Il y a quelques temps je revoyais le film de Steven E. de Souza qui adaptait Street Fighter sur grand écran et l’envie me vint alors de replonger un peu dans la version vidéoludique de ce chef d’œuvre du cinéma. Mais il ne me fut pas facile de mettre la main dessus…Fort heureusement un ami collectionneur à la vidéothèque infinie possédait la version idoine du titre (à savoir sur Saturn). Je lui empruntai donc la galette pour retrouver avec plaisir - près de 25 ans plus tard - la joie d’incarner un Jean-Claude Van Damne de pixels.

Oui, je sais, on l'a déjà faite...

 
JE NE SUIS PAS UN COMBATTANT DES RUES

Tout d’abord je précise ne pas être un adepte des jeux de combat à la base. Il m’arrive d’y jouer mais uniquement en mode histoire et une fois arrivé au bout de celle-ci, bah voilà quoi…j’estime avoir fini le jeu. Même si je ne maîtrise rien ou presque des subtilités du gameplay, même si je n’ai pas utilisé tous les personnages et même si je n’ai pas joué Online.
Par essence, le genre se veut être un moment de partage à plusieurs. Entre potes à s’opposer sur le canapé du salon, en ligne avec les  joueurs du monde entier ou en tournoi avec les meilleurs. Étant un joueur profondément solitaire, je ne me retrouve donc pas plus que cela dans cette famille spécifique du jeu vidéo, même si encore une fois il m’arrive à l’occasion de testouiller quelques titres. Mais généralement au bout de cinq minutes, j’estime en avoir fait le tour…

"Je mets les pieds où je veux..."

Cet article va donc très évasif sur ce qu’est Street Fighter The Movie (The Game) et loin de moi l’idée d’en faire un test hyper-détaillé. Je n’en ai tout simplement pas ni les connaissances ni les compétences. Néanmoins après quelques heures dessus, j’ai tout de même quelques petites bidouilles à en dire.
Dernière précision, j’ai joué à la version Japonaise, sur Saturn. Ce qui ne change pas grand-chose à la notable exception du sous-titre qui passe de « The Movie » à « The Real Battle On Film ». Et puis bien sur les menus  et les textes scénaristiques en jap’ quoi…Heureusement que j’ai vu le film pour comprendre l’histoire ! Ha ha ha…(…)...Hum!

Alors non, le jeu n'est en vérité pas aussi flou sur ses personnages...

Une fois tout cela précisé, nous voilà donc devant un épisode de Street Fighter à la marge, et peut-être l’un des plus connus cependant. Il jouit également d’une mauvaise réputation, qui soyons clair à ce sujet, lui est injustement accolé. Le temps étant passé par là, il n’est désormais pas plus mal loti que les premiers épisodes de la série classique en terme de jouabilité, et peut-être même s’en sort-il mieux. J’y ai noté tout de même des ralentissements quand les deux adversaires utilisent des super-coups en simultanée, la console ayant un peu de mal à suivre à ces moments là (notamment sur les effets de flammes). Les puristes trouveraient cela intolérable, en ce qui me concerne cela ne me dérange point.


PIXEL ART

Mais ce qui lui colle surtout aux basques, ce sont ses graphismes. Car comme sa série concurrente - et meilleure ennemie - Mortal Kombat, cet opus sera réalisé en Motion Capture. Avec les acteurs du film s’il vous plaît ! Et c’est ainsi que l’on retrouve JCVD, Kylie Minogue, Ming-Na Wen ou bien encore Wes Studi dans notre écran de sélection. Tout cela apporte à la fois un certain cachet et un coté cheap qui fait tout le charme de cet opus à part. Il faut voir l’animation sur fond bleu de notre personnage quand on le sélectionne pour comprendre cet étrange état, entre admiration et consternation.
Cependant le plus étonnant reste le fait que les combattants retrouvent leurs mouvements habituels venus de leurs avatars numériques. Ken et Ryu on bien leur Hadoken (et pas un flash tout pourri), Cammy son Cannon Spike, Guile son Sonic Boom et Sagat son Tiger Uppercut. Quand bien même leurs versions cinéma sont bien loin de connaître ses mouvements là.

Quelques photos des prises de vues pour les besoins du jeu

Du coté des modes, c’est bien loin de la pléthore qui jalonnent les jeux de bastons de nos jours (Street Fighter V m’a donné mal au crane rien qu’au menu principal…). Un mode arcade (Street Mode), un mode ‘survie’ (Trial Mode), un mode Versus pour deux joueurs et un mode histoire (Story Mode). C’est sur ce dernier que je vais revenir un peu plus en longueur dans les prochaines lignes.
Déjà il faut savoir que ce fut le premier mode Histoire à faire son apparition dans la franchise. Ce qui reste une anecdote intéressante à savoir si on veut briller à un diner mondain. Mais ce sera bien là sa seule qualité car dans les faits il n’est pas terrible du tout cet ajout. Et pour une raison simple: il ne s’agit en fait QUE de l’histoire de Guile. Vous ne jouerez donc QUE lui de toute « l’intrigue ». La Tristesse. Et encore plus si comme moi le soldat à la bannière étoilée tatouée n’a pas vos faveurs. Une quinzaine de combat avec un perso que je n’apprécie pas plus que cela et que j’ai du mal à manier. Vraiment. Trop. Cool.

Le mode Histoire reprends de manière très vague l'intrigue du film...

Parfois à la fin d’un combat il vous sera proposé deux branches scénaristique distinctes, à vous de choisir en fonction de vos gouts (personnellement comme c’était en japonais, c’était du pur pif). Il ne s’agit que d’un texte à mettre en surbrillance qui vous orientera vers tel combattant plutôt que vers tel autre. Sachant que le boss final reste Bison bien entendu.

Bison du jeu Vs Bison du film

Petite digression sur l’acteur qui se prêta au jeu de la capture de mouvement pour le tyran de Shadaloo: il ne s’agit point de Raúl Juliá, mais de Darko Tuscan (qui travaillera plus tard en tant que coordinateur cascade sur le Matrix des alors Frères Wachowski). Je ne sais pas trop à quel moment de la production eurent lieu les prises de vues pour le jeu vidéo mais j’ai toujours entendu dire que celles-ci avaient eu lieu après le décès de l’acteur et que par conséquent il fut remplacé par sa doublure cascade. Bien qu’évidement la raison de ce changement soit plus que compréhensible, la différence de carrure entre le Bison du film et le Bison du jeu reste frappante.
D’ailleurs certains autres firent visiblement appels à des doublures car on peut trouver ici et là le nom d’Emma Kearney pour le rôle de Cammy et celui de Mark Stefanish pour Guile. Au vu du fait qu’il s’agit des deux grands noms du casting, je pense que les doublures furent sollicitées pour des raisons de coûts de production (leur cachet étant moins cher que pour la star belge ou la chanteuse australienne).


PERSOS CACHÉES

Parlons maintenant des personnages spécifiques à cet épisode. Le premier est un grand classique de la licence en tant que bonus caché, à savoir Akuma/Gouki. Interprété par Ernie Reyes Sr., il n’est pas présent dans le film (où alors pour le coup il y est très bien caché). Il existe plusieurs manières de l’affronter dans les différents modes de jeu mais une seule de l’incarner via un cheatcode à l’écran de sélection des joueurs. Une fois cela fait ma foi on se retrouve comme pour le reste du roster avec une vieille connaissance. Il ne diffère guère de ses autres apparitions ludiques de l’époque en termes de coups et attaques.


Akuma is Back (comme toujours...)

Ce qui n’est pas le cas du vrai personnage exclusif du jeu, le capitaine Sawada des Nations Alliées. Incarné par Kenya Sawada (ce qui est donc son véritable nom), il est en quelque sorte le remplaçant de Fei Long (c’est plus compliqué que çà…). Capcom insista beaucoup à l’époque pour que l’acteur soit dans le film, et on sent une histoire pas très nette derrière cette insistance. Peu présent dans le montage final il gagne tout de même sa présence dans le jeu au milieu des ténors de la série. Il existe pour ce que j’en ai compris des versions où il possède un katana comme arme pour se battre. En tout cas l’arme n’est pas présente dans la version que j’ai jouée. Certains de ses mouvements sont ultra-stylé (son coup de pieds avant en arc-de-cercle) mais son Spécial est totalement risible et on sent bien que les concepteurs du jeu ne savaient pas quoi lui donner comme ‘Super-attaque’ (Il fonce tout simplement vers l’adversaire en hurlant les bras en l’air, il n’y a même pas d’animations, il reste figé dans son mouvement et glisse sur l’écran…). Intéressant de noter que Sawada fera également des apparitions dans le dessin animé censé faire suite au film (produit par et pour les USA, précision d’importance) mais en tant que rival de bon aloi de Guile… Comme une revanche à prendre. L’homme serait de plus présent dans un certain 'Mainichi Issho' sur PS3, une sorte de « Sims » avec la mascotte japonaise de Playstation (le chaton blanc).

Une partie complète avec Sawada. Sa misérable Super est visible à la 35ème seconde...

Il existe un autre perso - qui aujourd’hui n’est plus vraiment exclusif car il apparaitrait dans le V - mais cette fois du coté de l’armée de Shadaloo et uniquement sur la version arcade: un certain Blade (rien à voir avec le chasseur de vampire). Un soldat modifié génétiquement spécialiste du combat au couteau.

Blade et T. Hawk, tout deux absents sur Saturn...mais pas pour les mêmes raisons.

T.Hawk quand à lui est tellement anecdotique dans le film que personne n’a même songé à le mettre dans le jeu…

Mais de rien mon Vieux!...

~€~

Voilà ce que j’avais à dire sur ce Street Fighter The Movie The Game (oui c’est comme cela que je l’appelle et cela me fait beaucoup rire). Pas aussi mauvais que ce qu’on en dit mais décevant sur certains aspects, surtout avec ce Mode Histoire trop mono-centré sur Guile/JCVD. Ses graphismes qui firent tant parler (et qui furent tant moqués !) sont de mon point de vue un atout indéniable, et la raison pour laquelle on parle encore de ce titre aujourd’hui. Avec le recul quelle merveilleuse idée ils eurent là ! J’aimerai toutefois pouvoir avoir un jour l’occasion d’essayer la version arcade, qui as l’air tellement plus aboutie tant au niveau de ses graphismes que de son contenu. Peut-être un jour sait-on jamais…

Bonus:

Ci-joint le 1er épisode de la série animée US d'assez piètre qualité, qui reprends donc les personnages de la version Live et fait suite à l'intrigue du film mais avec les chara-design des jeux. Cela vaut le coup d'y jeter un oeil curieux. On peut entre autre y apercevoir en caméo Sakura, Sodom ou Dan...L'un des épisodes raconte même Final Fight, avec apparition de Guy, Cody, Mike Haggar et Rolento. L'ensemble du show est disponible sur Youtube, sur la chaîne où vous conduira ce lien. Bon visionnage et bon courage!