Episode spin-off oblige, le jeu ne possède pas du tout la même échelle que les précédents volets. Au lieu de nous offrir une carte de campagne parcourant l'Europe, le jeu se centre sur les îles Anglo-Saxonnes. À savoir l'actuelle Grande-Bretagne et l'Irlande, mais la carte n'en est pas pour autant plus petite. Elle est en fait aussi grande que dans un Total War classique, sauf que les détails sont beaucoup plus nombreux. À titre de comparaison, l'île principale est 23 fois plus grande que dans l'épisode Attila. Il vaut mieux donc apprécier les paysages verdoyants et pluvieux des environs de cette zone du monde, car vous n'allez voir que ça. Grandes plaines verdoyantes, vastes forêts ou encore sous-bois et champs de jacinthes seront votre lot pour toute la durée d'une partie.

Entre claque artistique et déception technique

Techniquement le jeu nous propose une fois encore son énième moteur graphique daté de plusieurs années avec quelques améliorations, l'un des plus gros problèmes est cet affreux popping de texture, notamment sur les champs de bataille qui fait apparaître des pans entier d'herbes et de feuillages. On comprend que le jeu doit tourner sur la majorité des machines, mais ne pas laisser une option pour l'éviter est un scandale pour un joueur PC. Il serait vraiment temps pour Creative Assembly de changer de moteur, car si autrefois la saga Total War était reconnue pour être l'une des plus belles licences de jeu de stratégie (Empire Total War par exemple), les années passant, c'est désormais tout simplement l'inverse qui se produit. Les graphismes ne font pas tout, on ne le répétera jamais assez certes, jusqu'à un certain niveau... Heureusement la carte de campagne est plutôt jolie et vient rattraper la faiblesse technique des batailles. Tout n'est toutefois pas à jeter et on saluera tout de même l'effort réalisé sur les textures des différentes unités. Notamment les vikings et leurs boucliers arborant de nombreux symboles.

Artistiquement c'est en revanche la grosse claque, en ce sens où l'on retrouvera toute l'esthétique du Moyen-Age anglo-saxon, aussi bien dans les nombreux portraits sous formes de vitraux d'Eglise que dans les cinématiques à l'ambiance délicieusement médiévale. Pour accompagner tout ça, la partie sonore n'est pas en reste avec de belles mélodies typiquement médiévales qui viennent bercer nos différents choix politiques et militaires. Quel plaisir de parcourir les plaines écossaises d'un simple "clic" et d'admirer les vastes étendues de forêt côtoyer nos villes.

"Pays de Galles indépendant ! "

Dans ce Total War vous pourrez faire votre choix parmi 5 cultures différentes pour un total de 10 factions (2 par culture). Pour mémoire le jeu se déroule en deux phases : la carte de campagne au tour par tour où vous gérez votre Royaume et les batailles en temps réel, où l'on gère ses troupes. Comme toujours chaque faction détermine un niveau de difficulté spécifique de départ. Si vous souhaitez commencer avec des facilités, Wessex est fait pour vous. Si vous cherchez un peu plus de challenge, alors l'une des factions gaéliques (irlandaises) vous attend. C'est là qu'on en vient à l'un des changements majeur de ce volet : la difficulté. Peu importe votre choix de faction de départ, le jeu sera dans son ensemble plus complexe qu'un Total War : Warhammer pour ne citer que lui. Si vous pensiez pouvoir accumuler des montagnes d'argent, vous allez être déçu car le nombre de bâtiments rémunérateurs a été drastiquement réduit. Cela permet d'avoir une progression plus lente, de rendre les armées plus précieuses et de ne pas "rouler" sur l'ennemi dès les premières heures de jeu. Un très bon choix qui force le joueur à mûrir sa réflexion et de préparer ses guerres longtemps en amont.

Une partie wargame intelligente

Une armée est d'autant plus précieuse que le système de recrutement est foncièrement différent. Il n'est plus possible de recruter infiniment des troupes car tout repose sur un habile système de "manpower" comme dans un jeu Paradox. Votre peuple n'est pas une machine et vos ressources en hommes valides sont donc limitées. Toujours dans l'optique de rendre la gestion des armées plus réaliste et complexe, vous devrez désormais nourrir vos hommes et le changement de saison pourra devenir très problématique pour fournir en nourriture une armée en campagne, d'autant plus si celle-ci se trouve loin de ses terres. À vous les joies d'une révolte si vous n'arrivez pas à rassasier vos gaillards rouquins et hirsutes. Cela va de paire avec le système de ravitaillement, puisque plus vous êtes en territoire ennemi longtemps, plus vous consommez du ravitaillement. Logique mais pourtant totalement absent des épisodes précédents.

Souvenir souvenir...

Belle nouvelle pour les vieux loups de mer de la saga : l'arbre des familles est de retour comme au bon vieux temps et il est enfin possible de gérer sa famille pour les placer à des postes-clés de votre gouvernement ou de vos armées (ou pas, selon affinité). Un petit coté Wargame qui n'est pas pour déplaire et qui ajoute du mordant aux relations diplomatiques. Il est toujours plaisant de marier vos filles à de lointains seigneurs pour espérer nouer une alliance lucrative et militaire. Le dernier changement concerne l'arbre technologique qui se débloque en remplissant des objectifs spécifiques (comme certains jeux Paradox encore une fois). On ne peut qu'être heureux de cet ajout quand on sait l'importance de la carte de campagne dans un Total War. Un vrai bon point.

Pour ce qui est des batailles qui sont tout de même le coeur d'un Total War, pas de gros changements à l'horizon, c'est toujours jouissif de contrôler ses troupes, de faire charger la cavalerie et de cribler de flèches un bataillon ennemi. L'un des rares changements notables est la diversité du système de coup critique qui permet de varier les plaisirs et de mieux réfléchir nos actions. Les batailles sont un peu moins épiques que dans les jeux précédents pour la simple et bonne raison que les armées sont composées de moins de troupe.

Le problèmes majeur c'est que le système de bataille est aussi consubstantiel au moteur graphique. Et tant que le moteur n'évoluera pas, nous ne sommes pas près de voir de véritables mêlées prendre vie. Car pour l'instant (et même si cela s'arrange) on assiste trop souvent à des soldats passifs attendant la fin d'un duel de l'un de leurs camarades pour agir.


Le point technique : Le jeu tourne bien avec une Nvidia GTX 970, donc autant dire qu'il tournera sur de nombreux PC. Toutefois, veillez à posséder assez de RAM si vous souhaitez jouer dans la meilleure qualité car le jeu est très gourmand de ce coté-ci, notamment dans la partie bataille. Même avec 16 Go, il y a quelques ralentissements en Full-ultra, ca devrait diminuer avec quelques patchs. Un comble étant donné la vétusté du moteur.