Kickstarter et le crowdfunding de jeux vidéo

POUR

Dans le jeu vidéo comme ailleurs, le financement participatif (ou crowdfunding) véhicule la notion réjouissante d'une démocratie populaire planétaire qui voterait avec son argent en direction de projets originaux à la recherche d'un financement. L'idée de voir réaliser des jeux ne rentrant pas dans le catalogue standardisé des éditeurs traditionnels et donc de participer à de nouvelles idées de gameplay, ou à la création d'univers inédits, ne peut que réjouir. Des statistiques détaillées confirment l'engouement.

CONTRE

L'exercice est-il sans risque ? Pour 1€ versé oui, mais au-delà ? Le donateur avance de l'argent (petite ou grosse somme) pour des jeux pas jouables avant de longs mois, voire plusieurs années. Le contributeur paie pour des promesses que rien n'oblige vraiment contractuellement à tenir (Kickstarter renvoie toute la responsabilité légale des engagements aux demandeurs), à commencer par les dates de sortie. Cela reste un pari sur la bonne foi (bonne volonté vs compétences vs gestion vs aléas économiques et humains) qui peut devenir au pire coûteux, au minimum décevant si l'on suit et croit au projet inutilement pendant de longs mois.

DANS LES FAITS

En 2013, 3 millions de personnes ont cru assez dans les 19.911 projets Kickstarter pour verser un total de 480 millions de dollars ! À ce jour, Kickstarter comptabilise 8.029 projets - financés ou en cours de financement - liés au jeu vidéo.

Le plus gros budget est allé au très médiatisé projet de console Android OUYA qui a collecté 8,6 millions de dollars pour accoucher d'un appareil, au fonctionnement... très discutable. Parmi tous les projets de création de jeux purs combien ont vraiment été finalisés ? Combien ont atteint leurs ambitions et promesses ? Et surtout, qui a déjà joué un jeu financé par Kickstarter ? Du moins, un jeu "important", qui marque ?

En l'absence de gros scandale à l'arnaque, sinon le coûteux caprice du projet de Tim Schafer / Double Fine revenu demander des sous pour son projet de jeu d'aventure point'n click déjà financé une première fois, Kickstarter garde une jolie côte de popularité. Mais aussi préparés que soient les candidats, l'appel au financement participatif dépend d'une loterie incontrôlable.

Malgré un très joli projet (Taxi Journey, lire l'interview "l'histoire mouvementée d'un Kickstarter français") de Éric Viennot, une des célébrités hexagonale du jeu vidéo, n'a pas réussi à réunir la somme demandée. En revanche, le studio Cyan que l'on croyait perdu dans la brume du temps a fait exploser son compteur Kickstarter avec son projet Obduction qui n'est même pas une suite de Myst ou de Riven (note : l'auteur de l'article est lui-même - modeste - contributeur).