J'ai eu une illumination cette après-midi : pourquoi ne pas raconter ta vie de gamer à travers ton Gameblog? Mis à part le côté hautement narcissique et égocentrique de la chose, j'avais surtout envie de raconter une époque, celle de l'avènement du jeu vidéo et de sa démocratisation, à travers mon propre regard de joueur, mes expériences, mes souvenirs. Et peut-être ainsi rappeler des souvenirs à d'autres joueurs de ma génération, pouvoir partager et pouvoir échanger ces souvenirs, souvent communs d'ailleurs.

 

Et bien entendu, on ne peut pas commencer sans évoquer la genèse de ma passion pour ce médium. Cette année, j'ai eu trente ans, et ça va faire vingt ans l'an prochain que j'ai eu ma première console. En effet, contrairement à sûrement bon nombre de trentenaires, j'ai découvert le jeu vidéo finalement assez "tard". Alors quand je dis tard, j'exagère peut-être un peu, car comme beaucoup, j'ai souvent eu l'occasion de toucher à la NES (la "Nintendo", comme on l'appelait à l'époque) ou à l'Atari 2600, mais je n'avais pas de machine chez moi. Ni console, ni ordinateur. Dans ma famille, les technologies n'étaient pas forcément une priorité. Je suis né en pleine campagne, et à l'époque, il était difficile d'être au courant de ce qu'il se faisait et se fournir en équipement. J'ai bien essayé de réclamer une NES lors de ma prime enfance, mais on me répondait souvent que c'était "trop cher". Il est vrai que dans les années 1980, 6 à 700 francs pour une machine de jeux, c'était une certaine somme à débourser. Du coup, je jouais aux jeux vidéo chez les copains. J'espérais vivement être invité chez un gars qui n'était pas vraiment mon copain, mais il avait une NES avec l'extraordinaire Tortue Ninja, qui nous avait scotchés pas mal à ce moment-là. Ou bien j'avais ma cousine qui avait la fameuse cartouche "Super Mario Bros / Duck Hunt".... Fabuleux de se dire qu'on pouvait tirer sur la télé et s'amuser comme un fou avec rien. Nintendo avait déjà inventé le casual gaming, mais personne ne se prenait la tête à mettre les jeux dans des cases marketing ; on jouait et on s'amusait, point barre...

Evidemment, derrière cette tendance latente de futur gamer, ce gamin fasciné par ce nouveau moyen de se divertir était souvent frustré de ne pas pouvoir investir plus de temps sur certains jeux. J'avais bien quelques petits jeux électroniques, comme les Tiger (même pas de Game & Watch!", mais c'était un peu limité. J'aurais tellement aimé avoir une "Nintendo", comme tous mes copains de classe... Finalement, c'est peut-être un de mes plus grands regrets de joueur. 

Le jeu électronique Tiger. Dire qu'à l'époque, c'était le top du top en jeu vidéo portatif!

Et puis tout a changé avec l'entrée au collège. Dans mon petit établissement de campagne, où tout le monde se connaissait, l'arrivée d'un nouveau venu de la capitale est un évènement. Et pour moi, ça a probablement bouleversé ma vie de gamer, puisque si je ne l'avais pas rencontré, je ne serais probablement pas là pour vous raconter tout cela. Avec ce garçon, qui s'appelait Thomas (si tu lis ça, n'hésite pas à me contacter!), ça a accroché tout de suite. Pourquoi? Je ne saurai pas dire, le destin des rencontres, dirais-je. En tout état de cause, Thomas avait une passion peu commune à l'époque : il aimait les jeux vidéo. Mais pas comme les autres. Lui achetait les magazines spécialisés, comme Joystick et Joypad (qui venait de naître), collectionnait les cartes à jouer type Magic, s'intéressait aux jeux de rôle. Aujourd'hui, on appellerait ça un "geek", mais en 1991, c'était un peu tout nouveau, surtout pour nous, les "bouseux de la campagne". Et un jour, il m'invitait chez lui, pour me faire découvrir sa collection de jeux. Il avait une Master System, console assez marginale à l'époque, ainsi qu'une Game Gear, qui fascinait, car on pouvait avoir les jeux du salon dans sa poche (il avait d'ailleurs l'adaptateur SMS / GG, qui était une invention fabuleuse, trouvais-je). Il avait d'ailleurs une collection assez importante de jeux, ce qui m'impressionnait beaucoup à l'époque ; la plupart des possesseurs de consoles avaient deux ou trois cartouches, dont celle vendue avec la machine. Thomas, lui, avait peut-être une dizaine de jeux, dont certains titres étranges, comme Populous (mais qu'est-ce que c'est que ce truc? Me disais-je à l'époque). Et moi, je regardais ça avec les yeux de l'envie. Bien entendu, j'adorais toujours aller chez lui, l'occasion pour moi de m'adonner à ce plaisir ludique un peu interdit dans mes pénates... 

Et comme je le disais plus tôt, ce fut aussi ma découverte avec le monde de la presse vidéoludique. A l'époque, on n'avait pas forcément beaucoup de choix, surtout quand on jouait sur consoles. Il y avait Player One et Joystick, avec son supplément "Consoles News", qui deviendra peu de temps après indépendant, sous le nom de Joypad. Mon premier magazine sera ainsi un Joystick, qui était assez imposant, avec ses pages en reliure collée, sa couverture en papier glacé, un bel objet. Puis, peu de temps après, j'achetais mon premier Joypad, le n°3, et découvrais par la même occasion des gens qui allaient me suivre longtemps, comme Trazom, J'm Destroy, AHL ou encore Seb. Leur style, leur humour, la maquette sobre (parfois trop) et coloré allait m'accrocher immédiatement. J'y découvrais ainsi les premières images de Super Mario Bros 3, de Sonic sur Master System, je découvrais que Nintendo avait une console très puissante qui venait de sortir au Japon, la Super Famicom. C'était parti : j'étais pris au jeu (sans mauvais jeu de mots)! Il me fallait ainsi une console à moi, comme tout le monde! J'arrivais à convaincre mes parents de m'offrir la Game Boy pour Noël, bien que Thomas me menaçait de ne plus "être son copain" si je n'achetais pas la Game Gear. Je n'eus pas la console de Sega, mais je ne perdis pas mon pote pour autant, l'honneur était sauf. 

Et c'est ainsi que le 25 décembre 1991, je me retrouvais en possession de ma première machine de jeux, une Game Boy, avec Tetris, plus le jeu Duck Tales ajouté au pack. Je me rappelle encore du poids du cadeau, de la sensation que j'avais en touchant le carton, en regardant le pack. On l'a peut-être oublié, mais à l'époque, les boîtes de consoles étaient souvent bien présentées, et surtout chargées jusqu'à la nausée! La console, la cartouche de jeux, mais aussi le câble link pour jouer à deux et des écouteurs... Vous imaginez aujourd'hui la DS vendue avec des écouteurs pour pouvoir jouer partout? Et pourtant, c'était le cas à l'époque. La Game Boy était un bel objet, très années 90 finalement, avec son plastique épais, son poids étonnant pour un appareil nomade, son écran finalement minuscule aux couleurs vert caca d'oie... Mais quel objet! Je me rappelle aussi que ma première partie me faisait faire 2 lignes, peut-être le début de la preuve de mon incapacité notoire à être un bon gamer (même si j'ai quelques exploits à mon actif, je reviendrai dessus dans un prochain billet)! 

Ca, c'était du pack! 

C'est donc ainsi que ma "carrière" de gamer commençait : au milieu de la salle à manger de ma grand-mère, mes mains tremblantes en tenant la machine fébrilement dans mes mains, mon émotion intense de pré-adolescent qui avait presque trouvé le Graal. Et ce ne fut que le début d'une longue vie! 

 

Mais ceci est pour une prochaine fois...