Sony avait tout à craindre de son concurrent direct. La force de frappe marketing de Microsoft est en effet infiniment plus grande et persuasive sur le plan médiatique. Elle s'est de nouveau illustrée par l'exclusivité arrachée au nez et à la barbe de Sony de la présentation de CoD Ghots ainsi que de la gamme de jeux d'EA Sports. Toutefois, si la conférence magistrale du géant américain était parfaitement organisée, de nombreux impairs viennent renforcer la position de Sony. Pour le moment.

Sur le papier, les deux consoles rivales sont à première vue techniquement similaires. La Xbox One emprunte même la technologie Blu-ray défendue par Sony alors que par le passé, la firme de Redmond avait vigoureusement combattu ce standard vidéo. Le groupe japonais devrait se réjouir de l'officialisation de cette annonce. C'est sûrement le cas, mais il y a d'autres motifs de satisfaction. A commencer par la malheureuse déclaration d'un des principaux ingénieurs ayant participé à la conception de la Xbox One. Epris d'un angélisme hallucinant, celui-ci déclare chez Engadget.com : « notre objectif n'est pas de proposer des graphismes poussés ». Une sortie surprenante qui tranche avec les vidéos promotionnelles vantant la qualité avancée des graphismes de la nouvelle Xbox. Pour l'homme, la stratégie de Microsoft s'oriente d'avantage en direction « du divertissement » au sens large, nécessitant une « connexion à large bande » afin d'exploiter « le cloud », le contenu à distance. C'est le principal critère de différenciation mis en avant. Un leurre, Sony explore cette voie avec son service Gaikai.

Autre chausse-trape, les jeux d'occasion. Les dirigeants de Microsoft se perdent en présomptions, manifestation d'un malaise voire le signe que cette question n'est pas véritablement tranchée. Une chose est cependant certaine, le numéro un mondial du logiciel est déterminé à combattre ce marché parallèle. Les versions se contredisent. L'une prétend qu'une connexion Internet à intervalle de 24 heures est nécessaire pour jouer à un jeu de seconde main, tandis qu'une autre revendique d'imposer au joueur l'achat du jeu s'il souhaite accéder à son contenu.

Un faux pas qui profite provisoirement à Sony. Chez les joueur d'abord, une communauté chauffée à blanc par les dérives du contenu additionnel accessible par téléchargement, les réactions sur les forums du monde entier sont violentes. On peut lire ce genre de réponse virulente chez NeoGAF : « la présentation de la Xbox One était intéressante jusqu'à cette annonce. Microsoft allez vous faire f**tre ! ». Même son de cloche chez JeuxVideo.com : « jamais je n'achèterai de Xbox One avec une telle interdiction ! ». Les investisseurs ne s'y trompent pas non plus. Sur l'ensemble des places financières où la valeur est référencée, l'action Sony est très recherchée. Elle flambe de 10% au New York Stock Exchange, sursaut identique à Tokyo.

Sur ce terrain miné, il faut s'attendre à un jeu d'équilibriste de la part du géant japonais. Celui-ci n'a encore rien annoncé mais sa côte auprès des joueurs et investisseurs profite indubitablement de ce capharnaüm. Sony dévoilera lors de l'E3 sa propre appréciation du marché de l'occasion. Si le fabricant va dans le sens de l'intérêt des joueurs et détaillants, il risque de s'aliéner les services des géants de l'édition. La position d'EA est à ce sujet patente. Quelques jours avant le lever de voile sur la Xbox One, l'éditeur est revenu de manière inattendue sur la pertinence du Pass Online, et par extension à la politique des DRM. Il qualifiait lui-même d'erreur stratégique la mise en place de cette barrière tarifaire. Confortée par l'optique de Microsoft, la propre initiative d'EA perd de son à-propos. L'apparente sincérité de ce spectaculaire revirement cachait donc un double langage. Activision n'a lui aussi jamais caché son intention de recourir à pareille restriction.

Il n'est donc pas étonnant de constater que les deux plus puissants éditeurs de la planète favorisent le compétiteur en lui offrant l'exclusivité des annonces de leurs hits respectifs. Une manière de faire pression sur Sony, lui qui a subit les foudres des joueurs et détaillants avec le lancement de la PSP Go. Ce nouveau round commence donc en coulisse par des règlements de compte sur un point où le moindre détail prête à controverse. Sony est en phase de reconquête auprès des éditeurs et développeurs indépendants, il serait curieux de le voir adopter une stratégie différente de celle de son ennemi intime.

source : PlayStationline.com