À l'occasion de la Nations Cup, nous avons pu échanger avec le directeur esportif de PUBG : Jake Sin, qui opère à Seoul. Il nous a parlé de la vision de PUBG Corporation, de l'événement ainsi que des défis du Battle Royale dans l'Esport.

En quoi était-ce important pour vous de créer une Coupe des Nations ?

Pour nous, la Coupe des Nations est un concept unique qui, à notre avis, plaira à une large audience. Car tout le monde a une nationalité et on se diriger naturellement vers l'équipe de son pays quand on en voit une dans une compétition. Je pense que l'un des plus grands mérites, ou attrait d'un jeu Battle Royale eSport, et de PUBG en particulier, est qu'il y a tellement d'équipes, et tellement qui jouent en même temps, que dès que l'on en trouve une que l'on soutient, cette équipe raconte l'histoire du match et du tournoi, en quelque sorte. Et c'est un type de contenu que les gens apprécient le plus. En conclusion, on a voulu donner une raison à tous et à toutes d'avoir leur équipe à soutenir et d'être hypé par cet événement.

La spécificité d'une Coupe des Nations est que les équipes se forment juste pour un tournoi. À cause de ça, diriez-vous que c'est plus un spectacle qu'une compétition ?

C'est une très bonne question ; je pense que c'est hybride. Effectivement, ce n'est pas l'événement le plus compétitif possible, car comme vous le dites, les équipes sont construites spécialement pour ça. Elles ne se sont pas entraînées pendant des mois, elles n'ont pas joué ensemble très longtemps, elles ne sont là que pour cet événement. D'un point de vue individuel, il y a de très bons joueurs, mais en tant qu'équipe, il serait certainement possible d'en trouver des meilleures ailleurs, qui se sont entraînées ensemble pendant plus longtemps.

En revanche, après avoir dit ça, je pense que le cashprize en dit long : c'est le premier événement de l'année sur PUBG à offrir une dotation aussi conséquente, et nous mettons en avant la compétitivité de l'événement. Nous voulons que les joueurs le prennent au sérieux et non avec légèreté, en tant qu'un tournoi d'exhibition en quelque sorte. Je pense que les joueurs sont là pour gagner et que c'est ce qui fait que les spectateurs y verront un événement intéressant.

À cette période en 2018, c'est le PUBG Global Invitational qui a eu lieu, mais pas cette année. Est-ce que cette Nations Cup le remplace, en quelque sorte ?

Je dirais que cet événement est un concept complètement nouveau sur PUBG. Le PUBG Global Championship, qui est prévu pour plus tard dans l'année [le tournoi mondial de la saison] sera le successeur du PUBG Global Invitational, et cet événement, qui est un peu comme l'événement International ou All-Stars, est une chose que nous avons construit à partir de rien.

Pourquoi la Nations Cup se tient-elle à Seoul ?

Nous sélectionnons nos villes pour les tournois Invitational selon plusieurs critères. Nous regardons la base de joueurs, les communautés de fans qui existent, nous regardons les infrastructures et la disponibilité d'organisateurs de tournois d'importance, et Seoul a tout simplement répondu à ces critères. Seoul est évidemment en Corée du Sud, et constitue donc un marché très intéressant pour nous. Nous y avons énormément de joueurs et de fans qui regardent réellement la compétition sur PUBG, et nous avons un très bon environnement où nous pouvons tenir un grand événement international.

Si un match dure 30 minutes et qu'il y a 16 équipes, on ne peut montrer que 2 minutes par équipe. Il faut faire des choix et raconter à chacune leur histoire.

Pour vous, pourquoi PUBG est aussi populaire en Corée du Sud et en Chine ?

Je dirais déjà que... c'est un très bon jeu ! C'est pourquoi il compte beaucoup de pratiquants. Et en Corée du Sud, ainsi qu'en Chine je pense, la culture du jeu vidéo est très présente et dès qu'un jeu est populaire, il devient très vite viral et tendance. Comme vous le savez sûrement, nous avons beaucoup de cybercafés en Corée, les PC Bang, et le fait de s'y retrouver entre amis pour jouer est un comportement très présent. Je pense que c'est pour ça : PUBG était un bon jeu à sa sortie, il est devenu viral et s'est répandu comme pas possible, ce qui a fait sa popularité aujourd'hui.

L'expérience des viewers est un défi qu'il faut surmonter sur un Battle Royale. Quelles sont les fonctionnalités que vous avez développées pour la Nations Cup ?

Ce que l'on a fait pour la Nations Cup, ce sont des streams dans huit langues différentes : anglais et coréen évidemment, mais aussi français, russe, japonais... Nous créons une expérience de visionnage complètement faite sur-mesure, donc les streams ne sont pas juste les diffusions qui suivent l'équipe nationale et les spectateurs regardent juste celle-là : les parties se concentrent sur cette équipe, mais l'observateur montre aussi le reste de ce qu'il se passe sur la carte et mérite d'être montré. En résumé, on raconte l'histoire de cette équipe en suivant aussi celle des autres. Cela forme huit streams personnalisés. Si un match dure trente minutes et qu'il y a seize équipes, on ne peut montrer que deux minutes par équipe. Il faut faire des choix et raconter l'histoire de chacune. Offrir aux spectateurs une expérience personnalisée est notre objectif.

Est-ce que vous pensez qu'un nouveau jeu du genre Battle Royale pourrait se faire sa place aujourd'hui ?

Oui, absolument ! Je pense qu'il y a déjà beaucoup de jeux du genre qui sont populaires et qui mettent le pied dans l'eSport en y trouvant un certain succès, et il n'y a pas de raisons qu'un nouveau Battle Royale ne soit pas populaire.

En quoi PUBG apporte-t-il quelque chose d'unique ?

Je pense que PUBG est l'expérience originale du Battle Royale, à savoir plus sérieux, réaliste et plus lent. Tout cela forme quelque chose de spécial que l'on ne trouve pas dans les autres jeux Battle Royale. Je pense que le fait de garder ce noyau aide à renforcer notre identité et à attirer les fans.

Merci à Jake Sin d'avoir répondu à nos questions.