Comme toujours, si vous n'avez pas fait les épisodes précédents, nous ne vous recommandons pas la lecture de cette critique, susceptible de vous spoiler une partie de l'intrigue.


Après le froid mordant de l'Oregon et quelques rencontres aux dénouements compliqués, nous voici désormais en Californie. Une fois encore, plusieurs semaines se sont écoulées depuis le chapitre précédent. Bien des choses ont changé, en plus de l'environnement chaud et boisé dans lequel évoluent les deux frères. Ils font désormais partie d'une communauté. Celle-ci est composée de marginaux vivant sur un campement de fortune, dans des tentes, et gagnant leur croûte dans une plantation illégale de cannabis. Chacun a son passé et ses motivations, que l'on prendra plaisir, avec parfois un soupçon de crainte, à découvrir au gré de dialogues souvent annexes. Le cadre étant resserré et le développement de l'histoire principale un peu plus bref qu'auparavant (comptez deux grosses heures), on ne boudera toutefois pas de faire plus amplement connaissance, au contraire. Tous ont leur truc, les auteurs comme les doubleurs ayant très bien travaillé.

L'herbe est plus verte ailleurs

Mais revenons à nos jeunes fugitifs. Le plan est pour le moment simple : camion, boulot et dodo en attendant d'avoir amassé un pactole suffisamment important pour filer vers le Mexique. Sauf que, comme à chaque fois, rien ne va se passer comme prévu. Pas besoin d'évoquer les conditions précaires, la saleté et les obligations de chacun de partager. C'est surtout que le grand frère, bien que gardant un oeil sur le plus jeune, a naturellement envie de passer du temps avec des personnes plus âgées avec lesquelles s'est établie une connexion tout en substances alcoolisées et hallucinogènes. Sans parler des attirances. La conséquence : Daniel se sent seul, exclu d'un monde des adultes auquel il estime appartenir grâce à ses pouvoirs. Les problématiques sont nombreuses. Il faut savoir garder un secret, protéger, rester sympa tout en s'affirmant comme le père de substitution... Mais on ne peut pas réussir sur tous les fronts. Un flash-back placé intelligemment ne manquera pas de peser sur les décisions les plus difficiles, assez nombreuses, et nous ramener à l'idée que l'orage peut gronder à tout moment.

La menace fantôme

L'environnement n'a rien de marrant. Il est même à la limite du menaçant. La vie se limite au minimum. On parlerait plus de survie, avec un job rébarbatif au possible pour des personnes antipathiques. Et pourtant, cet épisode fait preuve d'une légèreté étonnante - soulignée par certains bons choix musicaux. Il se voit porté par les rêves et espoirs d'un groupe de paumés auxquels on s'attache vite, par des points communs, des échanges dignes d'une famille... Mais bien entendu, cela ne va pas durer. À plusieurs reprises, nous prenant au dépourvu, DONTNOD va susciter la peur, chercher à nous faire mal, à nous contrarier. Faire monter une tension palpable pour nous offrir un final intense, déchirant et qui laisse entrevoir un parcours des plus sombres pour les volets suivants.