Dragonkin: The Banished tente en effet de se créer son propre nid dans le petit monde déjà bien chargé du hack’n slash, ou de l’action-RPG en vue isométrique, ou du Diablo-Like, pour les intimes. Pour cela, il propose des mécaniques relativement neuves dans un genre plutôt bien codifié, le tout avec un univers original plaçant comme principaux antagonistes, on vous le donne en mille, des dragons. Si l’initiative paraît de prime abord louable, force est de constater que, accès anticipé oblige, son studio a encore un long chemin à parcourir avant que son jeu atteigne la forme adulte souhaitée. 

Dragonkin: The Banished, une espèce de Dragon Age à la sauce Diablo

Dragonkin: The Banished nous dépeint un univers dark fantasy où les dragons représentent en quelque sorte des démons : des créatures maléfiques, dont le sang vicié corrompt tout sur son passage. Pour mettre fin à leur règne de terreur, seuls peuvent leur tenir tête de courageux héros appelés des sang-dragons, qui portent donc en eux leur corruption, mais qui s’en servent pour faire le bien. D’emblée, difficile de ne pas dresser un parallèle avec les Gardes des Ombres de Dragon Age. La différence est cependant que ces champions disposent de pouvoirs quasi-divins, capables de balayer d’une seule attaque des hordes entières de monstres. Notre premier contact avec le jeu se fait d’ailleurs via un prologue très musclé, où nous commandons tour à tour les classes que nous pourrons jouer dans l’aventure principale. À savoir le Chevalier, l’Oracle, le Barbare et l’Archère (qui n’est toutefois pas disponible dans le cadre de cet accès anticipé).

Dragonkin Prologue Cinématiques
Le prologue se montre plutôt convaincant niveau mise en scène et présentation de son univers. © Geralt de Reeves pour Gameblog

On nous place donc aux commandes de personnages d’une puissance phénoménale, avec une mise en scène qui donne le ton d’une bataille proprement épique. Ce premier aperçu de Dragonkin: The Banished se montre donc assez spectaculaire, avec des effets visuels qui en mettent plein les yeux. Le jeu en profite ainsi pour montrer une direction artistique très typée dark fantasy, quoique sentant un peu le réchauffé dans le genre hack’n slash. Il affiche cependant de plutôt jolis graphismes, avec un sound design convaincant. Le tout tournait par ailleurs de manière impeccable sur notre configuration portée par une RTX 4080 SUPER, un Ryzen 7 7800X3D et 32 Go de RAM, avec tous les paramètres visuels à fond, sans aucun ralentissement. S’agissant du gameplay, le titre essaie de nous injecter d’appréciables doses de dopamine avec des compétences faisant des ravages dans les armées adverses, mais on sent une certaine forme de mollesse dans leur impact. Toujours est-il que ce prologue est globalement une mise en bouche plutôt compétente pour nous introduire son univers, ses enjeux et ses classes jouables. 

Dragonkin Prologue Gameplay Chevalier
Il nous offre aussi un aperçu des différentes classes du jeu à l'apogée de leur puissance... mais c'est quand même un peu mou. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Après environ une heure de massacre en règle de monstres corrompus par les dragons, entrecoupé de cinématiques plutôt bien ficelées, nous arrivons alors dans le vif du sujet qu’est l’histoire principale de Dragonkin: The Banished. Comme dans tout hack’n slash qui se respecte, on commence donc l’aventure avec un personnage de notre création, de niveau 1. Nous avons opté de notre côté pour l’Oracle, qui fait office de magicienne dans d’autres jeux du genre. Dès lors, la mise en scène prend cependant un sérieux coup. Exit en effet les cinématiques dynamiques du prologue, place à des plans fixes où les protagonistes balancent leurs lignes de dialogue dans une rigidité absolue, ce qui nuit à l’immersion. Nos premiers pas avec notre propre héros commencent donc de manière un peu trop sobre, alors que celui-ci reçoit justement le fameux sang-dragon lui permettant d’avoir les pouvoirs nécessaires pour mater la corruption draconique. Nous apprenons ainsi que les Seigneurs Dragons, autrefois bannis par les champions que nous incarnions dans le prologue, semblent avoir trouvé un moyen de revenir. Notre mission est donc de mener l’enquête et d’empêcher qu’une telle catastrophe s’abatte à nouveau sur le monde.

Des embryons d’idées rafraîchissantes, mais qui manquent de temps d’incubation

Aux commandes de notre sang-dragon fraîchement assermenté, on constate forcément un net écart de puissance par rapport aux héros du prologue. Tout est en effet à refaire pour construire notre personnage, de son équipement à ses sorts. Sur ce point, Dragonkin: The Banished propose d’ailleurs des mécaniques plutôt intéressantes. Nos compétences prennent en effet la forme de joyaux à intégrer dans une grille, que l’on peut combiner entre elles pour ajouter différents effets à nos coups. Nous pouvons par exemple lancer des éclairs qui gèlent également nos adversaires. Il faudra toutefois s’adonner à une sorte de jeu de Tetris pour que tout s’imbrique bien, avec un espace limité qui grandira au fil de notre montée en niveaux. 

Dragonkin Grille Compétences
Le système de grille de compétences a le mérite d'être original. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Celle-ci propose également quelques originalités. Chaque statistique comme l’intelligence ou la force se divise ensuite en différents passifs qui nous apporteront des bonus offensifs, défensifs ou utilitaires comme de la vitesse de déplacement, en fonction des caractéristiques. Sur ce terrain, Dragonkin: The Banished propose donc une certaine liberté dans la façon de construire notre personnage et son build. Notons qu’il est possible de réattribuer nos points de statistique, moyennant toutefois des pièces d’or, contrairement à nos compétences que l’on peut remanier à volonté. 

Outre cette version revisitée de poncifs du genre hack’n slash, Dragonkin: The Banished propose d’autres mécaniques plutôt rafraîchissantes, comme une véritable gestion de la ville de départ qui nous sert de hub. Au fil de notre progression, nous pourrons investir des ressources récoltées pour débloquer différents quartiers, artisans et boutiques, qui nous permettront d’améliorer ou fabriquer/crafter divers éléments comme notre équipement, nos sorts ou encore nos potions. La chose est cependant encore très embryonnaire, de nombreux lieux n’étant pas déblocables dans le cadre de cet accès anticipé. Dernier ajout plutôt bienvenu et cohérent avec l’univers de jeu : la présence d’un familier dragonnet à nos côtés. Un peu comme un Pokémon (pour grossir le trait), nous pouvons choisir son élément de départ, le faire gagner en puissance, et en collecter d’autres à utiliser face à des adversaires plus sensibles par exemple à un type de dégâts donné. Son développement est par ailleurs similaire à celui de notre personnage, avec sa propre grille de compétences et ses propres statistiques. 

Cependant, à part ces nouveautés qui viennent dans une certaine mesure secouer les habitudes des vétérans du genre hack’n slash, on sent un certain manque d’exécution dans l’ensemble de l’expérience proposée par Dragonkin: The Banished. Encore plus qu’en incarnant des champions surpuissants, les combats avec notre personnage se montrent très mous. Nos sorts font certes de jolis effets à l’écran, mais les sensations clavier/souris ou manette en main sont assez pauvres. De même, nous n’avons pas vraiment l’impression de monter en puissance. D’une part, le loot s’avère particulièrement pauvre, avec des pièces d’équipement tombant rarement et avec des bonus peu excitants comme de la vitalité ou des dégâts en plus. Le niveau des monstres se cale par ailleurs systématiquement sur le nôtre. Ainsi, à moins de trouver la bonne combinaison pour construire un build proprement monstrueux, le sentiment de progression se montre globalement peu satisfaisant. Pire encore, les ennemis d’élite et les boss, quoiqu’assez basiques dans leurs patterns, nous infligent des dégâts démesurés et se présentent à l’inverse comme de véritables sacs à points de vie. Enfin, la mise en scène épique et les décors grandiloquents du prologue laissent place dans l’histoire principale à des décors assez ternes de type marais et autres, qui manquent tristement de personnalité, de même qu’un bestiaire assez convenu. 

Dragonkin Gameplay Oracle
Malheureusement, l'exécution d'ensemble laisse encore un peu à désirer... © Geralt de Reeves pour Gameblog

Un majestueux dragon en devenir au milieu de la corruption ?

Bien entendu, étant donné qu’il s’agit d’un accès anticipé, Dragonkin: The Banished a encore du temps devant lui pour pleinement déployer ses ailes draconiques et arriver à maturité. En l’état actuel, le contenu proposé se montre cependant assez limité, malgré la présence d’un système de endgame sur le papier classique, mais efficace. On y retrouve en effet un système de traques et de failles rappelant celui de Diablo 3: Reaper of Souls. On peut cependant reprocher un manque d’originalité à ce niveau, contrairement à ce que le titre entend proposer dans ses mécaniques de jeu. Pour l’heure, à moins que vous soyez un fan inconditionnel du hack’n slash à la recherche d’un peu de sang neuf, il nous apparaît plus prudent d’attendre que son studio peaufine sa formule pour voir s’il peut se montrer à la hauteur d’un potentiel latent, mais encore trop embryonnaire. 

Ceci étant dit, le titre est affiché à 24,99 euros, pour l’heure uniquement sur Steam, ce qui représente un prix relativement modeste, qui pourrait vous motiver à lui donner sa chance. Au moment où nous écrivons ces lignes, nous n’avons pas de date de sortie en 1.0 sur PC, PS5 et Xbox Series inscrite dans le marbre. Il se pourrait donc que Dragonkin: The Banished soit en gestation pendant encore des mois, voire années. Patience est ainsi de mise avant d’être en mesure de rendre un verdict plus complet sur ce jeune dragonnet qui vient à peine d’éclore. En l’état, celui-ci n’a clairement pas encore les épaules assez solides pour faire le poids face à des opposants récents comme Diablo 4 ou Path of Exile 2, sans parler d’autres illustres références du genre plus anciennes.