Comment pensez-vous que le jeu sera accueilli par les différents publics qui sont plus ou moins touchés directement par son sujet ?

C'est une histoire sur des gens, ce n'est pas une histoire sur la guerre ou sur l'ennemi. Ce jeu parle d'un groupe d'individus, de l'esprit guerrier et de ce qu'ils font les uns pour les autres. Ce n'est pas de la propagande pour les Etats-Unis. Vous comprenez ? Toutes les nations, ou coalitions, ont un Tier One. Ce n'est pas le nom d'une unité dédiée à des taches spécifiques, c'est le niveau de soldats qui sont envoyés en cas de réel problème par une nation. Nous avons donc voulu montrer en quoi cet esprit guerrier fait partie de la nature humaine de ces individualités. Dans ce jeu, les Tier One sont américains mais je pense que l'histoire est universelle. J'en ai beaucoup parlé en interne et à l'extérieur d'Electronic Arts et je veux élargir les perspectives. Car en ce qui concerne Medal of Honor, il ne s'agit pas de la médaille, mais bel et bien de l'honneur. Si vous regardez notre logo, "honor" est le mot le plus gros ! Et l'honneur est ce que tous les guerriers dans le monde partagent. C'est une communité d'individus qui... vous savez... se regardent dans les yeux et savent qu'il y a quelque chose entre eux. Et pour aller plus loin, j'aimerais ouvrir cette perspective et l'explorer dans le futur.

Avez-vous fait jouer de vrais soldats à Medal of Honor ?

Nous avons passé beaucoup de temps avec eux et ils nous ont aidé à créer tout l'aspect narratif pour finalement influencer tous les aspects du jeu. Certains d'entre eux, des vétérans des guerres passées et des soldats encore en activité, s'accordent à dire que ce n'est pas comme dans la réalité. Néanmoins, le jeu dépeint bien ce que ces gens sont. Le titre les représente vraiment et ils pensent que l'essentiel est là. Je n'ai pas dit cela à beaucoup de gens mais sachez qu'à la fin du jeu nous leur avons accordé un espace pour qu'ils puissent dédier ce qu'ils voulaient à leur communauté. A la fin il y a donc un moment où vous verrez des choses qu'ils ont voulu dire à leurs camarades présents et passés.

Ces soldats vous ont-ils permis de montrer tout ce que vous vouliez en terme de techniques et de tactiques de combat ?

C'est amusant car il y a eu des choses que que nous avons faites et ils nous ont dit, c'est peut-être un peu trop, il ne faut peut-être pas aller aussi loin. Inversement, il y a d'autres aspects que nous voulions montrer mais nous leur avons dit, "c'est peut être trop" et ils nous répondaient : "Non, allez-y ! Faites-le" ! Quoi qu'il en soit, nous avons tout fait pour éviter que quiconque soit mis en danger après la sortie du titre. Nous avons gardé dans le jeu cette agressivité caractéristique, ces mêmes mouvements, cette violence dans l'action et cette intensité mais nous ne ferons jamais rien qui montrera exactement comment ça se passe (sur le champ de bataille) ou qui mettrait quelqu'un dans le pétrin.

De quoi êtes vous le plus fier dans Medal of Honor ?

Ohla, c'est dur... Avec la polémique et les news sur le sujet, je pense que les gens ont une vision un peu stéréotypée des soldats Tier One. Avec Medal of Honor, nous avons tenté de dépasser cette vision. Beaucoup pensent que ce sont des gens violents qui ouvrent les portes en tapant dedans à coup de pied et en tuant violemment leurs ennemis. Nous avons essayé de mettre les joueurs dans l'esprit de ces soldats pour comprendre ce qu'ils sont et surtout qui ils sont. Il est clair que eux et nous sommes génétiquement différents (rire), ils sont vraiment bons dans ce qu'ils font. Il sont extrêmement entrainés, ils ont passé leur carrière entière pour devenir ce qu'ils sont et faire face à des hommes aussi performant qu'eux, aider leurs frères d'armes, la patrie, etc. Malgré les critiques, nous sommes très fiers de la dernière partie du jeu dans laquelle on peut voir les dédicaces des soldats disant que nos intentions sont honorables. Nous n'avons rien changé dans le jeu même si nous savions que cela créerait une polémique. Nous ne sommes pas arrivés au bon moment mais encore fois, c'est une histoire sur le point de vue des soldats, réalisée de manière authentique et honorable. C'est ce que nous avons fait. Ce sera à vous, et aux joueurs, de décider si nous y sommes parvenus mais moi, j'en suis fier !

Bio Express

Greg a commencé sa carrière sur l'OS NeXT de Steve Jobs en 1992. Il a ensuite travaillé sur The 11th Hour, Redneck Rampage, Quake II : The Reckoning et Kingpin. Plus proche de nous, il a signé Return to Castle Wolfenstein en 1999 avec le studio Gray Matter, dont il est un des fondateurs, pour le compte d'Activision. Ensuite, il a été recruté par la 20th Century Fox et a sorti en tant que producteur exécutif Buffy The Vampire Slayer et The Simpsons Hit and Run. En 2007, il est producteur sur le fameux jeu de stratégie World in Conflict. Beau palmarès, non ?