Mais qui sont les cerveaux fous derrière ce projet ? Comment est née cette idée saugrenue de mettre en scène des joutes télévisées multijoueur dans un univers fantasy à l’humour caustique, faisant la part belle à l’aspect créatif des joueurs ? Si je vous dis que derrière King of Meat se trouve notamment Jonny Hopper, un vétéran de la série des LittleBigPlanet, alors le mystère commence à s’éclaircir… Fondé par trois anciens de Lionhead (Fable, rien que ça…), le studio Glowmade a pour objectif de capitaliser sur l’expérience variée de ses instigateurs pour proposer une approche unique du jeu vidéo.

Et sur ce point, on peut déjà vous affirmer après avoir posé les mains sur King of Meat que la mission est réussie. Pour apporter quelques éléments de réponse à toutes nos interrogations, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec deux des fondateurs de Glowmade, à savoir Jonny Hopper, directeur technique sur le jeu, et Mike Green, le directeur créatif.

Jonny Hopper king of meat
Jonny Hopper, directeur technique sur King of Meat

Une discussion entre potes qui aboutira à un jeu vidéo

Il est toujours intéressant de comprendre comment peut germer l’idée de départ d’une création, quelle qu’elle soit. Encore plus lorsque celle-ci prend le pari osé de mélanger allègrement les genres. Et bien souvent, ce processus démarre de la plus banale des manières, lors d’une discussion dans un pub par exemple, comme nous l’expliquent les deux compères :  

“Nous nous sommes demandés à quel genre de jeu nous aimerions jouer tous ensemble. Au départ nous ne pensions pas mélanger autant d’idées. Quand nous avons commencé à imaginer King of Meat, nous n’étions encore que quelques personnes au sein de l’équipe. L’idée de base était de faire un jeu coopératif, mais d’y apporter une touche amusante, un côté un peu fou. Puis nous avons commencé à parler de shows spectaculaires tels que le Wrestlemania et d’autres événements sportifs se déroulant dans d’imposants stades… C’est ici que tout a commencé, et nous avons continué dans cette direction.”

King of Meat

Les influences de chacun ont bien évidemment jouées un rôle important lors de cette phase purement créatrice. Outre le monde du folklore télévisé, les deux hommes nous ont immédiatement cité le cinéma de Jim Henson, que les plus anciens d’entre vous connaissent peut-être via des oeuvres majeures telles que Dark Crystal ou Labyrinth. Une inspiration que l’on retrouve de manière évidente avec les personnages de King of Meat, créatures fantastiques comme animaux humanisés. La suite du défi était de donner un rôle à tous ces “acteurs”, un sens logique apportant par la même occasion de la profondeur à l’univers.

Chaque pnj de King of Meat vit sa propre expérience dans le jeu, vous pouvez les écouter, savoir comment les squelettes se sentent en se faisant tuer tous les jours… Ce sont des êtres avec des ressentis, des émotions. Jonny et Mike jouent de cette situation et prennent plaisir à se dire que certains joueurs vont peut-être expérimenter une forme de culpabilité, tout en comprenant qu’il s’agit avant tout d’un spectacle, d’une mise en scène dans laquelle on ne tue pas réellement. Pour donner vie à cet ensemble de manière cohérente, le studio s’est alors enrichi par l’arrivée de nouveaux talents spécialisés dans des domaines différents.

“Nous pensions à un univers vivant, avec une histoire et un passé, pour proposer aux joueurs une interaction et une implication plus profonde. L’équipe et les scénaristes de Glowmade ont alors écrit des dialogues incroyables et imaginé des scénarios pour chaque personnage que vous croisez sur la Place Maindefer (le hub de King of Meat). Il y a tellement de diversités de parcours et d’expériences au sein de notre studio que chacun a pu apporter sa pierre à l’édifice. King of Meat est avant tout une réflexion d’équipe, un travail en symbiose.”

Comme vous pouvez vous en douter, associer les esprits en fusion et l’imagination débordante de chacun des membres de l’équipe possède cependant un revers : comment combiner et surtout équilibrer le tout pour proposer une expérience finale compréhensible et jouable ? Jonny et Mike nous le confessent, un véritable défi s’est dressé devant eux. Mais rien que la team ne puisse surmonter. Les développeurs ont alors travaillé sur différents modes de jeu pour rendre l’expérience plus ou moins difficile selon l’avancée des joueurs, avec la variété en ligne de mire. Dans King of Meat, vous pourrez tout aussi bien massacrer joyeusement des dizaines d’ennemis dans un donjon, que buter sur une situation de type puzzle bien plus ardue et complexe à résoudre. Tout le nécessaire est alors imaginé pour que les joueurs puissent faire face, avec des mécaniques de gameplay particulières jusqu’aux outils mis à disposition.

Mike Green, directeur créatif sur King of Meat
Mike Green, directeur créatif sur King of Meat

L’aspect communautaire en ligne de mire

Les outils justement, parlons-en. King of Meat mettra clairement en avant l’aspect du partage communautaire et de la création. L’intention principale des développeurs est de donner une véritable caisse à outils et son mode d’emploi aux joueurs, grâce à laquelle les plus créatifs pourront tout simplement faire vivre le titre avec des réalisations que l’on sait déjà prometteuses. Tout est pensé pour que l’expérience reste avant tout ludique. Et lorsque l’on connaît le passé créatif complexe de LittleBigPlanet, nous pouvons réellement espérer de belles choses venant de cette fonctionnalité.

“La création joue un rôle extrêmement important dans King of Meat. La philosophie générale et que l’aspect ludique doit primer sur le reste. Concevoir un donjon doit être un jeu et non pas un moment de “travail”. C’est notre base, et c’est comme cela que nous avons travaillé par le passé. King of Meat sortira avec environ une centaine de donjons créés et imaginés en interne par nos designers. Ils sont tous brillants et très amusants, mais ils restent avant tout des exemples destinés au joueurs, un aperçu des possibilités.”

King of Meat croit en sa future communauté pour vivre sur le long terme. Là encore, la question de l’équilibrage et du contrôle entre en compte. Comment gérer les potentiels débordements causés par des créateurs utilisant les capacités du jeu à mauvais escient ? Car on le sait, certains sont capables du meilleur comme du pire… Glowmade imposera des restrictions et un contrôle, cependant ils abordent le sujet avec beaucoup d’intelligence. Ils savent que la communauté sera capable de créer des choses beaucoup plus élaborées qu’eux, inventives, bizarres et surprenantes. Et paradoxalement, c’est aussi cette folie créatrice qui pourra aboutir à de véritables pépites. Une façon de penser que l’on apprécie grandement, bien qu’elle nécessitera un travail de surveillance.

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Le mode création s'annonce riche en possibilités

Un suivi solide promis par Glowmade

King of Meat est un jeu destiné à vivre sur le long terme. Et pour cela, Glowmade mettra tout en œuvre pour y parvenir. Ils ne se contenteront pas de se reposer uniquement sur les créations, mais ils intégreront de nouvelles fonctionnalités, de nouveaux objets ou autres éléments de personnalisation. Jonny Hopper nous l’affirme, l’écoute et les retours de la communauté seront des points d’évolution primordiaux pour un avenir solide.

“Après le lancement du jeu, il y aura tellement de types de contenus que nous pourrons proposer ! Nous avons pleins d’idées quant à l’avenir de King of Meat et nous espérons que cela plaira aux joueurs. Mais nous souhaitons également être à l’écoute de la communauté si elle souhaite de nouveaux objets pour concevoir quelque chose de nouveau, ou si elle désire créer de nouveaux modes de jeu. Nous voulons aider ces personnes, car au final ce sont elles qui vont véritablement créer les choses les plus importantes de King of Meat. Nous voulons mettre en avant cet aspect communautaire et créatif.”

Si l’on sait que de nombreux éléments cosmétiques ou assets seront ajoutés dans le futur, pas de season pass ou autres systèmes de progression en vue. Fidèle à sa vision du partage sans s’imposer, King of Meat proposera de nouveaux donjons ou de nouveaux défis au fil de l’ajout de ses nouvelles mécaniques de gameplay et de design, toujours dans cette idée de “tuto” de base. Il est également fort probable de voir la Place Maindefer, le hub de King of Meat, évoluer et s’agrandir avec de nouveaux lieux, de nouvelles fonctionnalités associées à leurs PNJ donneurs de quête. Il est en réalité assez excitant de voir ce que King of Meat pourra devenir vu son potentiel paraissant sans limites… A la condition bien sûr que l'accueil des joueurs soit positif.