La dernière fois que nous avions touché à Planet Zoo, ce fut une véritable claque de "mignonnitude", comme on dit. Pour autant, on pourrait se dire que gérer un zoo n'est pas approprié de nos jours, avec toutes les questions d'ordre éthique que cela implique. Première chose à savoir : de ce coté-là le studio Frontier se montre assez irréprochable. Car le but ultime n'est plus réellement de réaliser du profit comme cela a toujours été le cas dans les Tycoon. L'objectif est avant tout la préservation des espèces, et plus spécialement celles en voie d'extinction. Il va en effet falloir tout entreprendre pour relâcher le plus de spécimens dans la nature, et cela passe évidemment par la gestion de l'accouplement et un système de cercle vertueux que l'on pourrait résumer de cette façon : Gestion des infrastructures et besoin des animaux > bien être des animaux > naissance > libération des animaux sains dans la nature pour repeupler un maximum les espèces.

Un jeu d'une grande richesse

Planet Zoo vous rappelle de toute façon vite à l'ordre si vous manquez de respect à dame nature. Des animaux malheureux seront plus enclins à vouloir s'échapper, des manifestations peuvent avoir lieu dans votre parc et vos finances pourront rapidement en pâtir. Le bonheur de vos petits protégés demeure primordial pour la joie de vos visiteurs et pour le respect de la Planète. Dans ce sens, et de manière générale, le jeu se révèle d'une incroyable profondeur. Planet Zoo grouille en effet de nombreuses possibilités, d'informations et de mécaniques à tel point qu'il semble bien difficile d'en faire un tour complet via cette critique.

Une durée de vie gigantesque

Tout d'abord, sachez que Planet Zoo propose plusieurs modes. Le premier à lancer avant toute chose est le mode Carrière qui permet d'accéder à la vaste campagne qui fait office de gigantesque tutoriel. Étape obligatoire, donc, pour se lancer ensuite dans le mode Franchise, Défi ou Bac à sable. La différence est minime entre Franchise et Défi. L'un fonctionne en multijoueur "collaboratif" avec un échange d'animaux via les zoos des autres joueurs tandis que le Défi revient grosso modo à la même chose mais sans avoir besoin de connexion internet. Quoi qu'il en soit, les deux permettent de gérer l'économie de son parc à l'inverse du mode Bac à Sable qui propose un mode totalement libre avec la plupart des mécaniques débloquées.

Des tonnes et des tonnes de contenu

Ce qui choque le plus, dans le sens positif du terme, c'est la profondeur du jeu. On est clairement en face du titre de gestion de zoo le plus complet jamais paru. Tout a été pensé au point où on ressort de cette expérience avec l'impression d'avoir vécu quelque chose d'exhaustif. Rien ne semble manquer en termes de mécaniques pures. Planet Zoo propose plus de 70 espèces et cela sans compter les petits reptiles et autres insectes de vivarium. Chaque animal, chaque spécimen, chaque individu dispose de sa propre intelligence artificielle cohérente avec un comportement intelligent et réaliste. Les loups forment des meutes, les crocodiles se réchauffent le sang au soleil, les singes jouent entre eux, les lions sont solitaires, les lionnes restent avec leurs petits... Oui, le sexe de l'individu est important. Cela peut faire varier la taille (un crocodile de mer mâle est par exemple généralement plus gros qu'un crocodile de mer femelle) sans oublier que certaines espèces ne supportent pas la présence d'un individu du même sexe.

Émerveillement de chaque instant

Un paon bleu, par exemple, vit avec son harem de femelles et ne supporte pas la présence d'autres mâles dans son enclos. Ce qui n'est pas du tout le cas des hyènes tachetées qui ont besoin de vivre en groupe. Des animaux de différentes espèces peuvent aussi cohabiter et c'est même un impératif de sociabilité. C'est surtout le cas avec les grands animaux de la Savane Africaine. Les antilopes, zèbres et éléphants cohabitent très bien et c'est même un avantage : bonus de bonheur pour eux et gain d'enclos pour vous. Surtout qu'un seul et même zoo peut avoir des dizaines d'espèces différentes et tout cela coûte très cher en entretien.

Très vite il va falloir recruter une armée de soigneurs et de vétérinaires pour gérer tout ce petit monde. On entre dans un autre volet d'une densité assez incroyable avec la gestion du personnel. Il est possible d'assigner des tâches par zone du parc et très vite cela devient essentiel si l'on veut que nos espaces soient entretenues. Un soigneur débordé fera en effet mal son travail, deviendra triste pouvant aller jusqu'à la déprime. Il est ainsi possible pour entretenir le moral du personnel d'assigner des augmentations de salaire. Particulièrement quand un employé doit gérer de vastes enclos. Il faut aussi veiller à ce que vos employés puissent avoir des salles de repos à disposition pour faire des pauses, sinon votre parc risque de sombrer très rapidement dans le chaos. Bref, il faut savoir gérer intelligemment votre personnel, si vous voulez qu'il demeure dévoué et heureux au travail.

Un pathfinding plus que douteux

Dommage que cette gestion soit polluée par un pathfinding parfois désastreux. Il arrive fréquemment que des soigneurs rentrent dans des enclos, restent quelques secondes sans rien faire et partent aussitôt, laissant le lieu sale et les bacs de nourritures et d'eau vides. Sans parler du fait que certains employés accomplissent des détours assez étranges dans les méandres du parc pour aller d'un point A à un point B. Enfin, on notera quelques bugs (notamment dans le mode Carrière) où des employés flottent carrément... dans les airs.

La gestion des humains passe aussi par le bonheur de vos visiteurs et cela se traduit par plusieurs biais : la propreté de votre parc, le bien-être des animaux et le taux "d'apprentissages" qu'apporte votre parc. En effet, un Zoo sans indication pédagogique sur les animaux n'a pas lieu d'être. Il faut que vos visiteurs puissent repartir avec des connaissances qu'ils n'avaient pas en arrivant. Réseau d'écrans interactifs, modules sonores, etc. Et il est aussi nécessaire d'installer des zones "pédagogiques responsables". Pour en apprendre plus sur la déforestation, le braconnage ou encore la pollution environnementale. Encore une fois ces éléments permettent d'apporter un côté très éthique au jeu. Bien amené, bien géré, sans en faire trop.

Le coté éthique passe aussi par le Zoopédia qui permet d'avoir accès à une vraie zone de savoir sur chacune des espèces : nombre d'individus restant dans le monde, en danger ou non, zones géographiques, comportements et infos en tous genres avec cartes et graphiques à l'appui, la précision va jusque dans les descriptions des différentes maladies dont peuvent souffrir nos animaux. ... Bref, un énorme travail de recherche a été réalisé. Un vrai bonheur quand on aime nos amies les bêtes.

Mignon et intelligent

L'autre bonheur est bien évidemment celui d'admirer nos spécimens vivre au quotidien. Chaque animal jouit d'animations réalistes et fidèles. On se perd à regarder une dizaine de minutes un mignon lionceau vivre sa vie, manger, suivre sa mère, se baigner, tenter de jouer avec son père... Idem chez les grands singes. Voir un bébé Orang-Outan saisir le bras de sa mère pour jouer avec elle, ça n'a pas de prix.

Le studio Frontier a travaillé en étroite collaboration avec des spécialistes en comportement animalier et ça se voit. Dommage que parfois un bug de collision entre deux animaux ou avec un objet du décor vienne soudainement casser l'immersion. Car très franchement visuellement c'est un sans faute la plupart du temps. Les animaux sont tous plus beaux les uns que les autres, pelages, écailles et autre plumes sont ultra réalistes en termes de rendu à l'écran. Sans parler de la gestion de la foule, qui est toujours aussi bluffante comme c'était déjà le cas dans Planet Coaster.