Après avoir déchu Sebastiano di Ravello, Rico entame une aventure du côté de Solis, île dont son père est originaire. Comme à son habitude, car finalement la vie n'est qu'un éternel recommencement, notre héros va devoir fomenter une rébellion et stopper les plans de la Main Noire, dirigée d'une autre main, de fer celle-là, par Oscar Espinosa et Gabriela Morales, qui contrôlent les effets météorologiques à des fins douteuses. Notre héros entre en scène et va tout faire pour les arrêter à l'aide de son groupe appelé sobrement "l'armée du chaos".

Clairement, Just Cause 4 ne brille absolument pas par son scénario. Ça n'a jamais été le point fort de cette série de jeux d'action en monde ouvert, et cela n'évolue guère ici. Reste que les inconditionnels pourront apprécier de se retrouver face à une intrigue mêlant le passé tumultueux du père de Rico et des autres personnages récurrents de la série, comme Tom Sheldon.

Un gameplay évoluant par petites touches

Concernant le gameplay de Just Cause 4, débutons par un point positif : le titre d'Avalanche est toujours très facile à prendre en mains, aussi bien pour les habitués que les néophytes. On trouve ou retrouve très rapidement ses marques avec les désormais célèbres parachute, grappin et wingsuit. L'évolution matérielle majeure se trouve du côté du grappin, qu'il est désormais possible d'attribuer à trois slots pour des compétences différentes, comme par exemple les propulseurs, les ballons (ressemblant aux Fulton de MGS V) ou le treuil. Cela donne des situations totalement cocasses, où l'on peut prendre de l'altitude sur un container ou bien accrocher des ennemis pour les voir s'envoler vers d'autres cieux. C'est une bonne idée, mais malheureusement on en fait rapidement le tour. Cela est surtout destiné à donner lieu à des situations improbables pour des vidéos YouTube. Ensuite, en termes de mécaniques pures, n'attendez aucun chamboulement. Les utilisations sont similaires au précédent opus. En effet, la recette n'a pas changée d'un iota, le grappin ne sert qu'à la destruction et à voler en Wingsuit, les plus grosses avancées ayant déjà été effectuées par Dimah dans Just Cause 3.

Dans l'ensemble, le titre du studio suédois n'évolue donc que très peu et laisse surtout un goût de réchauffé. Toujours aucune mini-map affichée à l'écran, l'I.A. des ennemis reste à côté de la plaque, même si les développeurs ont ajouté de nouveaux types d'opposants... mais ça ne suffit pas, car si l'on prend en compte "l'invulnérabilité" de Rico (ce dernier peut encaisser plusieurs chargeurs avant de passer l'arme à gauche), on en vient à surtout se ruer vers l'objectif sans se soucier des tirs ennemis. Les gunfights se veulent toutefois plus nerveux et on ressent davantage l'impact des balles sur les ennemis, même si là aussi, ce n'est pas non plus un changement notable par rapport aux prédécesseurs.

Rico lui-même se manie avec aisance, mais il n'en va malheureusement pas de même pour les véhicules. En dehors des hélicoptères, les voitures, motos et avions de chasse sont de véritables savonnettes qui frustrent à chaque manoeuvre. Pourtant, les véhicules fait partie du coeur du gameplay de Just Cause 4... Ce n'est clairement pas une réussite de ce côté-là, même si ça reste fun de tirer avec un char d'assaut ou bien d'utiliser la nitro avec certaines automobiles ou motos, du moins quand on ne se prend pas d'arbre ou de sortie de route.

Ligne de front !

Parlons de la ligne de front, mes amis révolutionnaires. Celle-ci fait partie des nouveautés du jeu. Via la carte, vous pouvez constater l'avancée en temps-réel de votre révolution grâce aux missions. Plus précisément, il s'agit d'aller à l'assaut de bases détenues par la Main Noire. Ces missions sont d'une répétitivité indécente. Vous devez pour la majeure partie du temps pirater une console ou bien en activer plusieurs dans un secteur prédéfini. Si ce n'est pas cela, alors place à du sauvetage.

C'est une bonne idée de pouvoir faire avancer le front au fil de ces missions, mais celles-ci vous sont imposés. En effet, si vous ne les faites pas, il vous sera impossible de débloquer un objectif principal. À l'image de Just Cause 3, vous devez participer à la libération de villes pour obtenir le droit de continuer le scénario. Bien entendu, l'effet voulu est d'augmenter artificiellement la durée de vie, mais cela a davantage tendance à générer de la frustration. Pousser ainsi le joueur à effectuer les mêmes tâches pour n'obtenir qu'un morceau de trame, déjà pas très palpitante de base... Bien entendu, en avançant dans votre ligne de front, vous finirez tout de même par débloquer armes et véhicules, pour ensuite de venir à bout de la Main Noire, mais les défis, comme les quêtes secondaires, se révèlent assez insipides.

Un monde ouvert et dangereux

Le point le plus intéressant d'un jeu Just Cause est certainement son monde ouvert. Les développeurs l'ont d'ailleurs bien compris et semblent ne pas changer la recette, de peur de perdre les joueurs. On prend en tout cas du plaisir à arpenter les différents biomes présents. On basculera sans cesse d'un espace enneigé à un autre totalement désertique, ou encore d'une ville à une jungle fournie. On trouve également d'appréciables incidents climatiques comme la foudre, des tornades et autres tempêtes de sable, où il est d'ailleurs possible d'utiliser le parachute ou le wingsuit. Une véritable bonne idée de gameplay, très amusante.

Les missions ont beau être répétitives, elles offrent tout de même une émergence notable dans le gameplay. Vous pouvez mener la basse besogne comme il vous convient. C'est également la marque de fabrique de la série : arriver en hélicoptère ou en tank et dévaster une base ennemie dans un déluge d'explosions. Aucune règle, juste le droit de tout casser. En parlant de tout casser, vous pouvez mettre à mal certains éléments du décor et cela reste très appréciable. Ajoutons à cela la possibilité de se faire livrer armes et véhicules. Ce n'est pas une nouveauté, mais la fonctionnalité fait du bien, notamment dans les situations les plus tendues.

Capitaine, capitaine, vous n'êtes pas le capitaine !

Just Cause 4 pêche toutefois terriblement dans sa technique. Dans les précédents opus, on pouvait passer outre, mais là, en l'état c'est terriblement compliqué. Les couleurs saturent, les cinématiques font peine à voir, il y a du clipping à foison, ça aliase également... Tout est daté, et par moments certaines textures piquent la rétine. Ce sentiment n'était pas présent dans Just Cause 3. Pourtant, c'est toujours le moteur Apex aux commandes. Le temps et les moyens ont vraisemblablement manqué, c'est flagrant lorsque l'on voit le nombre de bugs présents dans le jeu. La caméra se permet également des folies, tandis que le moteur physique a tendance à devenir un peu capricieux à certains moments.

Bref, Just Cause 4 est une évolution mineure vis-à-vis de son prédécesseur. Il y a de bonne idées et le titre d'Avalanche Studios donne au joueur une recette qui a fait ses preuves par le passé, mais le nombre de défauts qui minent l'expérience en font au final un jeu médiocre. Il est difficile, en 2018, de passer après des mondes ouverts de grande qualité comme Red Dead Redemption II, Spider-Man ou encore Assassin's Creed Odyssey. La barre a été placée très haut, et Just Cause 4 ne parvient malheureusement pas à s'en approcher, malgré les quelques tranches de rigolade que son gameplay est capable de générer.