Metro Exodus se déroule lors de l'année 2036, juste après les faits relatés dans le dernier roman Metro 2035. Mais pas de panique, il n'est pas nécessaire d'avoir ouvert l'un des ouvrages de Dmitri Glukhovsky pour comprendre la substantifique moelle du scénario de Metro Exodus. C'est un plus pour comprendre le moindre détail mais dans les grandes lignes, tout est jouable très facilement. Mieux, il n'est même pas nécessaire d'avoir joué à Metro 2033 pour comprendre l'action de cet Exodus. En effet, le jeu commence sur une magnifique vidéo d'introduction relatant le background de l'univers pour être bien au fait et en phase avec les différents propos. Une mise en scène de très bonne facture qui en dit long sur le travail global effectué et qui n'est qu'un signe avant-coureur de ce qui vous attend plus tard.

Une mise en scène incomparable

Ce Metro Exodus est très cinématographique avec une excellente mise en scène, celle-ci ne déçoit jamais. 4A Games sait mettre en valeur ses personnages et ses environnements, et quand on voit à quel point tout est ciselé et précis, ce n'est guère étonnant. Le jeu fourmille de détails et chaque parcelle de l'environnement a été travaillée à la main comme ont pu le souligner les développeurs lors de diverses interviews. Rien n'est laissé au hasard et outre certains clins d'oeils (comme la présence du roman Metro 2035 à certains endroits) le jeu est surtout profondément immersif et réaliste.

Alors évidemment l'ambiance n'est pas propice à la fête et on vous conseille même de laisser le jeu de côté un temps si vous êtes en pleine phase de dépression tellement tout est viscéral. Même plusieurs heures après voir arrêté le jeu, on continue à y penser le soir car l'univers est marquant et possède quelque chose de l'ordre de l'envoûtant. On plonge réellement dans Metro Exodus comme c'est le cas avec un très bon film. Sauf qu'au lieu de passer 2 bonnes heures enthousiasmantes, on en passe quasiment 25.

Artistiquement sans faille

Artistiquement c'est une claque que l'on reçoit en pleine figure ; le jeu n'est pas un monde ouvert comme on l'entend, un peu à la Ubisoft, mais est fait d'une telle manière que l'on a tout de même l'impression d'avoir une énorme liberté d'action. En fait il s'agit surtout d'environnements semi-ouverts qui vous forcent généralement à emprunter un ou deux chemins différents tout au plus, mais le titre n'en reste pas moins très grand dans son univers. La carte que l'on ouvre d'un simple "clic" en est témoin. Notons d'ailleurs à ce propos que chaque action du jeu laisse place à une animation, c'est là qu'on se rend compte du degré de précision voulu par 4A Games. Quand on ouvre sa carte, on déplie "littéralement" une version au format papier et on ne passe pas par un menu qui fige miraculeusement le temps et l'espace.

L'immersion à son paroxysme

Son cycle jour/nuit de qualité permet à de nombreuses reprises de vivre les choses différemment. La nuit, les monstres se font plus nombreux et sortent en hordes mais les humains ont tendance à être moins attentifs. Inversement le jour les monstres sont moins nombreux mais les différentes factions et autres sectes vont patrouiller avec plus de véhémence et de vigueur. Les différents chapitres nous font en plus voyager au travers de toute la Russie, des confins de l'Oural jusqu'à la Frontière Caspienne en pleine zone désertique. Evidemment ceci permet d'avoir une très grande diversité environnementale qui se retrouve aussi dans les différents monstres que l'on rencontre. Bref, un vrai plaisir. En revanche là où on aurait aimé un peu plus de détail c'est au niveau des dégâts physiques sur les ennemis qui sont pour ainsi dire inexistants à part quelques gerbes de sang. Ça met un coup à l'immersion j'avoue... Ceci étant dit, cette absence sera-t-elle comblée par l'ajout d'un futur patch ? On l'espère.

Techniquement irréprochable

L'artistique est épaulée par une technique irréprochable. Le jeu est un sans-faute en termes de graphismes (nous avons effectué le test sur la version PC mais la version Xbox One X n'a pas à rougir). Les textures sont d'une grande finesse, les effets volumétriques tout simplement ahurissants. Rappelons d'ailleurs que la version PC jouit évidemment du RTX si toutefois votre PC est équipé d'une carte graphique Nvidia modèle génération 20XX. Une claque technique supplémentaire dans les dents qui rend les effets de réfraction de lumière incomparable avec ce qui se fait à l'heure actuelle sur la majorité des autres jeux. Cerise sur le gâteau vous pourrez aussi goûter au fameux DLSS qui vient sublimer les textures. Mieux, le tout sera disponible dès le lancement le 15 février 2019.

À noter que nous avons également pu jouer plusieurs heures à la version PS4 Pro. Celle-ci se comporte de façon très honorable sur le plan visuel. Extérieurs et intérieurs sont très réussis, même si la qualité des textures et des éclairages n'est en aucun cas équivalente à ce que l'on trouve sur un PC suréquipé poussé à fond. Dans les zones plus chargées, quelques ralentissements ont aussi pris la peine de s'inviter, au même titre que le tearing (image comme coupée en deux), à plusieurs reprises. Rien n'empêche, toutefois, d'apprécier l'aventure d'Artyom.

Muet comme une carpe radioactive

Ce joli papier cadeau (doré à l'or fin) renferme un scénario de haute volée et quand on sait que l'auteur Dmitry Glukhovsky a veillé au grain sur chaque partie du scénario et la cohérence de l'ensemble ce n'est pas étonnant. Les personnages sont d'une grande profondeur excepté pour... Artyom. C'est là qu'on va s'engager sur les choses qui fâchent puisque notre héros souffre du syndrome de Gordon Freeman, à savoir un mutisme à la limite du ridicule. L'homme ne s'adresse même pas à sa propre femme, Anna même quand celle-ci nous pose une question. On se demande vraiment comment la cohérence tient debout. Paradoxalement, ce n'est pas très gênant pour le déroulement de l'histoire et sans doute est-ce là un moyen d'améliorer (de manière peu habile) l'immersion et de convenir aussi bien à un joueur féminin que masculin. Il est toutefois difficile de comprendre ce choix.

Une I.A. pas très finaude

Toujours dans les points noirs on notera l'I.A. aux fraises, mais le problème est en partie camouflé par le fait que le jeu ne laisse pas la place à l'erreur. L'univers post-apocalyptique étant ce qu'il est, les munitions se font rare et la moindre erreur peut être fatale. Notre personnage est vraiment humain et peut très vite mourir, sauf si vous avez sur vous quelques medikits. C'est là qu'on en vient à l'ultime point positif de jeu : son système de craft et de customisation des armes. Le jeu propose deux systèmes : le craft simple via son sac à dos à n'importe quel moment du jeu et le craft complexe qui nécessite de passer par un atelier.

Comme pour l'usage de la carte, le craft nécessite d'ouvrir son sac à dos sur le sol et dans ces conditions on comprend bien que notre personnage n'est pas à l'abri d'une attaque impromptue. Le sac à dos permet de fabriquer des munitions pour l'arme pneumatique et de rajouter à la volée des options à notre arsenal (viseurs, lunettes, crosses, etc). Alors que l'atelier va vous permettre de manufacturer des munitions à ogives et à poudre, de nettoyer vos armes et de réparer votre masque à gaz. Et ce n'est pas le sergent-chef Hartman qui viendra contredire ces lignes : une arme sale est une arme qui s'enraye. Et enrayer son fusil d'assaut en pleine lutte contre des mutants dévoreurs de chair humaine... C'est mauvais signe pour votre bilan annuel de santé. Votre masque gaz qui est votre fidèle allié dans toutes vos aventures nécessite lui aussi un soin tout particulier. La minutie du détail va si loin qu'il est possible d'un simple revers de la main de nettoyer la buée de sa visière pendant l'une de nos explorations. Quant on vous dit que le jeu va vraiment très loin...