C'est toujours utile de le rappeler : n'espérez pas vous retrouver ici dans un vulgaire FPS linéaire et scénarisé. Pas de munitions infinies, pas de scripts outranciers qui déclenchent des crashs d'hélicoptère à tour de bras. Et reprendre sa respiration derrière un muret ne vous soignera pas d'une grave blessure par balles. Non Monsieur, ici, on est entre adultes : pour parler de Call of Duty, ça se passe devant le collège, trois rues plus loin.

Error : unable to find campaign solo files

Vous ne le savez peut-être pas, mais le passif du studio en matière de bugs est lourd. Très lourd. Tellement lourd même, que cette fois-ci, ils ont juré la main sur le cœur que c'était fini, qu'ils avaient arrêté avec ça et qu'ils ne recommenceraient plus. C'est donc probablement pour cette raison qu'Arma III sort aujourd'hui amputé de sa campagne solo principale, qui ne se dévoilera qu'au fur et à mesure de son avancement sous la forme de trois DLC gratuits. Remarquez, c'est une méthode efficace : pas de jeu, pas de bug. Mais ne partez pas tout de suite, car il reste quand même pas mal de missions solo et du multijoueur à se mettre sous la dent, ce qui permet déjà d'apprécier le gameplay de ce nouveau simulateur de guerre.

À vaincre sans péril, on triomphe sans boire

Déjà présentes en partie sur la version alpha, les missions solo permettent de se frotter aux différents aspects du gameplay : combats d'infanterie en milieu ouvert, infiltration de nuit, conduite de véhicules (blindés ou non), virée en hélico, j'en passe et des meilleures. Côté objectifs, c'est très varié. Il faudra tantôt pacifier un village avec des arguments explosifs, tantôt prendre en main un monstre à hélices pour mener des frappes aériennes, ou encore s'infiltrer derrière les lignes ennemies pour semer une jolie pagaille. Certaines missions apportent parfois leur lot de nouveautés, comme la plongée sous-marine. Ceci étant, les ballades sous la surface de l'eau ne sont pas transcendantes. C'est une bonne idée sur le papier mais en l'état, c'est plutôt vide et pas franchement mémorable. Les missions d'infiltration, elles, sont réussies. L'ambiance de nuit est prenante : on rampe silencieusement de buisson en buisson, le front en sueur et la respiration haletante, avant de tomber sur les bottes du soldat qui patrouillait juste-là. Évidemment, l'alarme se déclenche, les coups de feu partent dans tous les sens et le ciel est fendu par les fusées éclairantes qui nous illuminent comme en plein jour.

Les batailles ouvertes n'en sont pas moins prenantes, bien au contraire. Elles permettent des affrontements parfois assez massifs, avec appuis de blindés et possibilité de demander du soutien aérien. Comme dans tout bon jeu militaire réaliste, il faut se jeter au sol au moindre accrochage pour ne pas finir la mission éclopé. On se retrouve alors coincé sous le feu nourri de l'ennemi, avec les balles qui sifflent autour de nous. Les échanges de tir sont tellement réalistes que dans ces cas-là, on a juste envie de rester bloqué en position foetale en attendant l'arrivée d'une grande personne. À ce stade, je dois quand même signaler quelque chose de tout à fait anormal : durant ces missions solo, je n'ai pas rencontré de bug majeur. C'est presque inquiétant.

Un bon coup de polish

Arma III est donc irréprochable du côté de l'ambiance et du réalisme. Les développeurs ont réussi à conserver intactes les qualités de la franchise et ils ont fourni pas mal d'efforts pour améliorer le reste. Par exemple, le gameplay est nettement plus pêchu que par le passé. Tout n'est pas encore d'une efficacité diabolique, mais c'est mieux. Que ce soit les déplacements, le lancer de grenades ou la gestion des positions, tout est plus naturel et moins apathique. Du côté de l'I.A aussi, il y a du mieux. Elle ne parvient plus trop à vous aligner une balle entre les deux yeux à 500 mètres de distance avec une AK-47 rouillée, alors que vous étiez en train de battre Usain Bolt en zigzaguant. Les approches au silencieux sont également devenues envisageables et, si personne ne vous voit à l'œuvre, on vous laissera continuer votre travail.

Military Class Certified

Forcément, toutes ces améliorations rejaillissent aussi sur le multijoueur. Pas de révolution de ce côté-là, mais on reste sur des bases solides qui ont fait leurs preuves. À l'image des précédents volets de la série, on retrouvera donc des modes de jeu relativement classiques (défense de zone, capture de points...), ainsi que quelques bonnes missions en coopération présentes d'emblée mais trop peu nombreuses (4 en tout, c'est léger). Une fois en pleine partie, on se retrouve donc avec un gameplay beaucoup plus adapté au multi, plus réactif et ça fait du bien. Bien entendu, Arma III est également en totale symbiose avec la communauté des moddeurs, et on trouve déjà pas mal de contenu sur le Steam Workshop. Dans le même esprit, l'éditeur de missions est toujours aussi efficace et ses améliorations par petites touches sont toujours bien senties.

Armageddon

Mais Arma III n'est pas parfait. Si l'interface a subi un dépoussiérage salvateur, en revanche, il est toujours crispant d'effectuer des actions simples comme monter dans un véhicule ou dépouiller un cadavre : il faut trouver l'axe exact dans lequel les actions contextuelles vont se déclencher, sinon on tourne en rond pendant de longues secondes. Et sur un champ de bataille, ce genre d'ineptie se paye au prix fort. Autre problème : la conduite des véhicules. Elle ne m'a pas convaincu. Ils ont tendance à braquer trop brusquement ou se mettent parfois à avancer subitement par à-coups.

Techniquement, si le jeu est globalement magnifique, j'ai tout de même remarqué quelques problèmes d'affichage ou des disparitions de polygones. Heureusement, ça reste rare et le rendu du moteur est tellement flatteur pour les yeux qu'on lui pardonne aisément ce genre d'écarts. En revanche attention : Arma III soigne sa réputation de monstre gourmand en ressources. Si le GPU devra obligatoirement avoir les reins solides, le CPU sera aussi fortement mis à contribution pour gérer la grande distance d'affichage du titre. Sans vouloir vous casser le moral, ça tournera de façon erratique avec par exemple cette bécane si vous ne réglez pas les options avec modestie. Pour en profiter sans concession, il va falloir débloquer le compte épargne et commander quelque chose de sérieux. En tout cas, un SSD est appréciable pour minimiser les temps de chargements qui deviennent alors anecdotiques.

Côté bande-son, il faut signaler l'excellent travail fourni pour donner plus de pêche aux coups de feu et aux explosions. En revanche, les musiques sont insupportables et les désactiver dès le départ est un devoir citoyen.

Un pari sur l'avenir

Dans l'état actuel des choses, Arma III est intéressant mais il souffre cruellement de l'absence de sa campagne principale. Si vous achetez le titre maintenant, ce sera donc pour profiter du multi et vous faire la main sur les missions indépendantes. Mais si vous accordez de l'importance au solo, il est urgent d'attendre pour voir ce que la campagne (qui je le répète arrivera progressivement sous forme de DLC gratuits) a dans le ventre, et si elle confirmera nos premières impressions en matière de finition.