Pour une fois, Ubisoft n'a rien à voir dans l'histoire : l'éditeur qui tentait récemment de faire croire qu'un jeu inspiré d'une certaine révolution cubaine n'avait rien de politique (avant d'être rattrapé par la lucidité du directeur narratif Navid Khavari) cède volontiers sa place au studio Tripwire, qui a récemment développé Maneater ou encore les deux épisodes de Killing Floor.

Resituons les faits : la semaine dernière, l'état du Texas modifiait sa législation en matière d'avortement, rendant de fait l'IVG impossible après six semaines de grossesse, qu'elle qu'en soit la raison. La décision a rapidement trouvé un écho national, alors que la Cour Suprême des États-Unis invoquait une procédure complexe pour ne pas immédiatement se saisir de l'affaire.

Pour Gibson le glas ?

Comme bien souvent dès lors que l'on touche de près ou de loin aux droits des femmes à disposer de leur corps, bien des commentateurs ont sauté sur l'occasion pour y aller de leur analyse, et parmi ceux-là se trouve donc le président de Tripwire, John Gibson :

Fier de la Cour Suprême qui proclame la loi texane interdisant l'avortement dès que bat le coeur d'un bébé. En tant qu'artiste, je ne m'aventure pas souvent sur le terrain politique. Mais avec autant de confrères qui prennent la parole pour défendre le point de vue opposé, j'ai pensé qu'il était important de donner mon avis de développeur "pro-vie".

Si une vieille mise en garde affirme généralement que les tweets n'engagent que leurs auteurs respectifs, il n'en fallait pas plus pour que plusieurs partenaires de Tripwire annoncent dans la foulée leur intention de couper les fonds avec le studio de Roswell, à commencer par les contractuels de Shipwright, qui ont œuvré sur Maneater et Chivalry 2 :

Si les choix politiques de chacun leur appartiennent, en faire état publiquement engage ceux qui travaillent avec et pour vous. Nous savons qu'il est difficile pour les employés de Tripwire de s'exprimer, et nous pensons que nous taire ne rendrait pas un grand service aux employés, aux partenaires, et à toute l'industrie du jeu vidéo. En conscience, nous ne pouvons pas continuer à travailler avec l'actuelle direction de Tripwire. Nous allons immédiatement annuler les contrats qui nous lient.

Si les développeurs de Chivalry 2, Torn Banner Studios n'ont pas annoncé prendre le même genre de mesures, ils ont tout de même tenu à rappeler leur désaccord face aux déclarations de Gibson, qui devrait sans doute ne pas refaire état de son conservatisme de sitôt.