Thomas "PMD" Pillon

Saperlipopette, quelle année les enfants ! Arrivée chez Gameblog oblige, jamais je n'aurais eu l'occasion de jouer à autant de jolies choses (ni d'entendre aussi souvent le mot "seufs" d'ailleurs) dans un laps de temps aussi court. Forcément, l'orgie vidéo-ludique qui caractérise ce millésime 2017 aura fait des morts, puisque je n'aurais pas eu le temps de me lancer avec entrain dans les fameux NieR Automata, Horizon Zero Dawn ou encore What Remains of Edith Finch dont on me chante les louanges avec une insistance certaine. Sans parler de ma Super NES Mini qui hurle à plein poumons pour que je la déballe enfin... J'en viendrais presque à espérer un léger ralentissement pour 2018, histoire de rattraper tous ces actes manqués !

TOP

1. Persona 5

Alors, il faut que je vous explique : ce n'était vraiment pas évident. Tout le monde avait beau chanter ses louanges lors de sa sortie nippone, rien n'y faisait. En même temps, Persona et moi avions passé nos vies à nous rater : Persona 3 avait eu raison de moi dû à sa rigidité, et la fameuse version Vita Persona 4 : Golden qui devait me faire voir la lumière m'est tombée des mains au bout de cinq petites heures tellement le jeu n'en finissait pas de ne pas commencer. C'est dire si je regardais de très loin la bête. Plus la planète jeu vidéo s'extasiait devant son nouveau messie, plus je m'imaginais une fois de plus passer à côté d'un J-RPG essentiel. Allez savoir pourquoi, mon côté masochiste m'a néanmoins poussé à choper la galette tant attendue le jour de sa sortie, Steelbook oblige. A peine avais-je donc bouclé le nouvel épisode de Zelda dont il va d'être question dans ce top que je me retrouvais à lancer celui qui devait enfin me réconcilier avec la franchise. Et là, le miracle se produisit.

Entamé en avril, je ne serai finalement venu à bout de ce pantagruélique met qu'au mois d'octobre, c'est dire si les aventures des Phantom Thieves m'auront accompagné tout au long de cet année riche en bouleversements. Est-ce le fait de l'avoir démarré par hasard le même jour que cette rentrée des classes nippone qui m'a fait entrer en symbiose avec le jeu ? Ou bien le génie troublant avec lequel il parvient à nous faire accepter cette routine tokyoïte ? Ou encore cette bande-son complètement dingue qui parvient à nous faire danser lors de chaque affrontement ? Une bande-son par ailleurs ô combien marquante, et qui me donne encore l'impression d'arpenter la moderne gare de Shinjuku alors que je marche dans les merdes de la Gare du Nord... Toujours est-il que Persona 5 et moi sommes enfin entrés en résonance, et telle une histoire d'amour romancée où deux amants se seraient toujours désirés sans jamais se l'avouer, nous roucoulons tranquillement depuis le jour de notre rencontre. Et même après 82 heures (!) de jeu, je me tâte encore à lancer le New Game +, histoire de finir avec plus de quatre prétendantes le jour de la Saint Valentin...

2. The Legend of Zelda : Breath of the Wild

Incroyable. Jamais ne pensais-je être à nouveau surpris par un nouveau Zelda de mon vivant. Autrefois complètement dingue de la licence, je la voyais de plus en plus sombrer dans un refus total de se réinventer, à mon grand désarroi. Depuis The Wind Waker, quelque chose semblait s'être brisé entre nous : la passion brûlante des débuts avait laissé place à une monotone routine qui ne me faisait clairement plus rêver. Alors, après un horripilant Skyward Sword plantant le dernier clou dans le cercueil de la Wii et son motion gaming approximatif, je n'avais que peu d'espoir de voir Nintendo réussir son pari de l'open world.

Et je suis obligé de le reconnaître : il y a des moments dans l'existence où l'on est ravi d'avoir tort. Je n'aurais pas pu mieux me tromper : par je ne sais quel miracle, Aonuma et ses équipes furent touchés par la grâce divine. Méticuleusement systémique, Breath of the Wild parvient pour la première fois en quinze ans à réinventer avec brio la formule Zelda. A bien y réfléchir, Breath of the Wild incarnerait même l'anti-Skyward Sword, le fossoyeur de l'ancien monde, une sorte de Macron hylien. Ouvert, généreux, surprenant, riche : cet épisode réussit à surprendre en permanence sans jamais lasser. Pour la première fois, les clés de la baraque vous sont confiées dès le début de l'aventure, comme une preuve de confiance après tant d'années passées à essuyer le même didacticiel relou au possible. Et quel régal mes amis ! Libre comme l'air, le joueur familier de la saga peut enfin se prétendre explorateur, se forgeant progressivement une expérience où jamais la sensation de progression n'avait été si forte. C'est bien simple : durant des dizaines d'heures, j'ai complètement oublié qu'il fallait faire avancer le scénario, trop accaparé par la richesse de ce fantastique univers. Et tout ça sur WiiU les enfants ! Sur WiiU, en 2017 ! "Dingue ça", comme disait la marionnette de feu Philippe Séguin.

3. Cuphead

Désolé Mario, cette troisième place te revenait de droit, mais il est parfois nécessaire de filer un coup de pouce à un jeune premier que de remettre un prix au vétéran pour l'ensemble de sa carrière. Tant pis pour les heures de recherche intensives passées sur Super Mario Odyssey : Cuphead m'aura fait un tel effet qu'il eût été cruel de ne pas le mentionner. Génial élève passé par les plus grandes écoles que sont Konami période Contra et Treasure époque Gunstar Heroes, le boss rush infusé de run and gun à l'ancienne réalisé par deux frangins prêts à tout pour mener à bien leur incroyable projet m'a frappé en plein coeur. Beau à s'en taper la tête contre les murs, précis, incisif, exigeant, référentiel et constamment surprenant, Cuphead m'aura retourné le cerveau comme rarement. A une époque où il faut remettre la main au portefeuille pour griller ses adversaires lorsqu'il ne s'agit pas de presser bêtement un bouton occupant les deux tiers de l'écran pour avancer, la perspective d'une progression qui mise tout sur l'apprentissage et l'analyse permanente de ses erreurs aura su trouver chez moi un écho plus que favorable. Et tant pis si sa difficulté aura eu raison des moins persistants, tant la balance penche depuis bien trop longtemps en faveur de l'assistanat abusif.

FLOP

1. AER Memories of Old

Dans la série "Poetic Lover du dimanche" AER : Memories of Old a choisi de prendre tout son temps pour finalement brasser le plus de vent possible. Sous des airs de fables indé aux angles saillants, le jeu de Forgotten Key aura oublier de proposer des phases de gameplay où il se passe véritablement quelque chose. En cherchant à tout prix à singer les jeux à succès dont il tente de se réclamer quitte à en devenir relou, AER oublie d'être, tout simplement. Vide, ennuyeux au possible et jamais original, le jeu a heureusement le bon goût d'être relativement court, même si je ne reverrai jamais ces trois heures de ma courte vie.

2. RiME

Avec ses visuels enchanteurs et sa patte graphique chatoyante, j'attendais RiME avec une certaine impatience, et tant pis si ses influences débordent de tous les côtés. Persuadé de vivre un vrai moment de jeu vidéo, je m'élançais vaillamment dans cette épopée solitaire à la poursuite d'une chimère qui m'échappe encore aujourd'hui. Dans une autre vie où je serais capable de synthétiser ma pensée, je me serais sûrement contenté de dire que RiME m'a paru long et chiant. Cet implacable constat s'est imposé à moi au fur et à mesure que le jeu pourtant court n'en finissait pas d'étaler encore et toujours son propos, finissant par ressembler à une crêpe que l'on aurait vainement essayé de garnir avec une simple larmichette de Nutella raclée au fond du pot. Et que dire ces compositions tire-larmes au possible, qui n'auront de cesse de vous enjoindre à la mélancolie... Je vous attends désormais au tournant, Tequila Works !

3. Picross S

Les vrais vous le diront : Picross, c'est la vie. Quelle joie s'est alors emparée de moi lorsque Jupiter choisissait enfin de délaisser la 3DS pour nous proposer sur Switch des centaines de grilles à noircir, des probabilités à calculer par centaines, et des découvertes à n'en plus finir. Malheureusement, la version "S" de cette série si chère à mon coeur n'aura pas su me caresser dans le sens du poil comme cela a pu être le cas auparavant. Peu innovant, délaissant le tactile et ne proposant qu'une quinzaine de grilles en 20 par 15, Picross S s'avère être un épisode bien plat, qui se permet par-dessus le marché de recycler ses 150 grilles pour en faire miroiter 300. Jupiter ferait bien de remettre un peu les pieds sur Terre !


Mon jeu le plus attendu de 2018

Dragon Ball FighterZ

Qu'il aura été difficile de se fixer sur un seul et unique jeu pour l'année qui s'annonce... J'avoue que depuis le trailer dévoilé lors de la conférence parisienne de Sony en septembre dernier, Detroit commence méchamment à me hyper, mais genre bien comme il faut. Malheureusement pour lui, je sens bouillonner mon sang de Sayajin roux à l'approche de la sortie de Dragon Ball FIghterZ. Il faut dire qu'après quinze ans de pseudo-jeux de combats dans lesquels les inputs ne vont jamais chercher bien loin, et où tous les coups se ressemblent d'un personnage à l'autre, la perspective de découvrir un versus fighting 2D signé Arc System Works me donne envie de muscler dès à présent mes pouces. Trouver son main, bosser ses patterns et mériter sa victoire, aucun jeu exploitant la saga culte de Toriyama ne l'avait envisagé jusqu'alors. Il était plus que temps.