exigeante, et elle va vous faire souffrir. Mais c'est finalement pour mieux vous satisfaire. Outre une myriade de surenchères graphiques durant les joutes, la vraie jouissance du système de jeu réside en un seul mot : Esquive. Une spécialité féminine qui doit être déclenchée pile poil avant l'assaut d'un angelot en rut. La culbute ralentit alors le temps, de quoi déverser tout votre amour de l'enchaînement parfait sur votre proie. Cette perfection est néanmoins entachée de pêchés impardonnables. Pèle mêle : capharnaüm permanent à l'écran, une esquive ardue à maîtriser, une caméra qui peine à se placer ou encore quelques rares ralentissements (l'autoroute dans le chapitre VIII par exemple). On s'en accommode, mais ça pénalise bêtement lors de certaines rencontres, et notamment avec des ennemis inconnus. Ceux-ci sont d'ailleurs classés par type et doivent être crucifiés d'une certaine manière. C'est là par ailleurs que l'on comprend à quel point Bayonetta est un jeu à score à la japonaise, clairement destiné aux hardcore ! En effet, lorsqu'on revient dans les niveaux précédents, les rixes cafouilleuses des débuts laissent place à des joutes d'une véritable technicité, montrant à quel point le "skill" du pratiquant a progressé. Vous l'aurez compris, le réel plaisir d'un Bayonetta vient finalement des scores que l'on améliore à chaque tentative, dans le but d'atteindre la session parfaite !

La chasse aux sorcières

Pour rosser les archanges, notre péripatéticienne de luxe a des dizaines de toys à sa disposition. Le supplice de la vierge effarouchée, la guillotine qui tranche, la roue cloutée qui déchiquette, et j'en passe, sont autant d'instruments de torture jouissifs et dynamiques qui se déclenchent une fois la barre de magie remplie pour un véritable déluge d'effets spéciaux délirants. N'occultons pas les différentes armes telles que le katana, les griffes, les fusils à canon scié, les patins à glace, etc., les différentes formes (la belle se fait panthère, chauve-souris, corbeau, etc. le temps de certains pouvoirs) ainsi que la myriade d'enchaînements (plus de cinquante au final). Pour résumer, Bayonetta, c'est une Ferrari. Elle en a sous le capot mais elle ne vous dévoilera ses charmes qu'après une maîtrise totale de sa conduite. À moins, bien sûr, que vous ne passiez dans les modes de difficultés allégées ; dont la jouabilité, plus tolérante, vous facilitera la vie sans pour autant sacrifier le plaisir. Si ce programme d'une douzaine d'heures est séduisant, il faut concéder quelques sacrilèges, propres à cette version PS3. Sans rentrer dans le débat comparatif avec la version Xboîte, sachez que malgré une 3D réussie, les couleurs plus ternes du jeu déçoivent. Mais le pire reste les temps de chargements récurrents des menus (gestion, pause, sauvegarde, présentation d'un objet etc.) et des cinématiques. Bref, un enfer ! Et entre les niveaux me direz vous ? L'attente vous laisse le temps d'aller lire un verset de la Bible... J'exagère, mais c'est long. Et surtout, ça casse le rythme du jeu. Néanmoins, béni soit Hideki Kamiya (papa de Devil May Cry et Bayonetta), des raccourcis tempèrent ces chargements pour profiter de ces combinaisons d'armes et de l'utilisation de sucettes salvatrices pendant vos cabrioles.

Bayonetta m'a fait visiter le paradis des Beat Them All, je l'avoue sans honte. À contrario, elle m'a aussi montré l'enfer par bien des aspects. Mais comme une amante, qui tire de vous le pire comme le meilleur, on est prêt à se damner pour elle tant elle est capable de vous faire atteindre des sommets de plaisir. Un incontournable du genre, en somme ; auquel certains préféreront sûrement un God Of War, dans un style plus carré, mais nettement moins séduisant... Rendez-vous donc le 8 Janvier 2010 pour la sortie européenne !