Le peu de fois que nous avons pu nous essayer à quelques courses bien choisies de Forza 7, il nous avait impressionné. Nerveux, visuellement magnifique, facile à prendre en mains mais bourré de bonnes sensations... Une vraie claque. Un essai qu'on espérait voir transformé avec le jeu complet, une fois passé en revue tous les détails de son contenu et l'organisation de celui-ci. Nous nous sommes donc naturellement dirigés vers le mode solo pour commencer, avec dans l'idée de vérifier si l'un des points faibles de la saga "Mortorsport" allait enfin franchir un cap. Car malgré toutes les qualités de Forza, et malgré les efforts consentis à chaque nouvel opus par Turn 10, la campagne solo n'a en effet jamais vraiment brillé face à la concurrence. Il s'agissait toujours plus ou moins d'un enchaînement de championnats, à travers des menus austères ou tout du moins sans originalités, qui avait du mal à nous tenir en haleine sur le long terme. Cette fois, il faut avouer que c'est beaucoup moins le cas : le mode solo de Forza 7 est plus "engageant" qu'il ne l'a jamais été auparavant et propose quelques nouveautés originales et bien senties.

Buffet à volonté

La campagne se divise en 6 championnats majeurs, qui eux-mêmes contiennent de nombreux mini-championnats et quelques "rassemblements" (épreuves spéciales). Ils s'intéressent tous à un type de véhicule différent, et vous pourrez choisir totalement librement lesquels vous avez envie de faire et dans quel ordre. Courses de GT, de petites compactes, de camions, de véhicules tous-terains, de monoplaces antiques... c'est un menu très varié qui vous est proposé d'emblée, et la bonne nouvelle dans tout ça, c'est que vous pourrez complètement éviter de vous imposer des choses que vous n'aimez pas (pour ma part les courses de camions ou de petits véhicules tous-terrains par exemple, que je trouve totalement inintéressantes). Il suffit en effet cumuler un certain nombre de Points de Série (SP) pour pouvoir passer au grand championnat suivant, et la complétion de 4 ou 5 mini-championnats/rassemblements (sur les 10 à 15 proposés à chaque fois) suffit amplement si vous terminez bien classé. Bref, on a d'entrée une offre très variée dans laquelle on pioche ce qu'on veut, selon ses goûts, et c'est comme ça du début à la fin du solo.

Un principe d'autant plus agréable que les fameux rassemblements mettent un peu d'originalité par dessus la variété des courses et véhicules classiques, avec par exemple ce duel contre Ken Block, ce défi de dépassement contre tous les anciens modèles d'un véhicule dont vous pilotez la mouture la plus récente... Tous ces défis sont plus courts (enfin sauf la course d'endurance évidemment !) et toujours rafraîchissants, même si l'on aurait apprécié d'en avoir un peu plus, et surtout avec un peu plus d'idées nouvelles, car vous allez également devoir - à nouveau - faire du bowling sur la piste Top Gear, ainsi que des défis auto-cross (parcours de slalom) pas bien passionnants. On aurait aimé un peu plus d'originalité, plus de risque, surtout depuis que la saga Forza Horizon nous a totalement bluffés sur ce point... Mais bon, cela dit, ce mode solo s'en sort déjà mieux que dans les épisodes précédents.

C'est une collectionnite Monsieur

Mais le changement le plus marquant reste ce nouveau principe de galerie de voitures, qui va vite changer vos habitudes et faire de vous un collectionneur compulsif. Dans Forza 7, un "Niveau de Collection" vient ainsi s'ajouter au Niveau de Pilote. Si ce dernier augmente toujours avec vos gains d'XP, le Niveau de Collection, lui, augmente pour sa part à chaque fois qu'une nouvelle caisse fait son entrée dans votre garage. Bien sûr, toutes les voitures n'ont pas la même valeur ni la même rareté... et donc pas le même apport en points de collection. Il existe d'ailleurs un nouveau menu dans lequel sont compilées des petites images des 700 (et quelques) bagnoles du jeu. Un vrai petit album Panini qui permet de voir instantanément les voitures qu'on a et qu'on n'a pas, le prix de celles qu'on vise, le nombre de points de collection qu'elles rapporteraient, etc.

Dans ce joli petit catalogue d'images, chaque voiture est classée dans l'une des 5 catégories (de "Commune" à "Légendaire", en passant par "Rare", etc.), le tout dans une interface aussi simple qu'efficace et lisible. Vous aurez tout intérêt à gérer au mieux votre collection, car votre bonne progression dans le jeu, la possibilité de participer à tel ou tel mini-championnat qui vous fait de l'oeil, en dépendent. À chaque passage de Niveau de Pilote notamment, vous devrez faire un choix : empocher une rondelette somme de crédits, une nouvelle voiture gratuite / avec une grosse réduction, ou choper une nouvelle combinaison de pilote ? Autant dire qu'il ne vaut mieux pas choisir cette dernière option, mais plutôt favoriser la voiture, surtout quand elle appartient à une catégorie vous permettant de faire un mini-championnat sans avoir à en payer une autre plein pot, et d'autant plus si elle vous ramène un bon paquet de Points de Collection.

Bien sûr, plus votre Niveau de Collection sera élevé et plus les voitures qui vous seront proposées seront intéressantes... et plus vous en cumulerez, plus votre niveau augmentera... Autant dire qu'on met le doigt dans l'engrenage et qu'on ne sort plus jamais de cette spirale ! Moi qui n'avais pas pour habitude d'empiler les bagnoles dans mon garage virtuel, j'ai clairement changé mon fusil d'épaule et me suis pris au jeu de cette fuite en avant collectionneuse. Avec plaisir. Un bon point, donc.

Simulation accessible et plaisir immédiat

Bon c'est bien joli tout ça, le mode solo est donc plus engageant que d'habitude - Check. Il aurait quand même mérité un peu plus de nouveautés et d'originalités - Dommage. Mais passons au plus important : ça vaut quoi une fois le pad en mains ? Sans surprise, comme on vous le rabâche depuis de mois maintenant : c'est un pur plaisir que de piloter dans Forza 7. Bien sûr, le jeu profite toujours du compromis arcade/simulation historique de la série, paramétrable à souhait via les aides à activer ou non, mais tout s'est encore une fois amélioré, bonifié. Freinages, transferts de masses, pertes d'adhérence... les modèles physiques se révèlent à mesure qu'on désactive progressivement lesdites aides, nous bluffant par des réactions réalistes, parfois violentes, mais toujours compréhensibles et jamais frustrantes. Le jeu n'offre pas le même degré de réalisme et d'exigence qu'un Project CARS 2, ce n'est d'ailleurs même pas son but, mais son moteur physique reste cohérent et permet à la fois un plaisir immédiat et une conduite subtile, avec une marge de progression importante. Le plaisir est toujours là.

Ces progrès sur la physique, vous les verrez petit à petit dans moult détails, mais ce qui vous sautera vraiment aux yeux, c'est le nouveau dynamisme, la nouvelle vivacité de l'ensemble. La caméra est en effet beaucoup moins statique qu'avant, et ça fait beaucoup de bien au jeu. Chaque choc, chaque freinage et chaque accélération peut être ressentie de manière plus nerveuse qu'avant, grâce à de subtils mouvements de caméra. Ces derniers nous font également ressentir l'instabilité d'une situation, par exemple lorsqu'on est lancé à très vive allure sur une piste un peu cabossée et que ça commence à vibrer dans tous les sens... on peut réellement "sentir" que le point de rupture est proche, qu'il ne faudrait pas grand chose pour partir en sucette. On lève alors le pied, ou on prend des risques, selon la situation... Tout cela ajoute en tout cas beaucoup au plaisir de piloter qu'on connaît depuis moult épisodes de Forza. Ha, et à propos de caméra : mention spéciale à la nouvelle vue cockpit, plus rapprochée du pare-brise, qui est idéale pour jouer au volant évidemment, mais pas que, puisqu'à la manette aussi on profite de son champ de vision plus focalisé sur la piste, et de loin ça fait de cette vue ma préférée.

Attention les yeux (et les oreilles)

L'inquiétude légitime qu'on pouvait avoir, en constatant que Microsoft nous montrait toujours Forza 7 sur Xbox One X, était que la version Xbox One classique soit visuellement décevante, voire totalement downgradée par rapport aux autres... eh bien non, à vrai dire il nous a surpris par ses qualités graphiques sur notre bonne vieille Xbox One ! C'est même très impressionnant, et quelle que soit la plateforme sur laquelle il tourne, Forza 7 est certainement le plus beau jeu de course du monde. J'ai fait mon possible pour prendre de jolis screenshots, mais honnêtement ils ne rendent pas justice au jeu, qu'il faut voir tourner pour se rendre compte du merveilleux boulot livré par Turn 10, à la fois techniquement et esthétiquement.

Parmi les 32 circuits disponibles (qui se déclinent en plus de 120 versions différentes), un seul petit nouveau fait son entrée, Dubai, et c'est une petite merveille. Visuellement, on sent immédiatement qu'il a été conçu pour ce septième épisode, il est plus beau que tous les autres. Mention spéciale pour le rendu des reliefs rocheux, qui entourent certaines portions du circuit et dont le photoréalisme est saisissant, mais aussi pour tous les détails qui fourmillent ici et là. Sable qui recouvre le bitume et s'envole au passage des voitures, hélicoptère qui passe au dessus-de vous, circulation routière de l'autre côté des rambardes délimitant le circuit, canons à confettis, buildings qui apparaissent à l'horizon... La classe. Les autres circuits pour leur part ont été plus ou moins refaits sur la base des épisodes précédents, ce qui fait qu'on note une différence, mais ils bénéficient eux aussi de tous ces nouveaux détails qui les rendent plus "vivants". Le coup de l'hélico est souvent repris, mais on peut également voir une nuée d'oiseaux traverser le ciel, des feuilles mortes traverser la piste, etc. Si vous jouez en vue cockpit, vous retrouverez évidemment les reflets du tableau de bord, mais constaterez aussi que le pare-brise se salit progressivement au fil de la course. Vraiment, les détails fourmillent.

Côté sound design, là aussi ce Forza 7 impressionne. Non pas que les précédents épisodes pêchaient sur ce point, loin de là, mais ici encore les progrès se font rapidement remarquer. Vous allez tomber amoureux du son produit par chaque bagnole, adorer passer d'une vue à une autre pour noter les différences, tendre l'oreille comme jamais une fois dans les tunnels... Un pur délice, qui s'apprécie lui aussi dans les petits détails, comme ces passages bruyants de vos roues sur des grilles au sol, ou encore le bruit sourd des hélicos.

Ça va glisser chérie

Et que dire des effets météo et des différentes luminosités de la journée et de la nuit ? Ces nouveautés avaient été introduites dans Forza 6, mais elles reviennent cette fois en mode "évolutives". Vous pourrez donc commencer une course sous l'orage et la finir sous un beau ciel bleu, partir de nuit et voir le jour se lever au dernier tour... Les joueurs réclamaient cette option à cors et à cris et ils avaient bien raison, les voici contentés (partiellement, on y revient plus bas), et cela ajoute évidemment beaucoup au plaisir de jeu. D'autant plus que ces effets sont absolument fabuleux visuellement, surtout la pluie et les couchers de soleil, mais pas que.

On redécouvre souvent chaque circuit bouche bée, lorsque les conditions ont changé, presque déconcentré par la beauté de certains rendus. Parmi les nombreuses images qui se sont gravées dans mes rétines après ma quinzaine d'heures de jeu, il y a par exemple le circuit de Suzuka, après un premier tour sous l'orage, qui devint d'un coup clair et lumineux une fois les nuages transpercés par les rayons du soleil. La piste, encore détrempée, reflétait alors magnifiquement les éléments du décor, dont la fameuse roue géante, encore éclairée, tandis qu'au loin on apercevait une brume se former au dessus des éléments naturels qui entourent le circuit. Le génial circuit de Spa Francorchamps m'a également bluffé par ses couleurs en fin de journée, sous une légère bruine... Et bien sûr tous ces éléments influent à merveille sur le gameplay. On ne pilote pas pareil dans la nuit noire, et la pluie nous oblige à plus de prudence, à freiner plus tôt et moins fort... d'ailleurs la gestion des flaques d'eau, initiée dans Forza 6, est toujours un pur bonheur dont on ne se lasse pas.

Un sans faute ?

Mais tout n'est pas parfait pour autant, vous vous en doutez. Même d'un point de vue visuel : le circuit de Maple Valley par exemple, qui fête son retour dans ce Forza 7, est loin de laisser la même impression que les autres, avec sa végétation aux couleurs criardes et à la modélisation discutable. Rien de catastrophique, mais on espérait un lifting plus sérieux. C'est lui le pus "choquant", mais disons que tous les circuits ne semblent pas avoir été refaits avec le même soin. De plus, si effectivement les effets météo sont absolument superbes visuellement, s'ils sont enfin évolutifs, ils ne concernent malheureusement pas tous les circuits, et c'est une vraie petite déception. Impossible par exemple de faire Prague ou les Alpes Bernoises ni sous la pluie, ni de nuit. Si l'on fait les comptes, c'est quand même près de la moitié des tracés du jeu qui ne peuvent pas être pratiqués sous la pluie...

On aurait apprécié également que les dégâts sur la carrosserie soient plus soignés. Ça fait quelques années qu'on aimerait voir Forza se rapprocher de ce que savait faire Codemasters à sa grande époque, mais ce n'est toujours pas le cas. Ça stagne un peu.

On serait également tenté de chipoter un peu sur la qualité de finition en certains endroits. Turn 10 nous a tellement habitués à un haut degré de fignolage que nous avons été très étonnés de constater certains petits bugs d'affichage (textures) et, surtout, des baisses de frame rate brutales et inexpliquées sur certaines courses (là pour le coup c'est du jamais vu dans un Forza). Par ailleurs, il semble y avoir un bug au niveau de l'aspiration, qui paraît purement et simplement désactivée, alors même qu'elle fait partie des statistiques décomptées. Bizarre, tout comme ce niveau de difficulté des Drivatars, qu'il faut sans cesse ajuster tant il est déséquilibré d'une course à l'autre, d'un véhicule à l'autre. Un point particulièrement agaçant.

Turn 10, réveille-toi

Si Forza 7 est divin sur bien de points, quitte à citer quelques défauts, ouvrons finalement le chapitre des choses qui fâchent, parce que les joueurs les réclament depuis trop longtemps et qu'elle n'arrivent pas. Je parle par exemple de l'absence de qualifications. On voudrait pouvoir se positionner correctement sur la grille de départ, grâce à des tours de qualif', mais non, on est invariablement placé au milieu du peloton. Pourquoi ne pas proposer aux fans de sport auto de vrais week-end de course, avec essais, qualifis et course ? De plus, si cette fois on peut s'arrêter aux stands (sans animation), cela ne sert quasiment à rien, y compris dans l'événement spécial d'Endurance proposé dans le deuxième championnat.

Mais venons-en à la chose qui m'a le plus choqué - et là franchement c'est le ponpon : non seulement Turn 10 n'a pas ajouté ce genre d'élément réclamés depuis des lustres, mais il a enlevé quelque chose qui faisait à mon humble l'ADN de Forza : les gains qui augmentent avec la désactivation des aides au pilotage ! Ça a purement et simplement disparu, et désormais seule l'augmentation du niveau de difficulté des IA ajoute des pourcentages de gains bonus. Je trouve ça hallucinant : la prise de risque, le skill, ne sont plus récompensés. Seul moyen désormais de faire augmenter vos gains après la course : les Mods. Une nouveauté sous forme de cartes qu'on équipe avant de partir en course, et qui ont des propriétés différentes. Exemple de carte : faites 3 drifts pendant la course pour gagner 20% de crédits bonus à la fin. Ces Mods, vous les gagnez à différentes occasions, mais surtout en achetant des boîtes à loot (dans un menu dédié), qui peuvent également contenir des voitures et tenues de pilote. Ces boîtes existent en plusieurs types et catégories, avec des prix parfois exorbitants en crédits in-game... Eh oui, vous le voyez venir : les micropaiements ne sont pas loin ! Actuellement absents du jeu (a-t-on voulu éviter une polémique à la Forza 5 ?), on les voit déjà venir à des kilomètres.

C'est un peu timide tout ça

Si l'on décide de mettre de côté ces petits détails agaçants, Forza 7 reste un jeu de course superbe et très efficace. Malgré tout, on ne peut s'empêcher également de regretter son manque d'originalité, de prise de risque. On a déjà cité Forza Horizon plus haut, mais impossible de ne pas penser à lui, qui a mis tellement de sang neuf, au moment de regretter le manque de nouvelles idées dont a fait preuve Turn 10 sur ce coup. Certes, la saga Motorsport se veut plus "sérieuse", moins délirante, mais ceci n'empêche pas cela. Le classicisme et le manque d'efforts de ce Forza 7 saute aux yeux notamment lorsqu'on se penche sur le mode multi, qui propose ce à quoi on s'attendait, mais sans rien de neuf. Il ne sort pas des clous une seule seconde, souffre même de quelques instabilités (sur nos parties en tout cas) et d'un défaut assez épatant : il ne punit pas les virages coupés par une baisse de vitesse imposée. Déjà que la plupart des joueurs jouent comme des bourrins...

En dehors du multi, vous allez passer également beaucoup de temps dans le mode Rivaux, toujours aussi sympa pour se lancer des défis, mais on aurait vraiment aimé voir un peu plus d'idées originales, de nouveautés, de choses surprenantes dans le solo. On le répète, ce dernier est engageant et très sympa à parcourir, mais reste donc trop "sage", à l'image du jeu tout entier.