France et Paris, théâtre historique

Dontnod et son Paris du futur sont une exception dans un large panel de jeux qui préfèrent eux se tourner vers le passé (ou le présent), et pour cause, Paris est une ville pleine d'Histoire. C'est d'ailleurs encore plus le cas quand on traite de la France dans son ensemble. Nous parlions des jeux de course et de sport il y a peu, mais la France et sa capitale sont surtout représentées dans un genre bien particulier : les jeux "Historiques". Très souvent liés à la guerre malheureusement...

Triste Histoire diront certains, très représentatif des vices de l'humanité, un tant soit peu idiote et qui cherche très souvent à s'entretuer pour de bêtes raisons, mais les faits sont là. Dans ces jeux historiques, de guerres ou non, nous pouvons à la fois inclure des shooters classiques type FPS et TPS, mais aussi des jeux de stratégie, très présents sur PC notamment. Dans ce dernier cas, cela se fait souvent par l'intermédiaire de campagnes solo des plus longues, mais aussi des plus documentés.

Avec des titres comme Napoleon : Total War, ce sont des pans très forts de l'Histoire de France que les joueurs peuvent revivre et/ou découvrir. Même si dans ce très bon Total War, les joueurs sont invités à suivre le Général Bonaparte dans ses campagnes extra-muros, la France et Paris restent bien présents, et les français sont au coeur du jeu. Dans un autre registre de RTS et Gestion, Civilization V, en vous proposant de jouer avec les français, vous pousse à la victoire culturelle. Par là même, le jeu insiste sur l'importance de la culture française, et de son impact de par le monde. Mona Lisa est au Louvres de Paris, pas ailleurs !

Pour autant, et c'est bien dommage, dans la catégorie jeux de guerre et/ou historiques, les softs les plus présents sont les jeux de tirs. Aujourd'hui très populaires, ils ont tendance maintenant à se tourner de plus en plus vers la science-fiction et les éléments futuristes afin d'essayer de se renouveler. Les très récents coups de poker d'Activision que sont Destiny et Call of Duty Advanced Warfare en sont la preuve indéniable, même si pour ma part, Far Cry 4 et l'Himalaya sont bien plus enchanteurs. Ce renouvellement s'explique notamment par une surexploitation des époques de la Première et de la Seconde Guerre Mondiale, où la France est un des pays centraux.

Ainsi donc, un jeu de tir évoluant dans un contexte "World War" ne peut pas réellement faire l'impasse sur la France et Paris. Et ces jeux sont très nombreux ! Par exemple, les trois premiers Call of Duty tournent tous de près ou de loin autour du D-Day, Débarquement en Normandie, lors de la Seconde Guerre Mondiale. De même pour les premiers Medal of Honor. Le point de vue de l'histoire n'est pas forcément français, mais le contexte du conflit Franco-Allemand est bien là. D'ailleurs, Call of Duty Modern Warfare 3, tout comme Battlefield 3, n'hésiteront pas par la suite à réutiliser la France, mais dans un contexte plus moderne et dénué de tout aspect historique. Les afficionados de multi se souviendront donc de la map "Metro" de BF3 et de son Paris assez bien retranscrit d'un point de vue architectural contemporain.

Si l'on s'en tient toutefois aux véritables faits historiques liés aux Guerres Mondiales, on peut trouver des jeux qui essayent d'en tirer parti de façon originale. Entendez par là, sans proposer un énième FPS Pop-Corn comme on en a maintenant toujours l'habitude, même si les premiers CoD étaient très bons. Parmi ces jeux, on retrouve The Saboteur, de Pandemic Studios dont nous allons parler comme promis plus haut.

Le dernier titre de Pandemic nous permettait d'incarner Sean Devlin, jeune pilote de course Irlandais, lors de l'Occupation de l'Allemagne Nazie à Paris. Or, ici point de FPS, ni même le point de vue d'un soldat, mais bien celui d'un résistant ! La résistance et la vie civile lors de la Seconde Guerre Mondiale sont en effet très peu exploitées, aussi bien dans les jeux qu'ailleurs. De tête, seul Velvet Assassin (assez médiocre) et The Saboteur, entrent dans cette catégorie. Les aventures de Sean Devlin étaient plutôt risquées comme concept et proposaient donc une vision unique et originale de la Seconde Guerre Mondiale. Cela dit, le titre n'était pas réellement fidèle à la réalité : Paris et la France qui tombent après seulement trois mois de conflit entre les mains de l'Allemagne Hitlérienne, la capitale française absolument pas à l'échelle avec la majorité des monuments regroupés au même endroit, ou encore des facilités géographiques comme la ville du Havre ou la Lorraine à quelques kilomètres de Paris seulement.

On peut comprendre la mise en place par les développeurs de ce genre de contraintes pour permettre une plus grande variété des décors, et au-delà de ça, les joueurs étrangers n'y ont vu que du feu. Le jeu de Pandemic était malgré tout vraiment bon et proposait de bonnes idées. Notamment une ville de Paris tout en noir et blanc et à laquelle vous deviez rendre ses couleurs, à l'image d'un Okami ou d'un Prince of Persia, en sabotant les activités et infrastructures des nazis. Un Open-World Parisien un peu fantaisiste par moment, pas forcément des plus réalistes, mais qui reste encore aujourd'hui très sympa à faire ou à refaire, et qui peut miser sur son originalité et son contexte de la résistance pour plaire à ceux qui ne l'auraient pas encore essayé. Merci Pandemic !

Dans un registre bien différent, mais tout aussi original, on retrouve le récent Valiant Hearts, ou Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre en bon françois. Le titre d'Ubisoft Montpellier, réalisé grâce au fameux UbiArt Framework, sublime moteur de Rayman Legends ou encore de Child of Light, nous propose lui le contexte de la Première Guerre Mondiale. Inspiré de lettres de soldats et de leurs familles, le titre nous plonge dans une histoire certes fictive, mais très touchante par moment, et qui mise beaucoup sur ce qu'est la guerre d'un point de vue humain.

Autrement dit, sans lourdement insister sur l'aspect PAN PAN BOUM BOUM toujours mis en avantad nauseam dans de nombreux shooters, mais sur les à-côtés de la vie des Poilus : une très bonne chose en somme. La patte graphique joue beaucoup dans l'immersion, et le jeu est accompagné de plusieurs documentations pour étayer les faits dont il traite, même s'il se permet quelques libertés à ce niveau. D'un point de vue vidéo-ludique pure, le jeu peut paraître simple et répétitif, mais là encore, son originalité prime avant tout et permet de traiter d'un sujet complexe de manière unique et artistique. Une bien belle manière de commémorer le centenaire de la Grande Guerre de la part d'Ubi !

Et après Valiant Hearts, la transition est toute trouvée vers la série historique majeure d'Ubisoft, Assassin's Creed. En cette fin d'année, l'éditeur français nous propose de découvrir le Paris de la Révolution dans Assassin's Creed : Unity. Il s'agit là à n'en pas douter de la meilleure reconstitution de la ville de Paris à ce jour, avec des monuments comme Notre-Dame modélisés à l'échelle 1 pour 1. Félicitations au passage à Caroline Miousse, Level Artist à Ubisoft Montréal, qui aura mis près de quatorze mois pour recréer la Cathédrale de Paris sans jamais y être allé auparavant, et le résultat est tout simplement saisissant ! Alors oui, l'Histoire avec un grand H n'est pas forcément respectée entièrement, scénario de fiction oblige, mais la qualité de la ville de Paris, à la fois sur sa population, son ambiance et son architecture, impose le respect et reste extrêmement fidèle par rapport aux archives d'époques. Ubisoft a donc mis la barre très haute pour quiconque voudra s'attaquer à un Open-World à Paris à partir de maintenant.

Quand on se rappelle des Razmoket à Paris sur PS1 et que l'on voit AC Unity treize longues années plus tard, le résultat est sans appel ! L'avancée technique offerte par la Next-Gen vient lentement effacer le besoin de tricher et de solliciter subrepticement l'imagination des joueurs, comme ce que nous avons pu voir auparavant dans Tomb Raider. A tel point que le Moteur et l'Environnement 3D d'Assassin's Creed Unity, sans le reste du jeu, seront utilisés à des fins universitaires par Laurent Turcot, professeur d'Histoire à l'Université du Québec à Trois-Rivières au Canada, et qui a travaillé comme consultant externe sur Unity. Le début de l'enseignement augmenté à l'Université, c'est grâce à l'industrie du jeu vidéo, à Ubi, mais aussi à Paris...

Enfin, vous le savez forcément depuis qu'Ubi a officiellement communiqué dessus, Assassin's Creed Unity nous plonge succinctement dans le Paris de la Seconde Guerre Mondiale grâce à des failles temporelles, faisant écho à The Saboteur et faisant suite aux énigmes d'Assassin's Creed II qui en parlaient déjà beaucoup.

On peut donc espérer qu'avec un tel jeu blockbuster et son influence sur l'industrie, Ubisoft arrive à renforcer l'image française dans le jeu vidéo et les médias culturels en général. Tout cela en donnant des idées à d'autres, à l'image de ce professeur d'université (voir vidéo ci-dessus). Pourquoi ne pas essayer de proposer d'autres idées et jeux ambitieux se déroulant en France et/ou à Paris, ce qui nous changera un peu de New York et Los Angeles, diantre...