2013 : La consécration


Au nom de la liberté

Après plusieurs mois d'absence, la nouvelle version de Final Fantasy XIV, A Realm Reborn, s'ouvre aux joueurs en août 2013. Le travail réalisé par Naoki Yoshida et ses équipes est tout simplement incroyable. En à peine trois ans, ils ont été capables de créer un nouveau monde persistant, beau et stable tout en continuant à corriger la version défectueuse de Final Fantasy XIV.

En 2010, la presse était unanime concernant l'état désastreux de Final Fantasy XIV 1.0. En 2013, cette même presse vantait à l'unisson les qualités de Final Fantasy XIV : A Realm Reborn mais également la qualité du travail exceptionnel réalisé par ses créateurs.

Cette histoire aurait pu se terminer ici, mais Naoki Yoshida n'a pas uniquement ramené Final Fantasy XIV d'entre les morts, il a réussi à en faire l'un des jeux en ligne massivement multijoueur les plus joués à travers le monde, si ce n'est le plus joué aujourd'hui. Oui, enfin un vrai concurrent au géant World of Warcraft !

En effet, depuis 2013 Yoshida n'a pas chômé et Final Fantasy XIV continue d'être alimenté en contenu à un rythme particulièrement soutenu. Les patchs et les mises à jour se succèdent afin de proposer toujours plus d'activités aux joueurs. Ainsi, un joueur de A Realm Reborn peut très bien suivre le scénario principal ou affronter les bêtes primordiales, des invocations emblématiques de la saga Final Fantasy. S'il n'est pas d'humeur belliqueuse, il lui est possible de se lancer dans de la récolte et de l'artisanat à haut niveau, avec des mécaniques de jeu complètement remaniées par rapport à la version 1.0. S'il n'aime ni l'artisanat ni les affrontements, il peut simplement s'occuper de sa maison comme dans un Animal Crossing, participer à de nombreux mini-jeux dont le Triple Triade (un jeu de carte introduit dans Final Fantasy IX) au Gold Saucer ou encore prendre part à des courses de Chocobo.

Ce sont d'ailleurs les joueurs qui en parlent le mieux :

Il y a tant de contenus additionnels, tant de patchs, tant de choses à faire que mes amis et moi, on ne s'est jamais ennuyés en trois ans.

Voici ce que m'a confié une jeune allemande de 22 ans venue avec sa compagne et sa Compagnie Libre, Heap of Trouble (l'équivalent d'une guilde de joueurs), au Fan Fest 2017 organisé à Francfort. Elle a d'ailleurs insisté sur ce point.

Dans Final Fantasy XIV, il est possible de se marier que l'on soit un couple hétérosexuel ou homosexuel, ce qui est plaisant car beaucoup de joueurs n'incarnent pas un personnage de leur sexe. Ce qui est surtout agréable, c'est que la communauté de Final Fantasy XIV est très ouverte et ne juge personne à ce sujet.

C'est ce qui fait la force de Final Fantasy XIV : A Realm Reborn, cette liberté que cherchait Tanaka mais qu'il n'a jamais su insuffler au jeu, Yoshida a su la cristalliser et l'intégrer pour donner naissance au titre que les joueurs adorent. Cette liberté, que ce soit en termes d'activités, de rythme ou de choix, est au coeur même du succès de Final Fantasy XIV. Le monde de Final Fantasy XIV est fait de telle sorte que chaque joueuse et chaque joueur peut y trouver une place qui lui convienne, peu importe le rôle qu'il souhaite incarner.

Un jeu en ligne traditionnel obligerait à faire un choix entre des rôles offensifs ou défensifs lors de guerres de faction. De son côté, Final Fantasy XIV permet à un joueur de prendre le rôle de designer, de promoteur immobilier, de combattant professionnel, de soigneur spécialiste ou encore d'acteur dans une troupe de théâtre. Car oui, des joueurs se sont organisés et se produisent plusieurs fois par mois devant d'autres joueurs, pour leur faire vivre des représentations théâtrales virtuelles. Grâce aux efforts réalisés par Yoshida, les joueurs se sont entièrement appropriés Final Fantasy XIV pour en faire leur propre terrain de jeu, qu'ils aménagent avec les éléments que leur fournissent les équipes de Square Enix par le biais de mises à jour régulières. Final Fantasy XIV n'est pas un MMORPG, c'est "leur" MMORPG.

Baleines et abonnements mensuels

Aujourd'hui, Final Fantasy XIV : A Realm Reborn compte plus de 6 millions d'abonnés et un peu plus de 327.000 joueurs actifs à travers le monde. Ça fait beaucoup de joueurs qui sont en retard tous les soirs pour le dîner !

Malheureusement, il n'est pas possible d'obtenir les statistiques concernant World of Warcraft, son concurrent direct. Mais on sait qu'après la sortie de sa nouvelle extension, Legion, ce dernier a flirté avec les 10,1 millions d'abonnés d'après les dires de Tom Chilton, game designer pour World of Warcraft, dans une interview accordée au magazine polonais Pixel et rapportée par le site Polygon.

Beaucoup de chiffres pour expliquer la position importante de Final Fantasy XIV : A Realm Reborn sur le marché du MMORPG. Avec World of Warcraft, ce sont les deux derniers titres capables de comptabiliser autant de comptes créés, et encore actifs, pour des jeux en ligne massivement multijoueur avec un abonnement payant.

À une époque où le "tout gratuit" est devenu la norme et où les expériences courtes et compétitives comme celles offertes par League of Legends ou encore Overwatch sont de plus en plus plébiscités par les joueurs, comment font-ils pour justifier un tel investissement mensuel ?

La réponse se trouve auprès de Yoshida, mais également auprès des joueurs. Dans une interview accordée au site develop-online.net, Yoshida développe l'argument suivant :

Un MMORPG implique des coûts de développement extrêmement élevés, une équipe conséquente et un déploiement régulier et constant de mises à jour. Afin d'assurer un salaire décent à nos équipes de développement et de garantir le développement de contenu additionnel sur le long terme, le système d'abonnement permet d'obtenir une source de revenus stable, ce qui est préférable pour un titre comme Final Fantasy XIV, plutôt qu'un système de micro-transactions.

En effet, un système de micro-transaction ne permet pas d'assurer des revenus constants sur les moyens et longs termes et n'aurait pas permis le financement de l'extension Heavensward ni celle de Stormblood. Les revenus liés à des micro-transactions pouvant fluctuer énormément.

Comme l'explique l'agence de gestion de données DeltaDNA, les revenus liés à des micro-transactions dépendent principalement du comportement des "baleines", les 5% de joueurs qui sur-consommeront suffisamment de contenu pour financer les expériences de jeu gratuites des 95% restants. Les dépenses d'une baleine varient entre 100 et 1.000 dollars dépensés en fonction des jeux et des joueurs. Dès l'instant où ces 5% ne consomment plus, le titre n'a plus de financement. Le risque est beaucoup trop grand pour un jeu de l'envergure de Final Fantasy XIV.

L'abonnement mensuel permet également de préserver l'équilibrage de ce type de jeu vidéo massivement multijoueur où la compétition a tant d'importance.

Je préfère payer un abonnement mensuel car au moins je sais que tout est accessible directement dans le jeu. Tout le monde est logé à la même enseigne et ça évite de créer des différences entre joueurs payants et gratuits.

Voilà ce que me confiait un joueur allemand déguisé en Hildibrand, un détective encore plus célèbre que Sherlock Holmes dans Final Fantasy XIV.

Cependant, Naoki Yoshida reste conscient du statut presque exceptionnel de Final Fantasy XIV et de la position de son jeu par rapport à d'autres expériences multijoueur en ligne comme il l'explique à la suite de son interview pour develop-online.net :

Les MMORPG vont vivre des temps difficiles lors de la nouvelle décennie à venir, les joueurs commencent déjà à vouloir de nouvelles expériences de jeu. Nous continuons de développer Final Fantasy : A Realm Reborn comme si c'était le dernier représentant de cette génération de MMORPG. La prochaine génération apportera un genre complètement inédit de MMORPG.

Avec la nouvelle extension Stormblood, prévue pour le 20 juin 2017, et encore beaucoup d'autres surprises à venir, on a hâte de voir ce que Naoki Yoshida nous préparera pour le futur de son jeu et du MMORPG en général. Il est clair que nous vivons un moment charnière dans l'histoire du genre, et que cet opus qui aura connu grandeur et décadence aura su gagner ses gallons dans l'histoire de notre média.


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