Six ans après la sortie de The Outer Worlds et cinq ans après son annonce, Avowed marque enfin le grand retour d’Obsidian, un studio réputé pour produire des RPG de très bonne facture. Pour cette nouvelle exclusivité consoles Xbox dans l’univers foisonnant de Pillars of Eternity, la communication autour du titre s’est cependant montrée particulièrement timide à son égard. À tel point qu’elle semblait quelque part en minimiser le véritable potentiel. Si nous ne connaissons pas encore le fin mot de l’histoire, nous avons cependant passé assez de temps dans les Terres Vivantes pour lui accorder le crédit qui lui est véritablement dû. Voici donc notre avis préliminaire sur la version PC de ce jeu qui représente en réalité bien plus qu’un simple « Skyrim-like » sans âme.
Pour rappel, Avowed sortira le 18 février sur PC (via Steam, l’Epic Games Store et Battle.Net), Xbox Series et le Game Pass. Il arrive donc pendant un mois déjà très chargé en grosses sorties. Cependant, ne vous y détrompez pas : contrairement à ce que l’on pouvait penser à son égard, il dispose de nombreux arguments pour mériter votre attention, surtout si vous adorez comme votre serviteur les RPG profonds, où l’aspect « jeu de rôle » et l’impact de vos choix sont prépondérants, mais pas seulement. Bienvenue dans les Terres Vivantes pour en apprendre plus sur ce nouveau jeu qui porte définitivement la patte d’Obsidian, Émissaires !
Pillars of the Avowed
Pour être honnête, même après avoir essayé le jeu en avance et découvert ses premières heures, j’étais quelque peu sceptique vis-à-vis d’Avowed. Dans ses présentations et trailers, le titre semblait quelque peu « fade », ou du moins apparaissait comme un RPG « lambda », avec assez peu de profondeur. Maintenant fort d’une trentaine d’heures à mon actif et en ayant exploré environ les ¾ du titre, j’ai eu un aperçu un peu plus conséquent de ce qu’il vaut vraiment, et ce nouveau titre d’Obsidian cachait définitivement bien son jeu.
En pratique, Avowed s’inscrit dans l’univers de la licence C-RPG Pillars of Eternity (pour beaucoup le digne héritier des légendaires Baldur’s Gate de BioWare), mais avec un gameplay s’inspirant de titres tels que The Elder Scrolls ou The Outer Worlds. C’est donc un action-RPG en monde ouvert (ou ici plutôt semi-ouvert) en vue à la première ou troisième personne. Avec un peu plus de recul par rapport à nos précédentes previews, j’ai le plaisir de vous annoncer que le titre est un agréable amalgame des deux formules.
D’un côté, nous avons en effet un aspect « jeu de rôle » vraiment profond, fort d’une écriture de qualité dont Obsidian a le secret. De l’autre, nous avons un gameplay faisant la part belle à l’action et à l’exploration, qui se montre bien plus intéressant qu’il n’y paraissait dans les présentations qui lui étaient dédiées. Notre personnage, que l’on peut créer de toutes pièces, est pour rappel un Émissaire de l’empire Aedyrien, qui cherche à coloniser la région sauvage des Terres Vivantes. Notre mission principale est d’enquêter sur un étrange et sinistre mal qui ronge ces contrées. Celles-ci accueillent déjà différents peuples bien implantés, qui y cherchent une sorte d’asile loin des lois et de la politique. D’emblée, notre présence est vue d’un très mauvais œil par les autochtones. D’autant plus que nous sommes ce que l’on appelle un « Divin », un être touché par un dieu à la naissance. Notre avatar porte ainsi des marques bien visibles en rapport avec cette divinité. Ce qui est vu comme une morbide curiosité par les autres, notre espèce étant quasiment éteinte. De plus, les dieux n’ont pas très bonne presse dans ce monde, car responsable de nombreuses tragédies.

L’univers de Pillars of Eternity s’était déjà illustré en abordant des thèmes particulièrement profonds comme notre rapport au divin, à la mortalité, à l’oppression et à la loyauté, avec les dilemmes moraux que cela implique. Avowed est bien le digne représentant de cet héritage : les décisions prises par notre personnage dans l’histoire principale ou dans des quêtes secondaires auront indubitablement un impact sur le monde qui nous entoure, en bien comme en mal. Ainsi, et pour le plus grand plaisir des amateurs de RPG où nos choix sont au cœur de la narration, il est tout à fait possible d’incarner un antagoniste, et non un héros du récit. Et tout cela aura des conséquences notables sur les Terres Vivantes que nous foulons. À la suite de différentes quêtes, nous en avons personnellement constaté les répercussions directes. Par exemple, j’ai choisi d’exercer ma vengeance sur un opposant au régime de mon empire qui avait essayé de me tuer (surtout parce que son armure était très alléchante pour mon build, on ne va pas se mentir). Sauf que ses camarades ont eu vent de la chose, et ont pendu un ami aedyrien rencontré plus tôt dans l’aventure. De telles illustrations sont légion dans Avowed, et cela représente clairement l’une de ses plus grandes forces pour nous raconter une histoire aussi cohérente que prenante.

Comme dans les précédents jeux d’Obsidian, nous pourrons également avoir à nos côtés des compagnons de route. J’en ai rencontré trois sur les quatre présents en tout. Là encore, le studio nous gâte d’une écriture solide, avec des personnages profonds disposant d’un caractère propre. En fonction de nos choix et de leurs opinions, ils réagiront chacun de manière radicalement différente. Cependant, même s’ils peuvent totalement désapprouver certaines de nos décisions, je n’ai pas encore découvert s’il est possible de les offusquer au point qu’ils quittent définitivement le groupe. S’agissant des autres PNJ, le constat est cependant moins reluisant. Leurs visages sont en effet tirés de la dizaine de modèles utilisés pour la création de notre personnage. On voit donc assez rapidement un aspect « clonage » qui casse l’immersion et tranche avec le reste du jeu. D’autant que ceux-ci se montrent très robotiques dans leurs expressions faciales et gestuelles, ce qui donne un côté assez « archaïque » dans nos interactions avec eux.

Une perspective action-RPG bien plus convaincante qu’escompté
Malgré une narration dictée par nos choix prenant une part prépondérante du jeu, Avowed ne délaisse pas son aspect action-RPG pour autant. Obsidian nous propose en effet un juste équilibre entre le côté « jeu de rôle » qu’il apprécie tant, et un gameplay plaisant pour ne pas rendre notre exploration des Terres Vivantes monotone. Comme dans notre façon d’incarner notre personnage, le titre nous propose une grande liberté dans la manière de le développer. J’ai sur ce terrain opté (sans grande surprise) pour un build plutôt centré sur la Dextérité et la furtivité, à savoir spécialisé dans le maniement ambidextre d’armes légères comme les dagues, les épées ou les lances, ainsi que sur les armes à distance comme l’arc, le fusil ou les double pistolets. Cela s’est traduit dans les combats par un gameplay particulièrement nerveux faisant la part belle aux attaques rapides, aux coups critiques à foison, et aux esquives pour éviter les assauts adverses.

Durant les premières heures de jeu, j’avais vraiment peur que cette partie d’Avowed soit fade et ennuyeuse. Avec quelques niveaux et nouvelles compétences, j’ai finalement été agréablement surpris par la nervosité de l’ensemble. On prend en effet toujours un certain plaisir à engager des ennemis et virevolter au milieu d’eux dans un ballet de lames ou de projectiles, grâce à des animations et un sound design ne manquant clairement pas d’impact. Tout cela n’est ralenti seulement que par une barre d’endurance qu’il faut bien gérer pour ne pas se retrouver en mauvaise posture. Ceci étant dit, à moins d’une surprise dans les derniers segments encore inexplorés du jeu, le bestiaire se montre assez limité, tant dans la forme que dans ses patterns. On retrouve en effet peu ou prou les mêmes modèles d’unités et les mêmes types d’attaques, avec une IA globalement pas très futée. À noter que j’ai fait le jeu en Difficile (l’avant-dernier niveau de difficulté). De manière globale, nos adversaires ne présentent une réelle menace que lorsqu’ils nous submergent par leur nombre, ou si nous nous aventurons dans des zones où ils sont de plus haut niveau que nous. En effet, Avowed ne dispose pas d’un système d’équilibrage du niveau de nos ennemis par rapport au nôtre. Si notre envie d’explorer nous mène à croiser des créatures bien trop puissantes pour nous, il ne faudra donc blâmer que nous-mêmes s’ils nous éliminent simplement en éternuant.

Heureusement, nous pouvons également compter sur nos compagnons dans les combats pour nous épauler. Ceux-ci disposent chacun de compétences uniques, qu’ils utiliseront de leur propre chef, ou en fonction de nos ordres via une « roue d’action » similaire à des titres tels que Mass Effect ou Dragon Age The Veilguard. Ils se défendent en tout cas plutôt bien, mais peuvent également tomber si la situation tourne mal. Et leur absence se ressent assez rapidement, tant leurs capacités sont utiles et surtout parce qu’ils ne sont plus là pour encaisser les coups à notre place. À l’image de sa narration, le gameplay d’Avowed s’est donc montré plus profond que je ne le pensais de prime abord.

Des Terres Vivantes aussi belles que généreuses à explorer
Terminons ce premier tour d’horizon avec un point sur lequel Avowed s’était montré un peu plus prolixe dans sa communication : sa direction artistique et sa façon d’aborder un monde ouvert, ou en l’occurrence semi-ouvert. Schématiquement, le titre se découpe (de ce que l’on en sait pour l’instant), en quatre zones à explorer. Chacune dispose d’une identité visuelle vraiment unique. La première région du jeu arbore un décor côtier et forestier bucolique, tandis que la seconde rappelle à s’y méprendre l’ambiance délicieusement dérangeante de Morrowind avec ses tons plus sombres et ses improbables structures fongiques. La troisième partie, dans laquelle je suis actuellement, se présente quant à elle comme une terre désertique jonchée d’énormes agglomérats de cristaux.

Chaque segment du jeu dispose en tout cas d’un point commun : une qualité graphique franchement solide, avec des textures aux détails de très bonne facture, le tout porté par l’Unreal Engine 5. On aurait cependant aimé que les PNJ disposent du même degré d’attention, pour pleinement nous immerger dans ce monde assez atypique que sont les Terres Vivantes. Le tout tournait quoi qu’il en soit parfaitement avec tous les paramètres à fond, Ray Tracing inclus, sur ma configuration, notamment grâce au plein support du DLSS, ou du FSR pour les cartes graphiques incompatibles avec la solution d’upscaling de NVIDIA. Sur Xbox Series X, vous devriez également en profiter dans de très bonnes conditions, le tout à 60 FPS constants. Gageons que la Series S devra cependant faire quelques concessions pour assurer un bon mélange entre performances et qualité visuelle. Pour finir sur l’aspect technique, j’ai relevé assez peu de bugs, mais en revanche fait les frais de plusieurs crashes intempestifs forçant à relancer le jeu, mais aussi à remapper systématiquement mes touches au clavier/souris. Celles-ci ne s’enregistraient en effet pas de manière définitive. En espérant que tout cela sera corrigé dans le jeu final.
Autre élément qui m’a globalement agréablement surpris : l’exploration de ces différentes régions se montre globalement satisfaisante. À notre arrivée, la carte de chaque zone est entièrement vierge, et c’est à nous de la remplir. Aucune tour ou point d’interrogation ne nous prendra par la main, et la mini-map ne nous aiguillera pas vers des lieux notables à proximité. C’est donc sur nos deux petites jambes et avec notre curiosité naturelle que nous ferons la lumière sur les mystères qui nous attendent. Et le monde d’Avowed regorge littéralement de choses à découvrir, au point qu’on ne s’ennuie quasiment jamais en se baladant. Ce notamment grâce à une appréciable verticalité et un aspect « plateforme » assez solide, notre personnage s’accrochant aisément au moindre rebord pour escalader et atteindre certains recoins bien cachés, avec souvent comme récompense des coffres renfermant de bien beaux trésors.

Au-delà de l’excitante promesse de butins uniques à récupérer, Avowed nous encourage à explorer les Terres Vivantes dans ses moindres recoins avec moult ressources à récolter pour améliorer notre équipement ou fabriquer divers éléments. Il le fait cependant sans nous surcharger de manière déraisonnable. Pour renforcer nos armes et notre armure, il faut par exemple en tout et pour tout prendre en compte cinq composants, dont seulement deux à utiliser en fonction de l’objet concerné. De même, les ingrédients nécessaires à la fabrication de potions et nourritures sont peu nombreux, pour ne pas compliquer le craft outre mesure. Le titre a également eu la riche idée de n’accorder un poids qu’aux armes et à l’armure. Ainsi, vous pouvez avoir dans votre sac des millions de champignons et ne pas être handicapés dans vos mouvements. Un choix que l’on approuve totalement, et qui épargne la perte de temps superflue d’avoir à constamment gérer son inventaire comme dans un certain Kingdom Come Deliverance 2.

En définitive, Avowed est beaucoup plus qu’un simple « Skyrim-like » que nous vendait la communication à son sujet. Son gameplay offrant une certaine liberté s’est montré bien plus satisfaisant que ce qu’on pensait, et l’exploration des Terres Vivantes est un plaisir tant pour les yeux que pour les avides chercheurs de trésors que nous sommes. Enfin, le titre brille surtout par sa narration et son écriture, avec un aspect « jeu de rôle » véritablement prenant et porté par des dilemmes moraux profonds comme Obsidian en a le secret. Il nous reste cependant à découvrir le fin mot de la proverbiale histoire pour porter un jugement définitif sur ce point. Quoi qu’il en soit, voici définitivement un RPG qui mérite qu’on s’y intéresse, et une fort agréable surprise pour marquer le début d’une année 2025 qui s’annonce très solide du côté des écuries Xbox.