Dans la horde de jeux qui sont venus s’attaquer aux joueuses et joueurs derrière leur écran, certains ont été mieux réussis que d’autres et la licence a engendré quelques classiques dans sa longue traînée dont les FPS Alien vs Predator des années 90 et plus récemment avec un jeu qui approche déjà bien les 10 ans (aïe), Alien Isolation. Avec une longue histoire comme la sienne, Alien s’est donc essayé à plusieurs genres et revient aujourd’hui avec un tactical RPG, Aliens : Dark Descent, développé par les français de Tindalos Interactive. La descente est-elle si sombre ? Réponse sous ces quelques lignes.

Dans l’espace, personne ne vous entendra cliquer

Comme le précisait très justement la promotion du premier film de la licence, dans l’espace, personne ne vous entendra crier. Et c’est effectivement avec ce sentiment que démarre l’aventure. Vous incarnez l’administratrice Maeko Hayes, sur la station PioneerI, dont le rôle est de surveiller les allées et venues sur la planète Lethe. Rapidement, la situation va prendre un tournant avec un passager mal intentionné qui va, évidemment, libérer un Xénomorphe dans la station. Et sans surprise, la contagion va rapidement se propager, libérant des hordes de monstres dans l’espace et sur la surface de la planète dont vous avez la charge de la surveillance.

Sans rentrer dans les détails de l’histoire, Aliens : Dark Descent fait le travail avec une trame intéressante à suivre et ponctuée de rebondissements jouant sur les thèmes de la série. Si l’histoire tient, c’est principalement grâce à des personnages dont les personnalités ont été travaillées pour se focaliser sur les relations entre ces derniers. En plus de Maeko, vous serez effectivement toujours assisté par Jonas Harper, la caution militaire du titre.

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Une station et une planète isolée... Qu'est-ce qui pourrait mal se passer ?

Un XCOM version Alien

En effet, Aliens Dark Descent va piocher du côté de XCOM pour son game design et vous serez ainsi en charge d’une escouade de plusieurs soldats (à minima 4) dont l’objectif sera d’infiltrer puis exfiltrer les environnements qui abriteront vos objectifs en essayant de garder tout le monde sur leur deux jambes. Si vous n’êtes pas familiers de la série XCOM, il s’agit de tactical RPG reposant sur des combats exigeant mixés à tout un aspect de préparation au combat et de planification. Ici la formule est la même, car vous aurez accès à votre propre QG permettant la gestion de vos unités : de leur équipement, aux soins qu’il faudra leur apporter en passant par les améliorations technologiques sur lesquelles vous devrez vous appuyer sur le terrain. Et de la préparation, il vous en faudra. 

A la manière d’un XCOM, Dark Descent ne pardonne pas et vous pouvez rapidement vous retrouver submergé par les hordes de Xenomorphes, prêts à utiliser la carcasse de vos soldats pour augmenter la taille de leur population. Ici la grande différence de gameplay vient dans l’abandon d’un système de jeu en tour par tour pour privilégier une action plus directe. Vous déplacez votre unité d’un seul bloc, en temps réel, avec la possibilité d’accéder à un ralenti ou une pause tactique pour prendre des décisions plus stratégiques. Point assez original pour le noter, il est possible de s’exfiltrer entre deux objectifs de mission pour refaire le plein d’équipement ou changer d’escouade. Cet aspect permet d’avoir plus de contrôle dans sa progression et de s’adapter aux circonstances plus facilement pour ne pas perdre trop rapidement…

En plus de vos armes à feu, vous aurez en effet accès à une ribambelle de compétences qui vous aideront à survivre, qu’il s’agisse d’un tir de suppression, la possibilité de lancer une grenade, de poser une tourelle, le tout évoluant selon les classes futures de vos personnages. Ces compétences coûtent des points d’action, qui se rechargent avec le temps. Mais si vous en êtes à devoir tirer dans le tas, c’est probablement que la situation a déjà tourné à votre désavantage.

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C'est ici que tout se joue entre les missions

Des Xenomorphes à la pelle 

Aliens : Dark Descent fait en effet la part belle à l’infiltration en jouant avec le fameux détecteur de la licence. En effet, il faudra au maximum s’infiltrer dans les niveaux sans être repéré par les Xénomorphes car si les premières hordes à vous sauter dessus seront simples à gérer plus la situation se gâtera au fur et à mesure que le temps passe, avec un indicateur de difficulté croissante, inspirée de Risk of Rain. Heureusement, il sera possible d’avoir le contrôle sur cette difficulté en évitant les affrontements, mais aussi grâce à la possibilité originale et bienvenue de s’exfiltrer entre deux objectifs de mission pour refaire le plein d’équipement, changer d’escouade et réinitialiser la hargne de la horde. Cet aspect permet d’avoir plus de contrôle dans votre progression et de s’adapter aux circonstances.

On appréciera d’ailleurs le travail sur l’ambiance globale et parfois claustrophobique du jeu, d’autant plus que les environnements sont souvent sombres. Il faudra jouer de votre lampe torche pour mieux y voir. L’intérêt premier sera de voir net, mais cette lumière permettra de mettre en surbrillance les éléments avec lesquels vous pourrez interagir et ainsi trouver de précieuses ressources ou des journaux permettant d’en apprendre plus sur le lore entourant la planète Lethe.  

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Le calme avant la tempête

Sur le papier, la formule est donc assez carrée et se veut une traduction finalement maligne de l’univers Alien en termes de game design. Pour autant, ce Aliens Dark Descent se prend parfois les pieds dans le plat de sa propre formule avec une approche répétitive en début de mission. Il faudra toujours commencer par se brancher au terminal de carte à l’étage, puis en général accéder aux caméras pour enfin rentrer dans le vif du sujet. De la même manière, mettre en avant l’infiltration avec peu d’outils pour en jouer plombe parfois l’ambiance. On se sent parfois acculé et il sera stratégiquement plus malin de patienter un peu le temps que la situation se calme avant de reprendre la route. Il existe des outils pour attirer les ennemis, mais ils ne sont pas assez nombreux pour rendre l’infiltration plus agréable. Les seules options sont généralement de contourner le problème, attendre qu’il disparaisse ou décider de foncer dans le tas.

La dernière solution n’étant pas toujours adaptée, car il faudra jongler avec un système de stress, emprunté lui à Darkest Dungeon. En effet, plus vos troupes passent du temps sur le terrain et sont confrontées à des situations angoissantes, plus elles se mettront à subir la pression de leur mission. Un fois un seuil de 100% dépassé, ils subiront un malus et cela pourra se produire 2 fois avant que leur état mental ne commence à se fissurer, tout comme vos chances de terminer votre mission à bien. Heureusement, il sera aussi possible de minimiser le stress de toute l’équipe en construisant des abris en mission en isolant des pièces sécurisées pour une petite sieste entre deux attaques de Xénomorphes. Et s’il est trop tard pour quelques traumatismes, il sera possible d’envoyer ses éléments pour une thalasso expéditive dans votre QG, pour rapidement repartir au combat. 

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C'est quand même beau l'espace

Une ambiance réussie, ou presque

On ne pourra donc pas reprocher à Aliens Dark Descent d’avoir voulu faire de la cohérence le moteur principal de son game-design, car tous les outils et tout ce qui fait Alien est inséré dans le jeu de manière crédible et logique. Entre les technologies, les armes et les systèmes, le jeu sait adapter avec brio son matériel original. Les différentes missions vous permettront d’ailleurs de rencontrer presque tous les types de Xénomorphes possibles : du facehugger à la Reine.

Aliens Dark Descent n’a d’ailleurs pas à rougir visuellement car sa direction artistique permet de cacher les aspects plus pauvres de son moteur graphique qui ont tendance à surtout sauter aux yeux lors des scènes plus cinématiques, pourtant indispensables à la mise en place de l’histoire. On notera aussi un level design assez réussi et les environnements, principalement des complexes de la Weyland Yutani, sont agréables à découvrir. Le studio a fait l’effort d’essayer de vous balader dans des complexes aux fonctions différentes et donc de proposer de la diversité dans le carcan proposé. 

L'un des points noirs de ce Aliens Dark Descent, c’est probablement son ambiance sonore. Alors que la saga connaît parfois des thèmes musicaux planant et spatiaux, les compositions ne sont pas véritablement inspirées et n’ajoutent pas vraiment à l’ambiance sinon réussie. Le sound design de la technologie liée à la saga fonctionne très bien, du « bip bip » iconique du détecteur de mouvements jusqu'au bruit des balles du M41A, mais on pestera sur l’omniprésence des phrases balancées par votre chef d’escouade à presque chaque ordre donné. Comme il arrive souvent de changer de cap en pleine trajectoire, cela devient parfois redondant d’entendre les mêmes injonctions en boucle.