Le concept d'une IA devenant folle et massacrant une station spatiale pleine de monde ne semble pas si original que ça en 2023, mais en 1994 c’était tout de même assez ambitieux. Avec le succès de titres comme Bioshock dans les années 2000, les développeurs  se sont dit en 2015 qu'il était temps de proposer au public une version mise à jour de System Shock. Et devant le succès rencontré à l'époque, Nightdive Studios a voulu pousser le vice et le concept encore plus loin en développant tout simplement un remake dont vous pouvez retrouver le gros travail ci-dessous, le jeu de base étant assez vilain. Que vaut ce classique de la science-fiction en jeu vidéo avec cette nouvelle forme ? 

Le retour d'un grand classique de la SF

Dans System Shock vous incarnez un hacker perdu à bord de Citadel Station, où une IA folle appelée SHODAN a déclenché le chaos. Comme dans Bioshock, la cause de la folie ambiante n'est pas immédiatement connue. Il y a des cadavres et du sang partout, et les rares survivants ressemblent à des zombies effrayants aux yeux rouges. Pire, tout le système de sécurité de la station (caméras, tourelles, etc) est contre vous pour vous mettre la misère et la pression constamment. Contrairement à certains remakes modernes, comme le travail formidable réalisé sur les Resident Evil, le FPS est un remake que l'on pourrait qualifier d’old-school. Oui, le jeu est plus beau et correspond plus aux standards de 2023, oui le gameplay est modernisé, mais l'ensemble est quasiment un copier-coller de ce qu’il était en 1994. Les fans ne perdront pas leurs habitudes puisque la disposition de chaque zone et le placement des ennemis est strictement identique. Problème, le jeu garde aussi les défauts de son aîné.

Le combat est revu et corrigé avec une plus grande fluidité et une meilleure rapidité mais comme à son époque il reste un point noir de l'aventure. Pour un jeu de SF, on s'attend à avoir entre les mains des armes avec du punch, comme le fameux Pulse Rifle des Colonial Marines américains dans le film Aliens. Mais ce n'est pas le cas. La plupart du temps, on a un plus l'impression de tirer au paint ball qu'avec un véritable arsenal meurtrier. Comme à la grande époque du FPS façon Doom, les ennemis foncent sur nous et on se contente de mitrailler dans le tas sans grande finesse, mais avec le fun en moins à cause du manque de sensations. Dommage, mais ça respecte finalement assez bien le matériau de base. Côté action, on retrouve aussi les fameuses sessions de piratage qui vous permettent d'entrer dans le système informatique un peu à la sauce Matrix via un jeu de tir spatial dans lequel on doit connecter des "nœuds numériques" en tirant dessus. L'environnement change aussi totalement avec une représentation stylistique dans la plus pure tradition SF des années 90 quand il s'agit de représenter l'informatique. Ces moments sont particulièrement jouissifs et permettent de faire une pause dans l’exploration parfois étouffante et effrayante de la station spatiale.

test system shock remake

Loin de faire le strict minimum, l’une des améliorations bienvenues est un système d'inventaire modernisé. En effet, dans le System Shock original, sa gestion était une tâche fastidieuse qui pouvait nuire à l'expérience. Dans le remake, l'inventaire est très largement optimisé et le joueur peut rapidement échanger des armes et des objets sans avoir à interrompre le jeu. Un très bon point qui fluidifie l'aventure, même si les munitions sont rares, ce qui limite déjà pas mal l'encombrement général. Encore une fois il ne s’agit pas d’un FPS classique où l’on enchaîne les adversaires. Le combat n’est pas le pilier central de System Shock, c’est la composante d’un tout à l’inverse d’un Doom (pour ne citer que lui).

Le mélange des genres

L'objectif premier de ce System Shock Remake va être d'explorer la station. Comme dans Dead Space, vous devrez reconstituer ce qui s'est passé à partir des bribes d'informations que vous pouvez trouver un peu partout. Cela permet d'ajouter une atmosphère pesante qui favorise la peur et l'angoisse. D'autant que toute la partie sonore est revue pour améliorer l'immersion. On entend un bruit qui résonne au loin dans un couloir ou un cri d'effroi à vous mettre la chair de poule et on reste là à attendre 2 bonnes minutes sans rien faire dans une pièce sans lumière. Car si le jeu n'est pas à proprement parler un jeu d'horreur il en possède de nombreuses composantes. Point de jumpscares au programme mais plutôt une ambiance étouffante digne d’un Alien le Huitième Passager.

Pour naviguer entre les différentes zones et progresser, il y a beaucoup d'énigmes à résoudre, y compris trouver des codes pour les portes, reconnecter des fils pour actionner le courant dans le bon sens ou accéder aux données pour trouver la bonne route. System Shock offre de nombreux défis et même si il n'y a pas besoin d'être expérimenté dans le genre, certaines donnent du fil à retordre. À peu de choses près, il s'agit des mêmes casse-têtes que ceux de 1994 mais dans des versions qui semblent encore plus perverses qu’à l’époque. Il n’est en effet pas rare de se cogner la tête contre les murs si l’on est peu habitué à ce type de mécaniques. Il faut compter environ 7 heures de jeu pour arriver au bout en ligne droite, plus si vous avez envie de tout explorer. Sachant que l'un des autres défauts concerne l'orientation catastrophique… Sans système de repères réel, le joueur novice qui ne connaît pas le titre original risque de tourner en rond très longtemps sans vraiment savoir où se rendre. Les objectifs ne sont pas clairs et on est un peu livrés à nous-mêmes. Difficile de savoir si c’est un élément à part du gameplay pour nous retranscrire la perte de repères dans une station spatiale ou s' il s’agit là d’un simple égarement en terme de level design.  

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Un jeu unique

Les énigmes et l'exploration ne sont pas trop compliquées dans la plupart des cas, pour autant si vous abordez le jeu comme un FPS pur, vous risquez fortement d'être frustré. Foncer tête baissée ne vous servira à rien et la curiosité est un élément consubstantielle à votre réussite. Le plaisir de System Shock repose aussi dans le fait d'être coincé seul sur une station spatiale, et vous ne pourrez de toute façon pas tout résoudre avec vos armes façon Rambo. Il arrive fréquemment de passer 10 fois devant la même porte ou le même mur sans voir un bouton ou un panneau de commandes qui paraissait pourtant évident à trouver. En cela ce remake est un jeu vraiment à part qui vous force à la curiosité et la compréhension de votre environnement pour évoluer au fil de l’aventure.

Maintenant que dire de la partie graphique et technique ? System Shock Remake est joli mais il ne faut pas trop faire les regardants sur les détails. Parfois les textures manquent de précision et on a l'impression de jouer à un jeu des années 2010. L'avantage c'est que ça tourne impeccablement sur n'importe quelle machine et que c'est d'une grande fluidité peu importe la modernité de votre carte graphique. On soulignera aussi les différents effets de lumière qui font honneur à tous les films de SF des années 80 et 90. À la croisée des mondes entre Alien et Blade Runner. C’est sympathique sans vous percer la rétine comme avait pu le faire Bioshock à l’époque. Ce n’est pas ce que l’on pourrait nommer trivialement un remake paresseux techniquement, mais quelques efforts auraient pu être faits pour rendre le tout un peu plus digne des productions des années 2020. Ça reste dans tous les cas assez appréciable pour découvrir ou redécouvrir l'expérience des années après. Les ennemis sont assez effrayants et bien réalisés par rapport à ceux de 1994 et on peut voir le gros effort pour apporter une certaine crédibilité à l’ensemble du bestiaire et de la station spatiale. 

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