Après un prologue qui donne d'emblée le ton, le joueur prend le contrôle d'un homme, isolé, et qui s'est abrité dans une vieille bicoque qui lui tient lieu de refuge. Car au-dehors, un fléau semble s'être emparé des terres depuis qu'une mystérieuse forêt ne cesse de s'étendre, charriant avec elle la peste et la nuit. Des bêtes malfaisantes rôdent sans cesse et le héros ne peut plus se contenter de blinder son abri contre ces menaces : il doit trouver un moyen de s'échapper de la forêt.

Alone in the Dark

Je n'en dévoilerai pas beaucoup plus sur l'intrigue, mais des individus au profil inquiétant viendront vous prêter main forte ou au contraire vous mettre des bâtons dans les roues tout au long du jeu. L'une des forces de ce dernier, c'est indéniablement son ambiance, sinistre au possible, qui instaure le malaise chez le joueur dès les premières minutes de l'aventure, et ce sans user des artifices habituels du jump scare. La sensation de solitude, de danger permanent est prégnante dans Darkwood. On doit cela notamment au travail assez dingue effectué par le département audio d'Acid Wizard Studio sur le sound design : chaque bruissement, murmure ou cri de bête est susceptible de vous glacer le sang. On vous conseille par ailleurs de jouer au casque pour une expérience plus immersive. La musique, bien que discrète, forcément, se révèle de très bonne facture également.

Sur le plan visuel, en revanche, le constat est plus mitigé. Si la vue du dessus possède un certain charme et permet d'appréhender plus facilement ce qui entoure le personnage, les environnements finissent par se ressembler un peu tous, en partie parce que la direction artistique tend vers la monochromie, avec quelques teintes verdâtres et cramoisies. Plutôt joli en mode docké, le titre perd singulièrement en résolution en mode portable, avec des caractères souvent flous. À ce sujet, le titre dispose de textes en plusieurs langues : anglais, polonais, allemand... mais pas français. À noter que les vibrations HD de la Switch sont intelligemment mises à contribution pour accentuer la peur dans le jeu.

Night in the Woods

Darkwood s'avère également à ce point plus sombre en nomade que sur la télé et il devient parfois difficile de distinguer précisément le jour de la nuit, surtout si un rayon de soleil s'invite sur l'écran de votre Switch. C'est d'autant plus dommageable que ce système de gestion jour/nuit est au coeur du game design du jeu : notre personnage doit se débrouiller pour faire tout ce qu'il a à faire et se réfugier dans son abri avant que la nuit ne tombe et qu'une obscurité totale ne règne. Après cela, qui sait ce qui peut vous tomber dessus ?

L'élément essentiel du gameplay de Darkwood réside dans son système d'artisanat. Très poussé, il permet de fabriquer des objets qui nous serviront dans notre progression. La recherche de matériaux prend alors toute son importance, d'autant que l'inventaire reste limité. Ainsi, pour fabriquer une torche permettant de s'éclairer dans les zones plongées dans le noir, il vous faudra du bois, du chiffon, de l'essence et une allumette pour enflammer tout ça. Les réserves s'épuiseront d'autant plus vite que, à l'instar d'un Breath of the Wild, la plupart de ces outils de fortune disposent d'une jauge d'usure, après quoi ils deviennent inutilisables. On peut néanmoins les rafistoler. Le jeu est en ce point réaliste que même la torche se consume : à vous de ne pas vous retrouver coincé au fin fond d'une grotte quand cela vous arrive...

L'environnement également peut être en quelque sorte "crafté", notamment l'abri du départ, dont on peut barricader les fenêtres ou dont le générateur nécessitera qu'on l'alimente en fioul, nécessaire pour pouvoir éclairer l'habitat à la tombée de la nuit.

Don't Starve

Notre protagoniste pourra également extraire l'essence de certaines matières (viandes, champignons...) afin d'élaborer une substance qu'il s'injectera par seringue : cela lui permettra d'acquérir de nouvelles aptitudes, telles que posséder une vision accrue ou la possibilité de manger des champignons pour restaurer sa santé. Celle-ci se matérialise par plusieurs barres rouges qui auront tendance à se réduire drastiquement si vous vous faites alpaguer par un ennemi. De même, les jauges d'endurance s'épuisent à chaque mouvement : course, dash arrière ou coup porté. Il vous faudra donc ménager vos efforts si vous ne voulez pas ensuite être acculés. Les affrontements manquent par ailleurs de finesse : esquiver et cogner, en gros, d'autant que la sensation d'inertie du personnage est assez prononcée.

Comme tout bon survival, Darkwood se veut donc particulièrement exigeant. Nous sommes lâchés dans cet univers sinistre et inhospitalier, avec le moins de directives possibles. Ça en devient même parfois assez déroutant et on se demande souvent bien ce qu'il faut faire pour progresser. Cette sensation d'isolement est accentué par la caméra éloignée. Au joueur alors de prendre son courage à deux mains et d'explorer ce qui l'entoure, avec la plus grande prudence néanmoins car chaque mort entraîne un retour à la case départ. Notons enfin que le système de sauvegarde manque de clarté puisque celle-ci survient de manière assez aléatoire (il est possible de le faire manuellement), lorsque l'on pénètre dans une zone ou que la nuit se termine.