Il est vrai qu'avec son trailer coloré mais volontairement avare en information, on aurait pu facilement passer à côté de GNOG. C'était sans compter sur la persévérance de votre serviteur, toujours avide de défendre la veuve et l'orphelin vidéoludique. Et s'il va être un brin compliqué de vous parler de cette petite pépite venue du Canada sans trop en dévoiler afin de laisser la surprise intacte, ce serait vraiment criminel de passer à côté. Vous me suivez ?

J'ai envie d'aller au GNOG

Je vous parlais quelques lignes plus haut de visages, et ce n'était pas par hasard : GNOG propose en réalité une galerie de puzzles bien particuliers, prenant souvent la forme de visages de monstres que l'on pourrait croire sortis d'un Pixar, tendance SF. Avec son tutoriel de dix secondes montre en main, le jeu ne nous enseigne volontairement que peu de choses : ce sera à vous de tirer, pousser, faire tourner tout ce qui dépasse, comme l'introduction de ce bon vieux Super Mario 64 en son temps. À la différence près qu'ici, il faudra se creuser la tête pour comprendre à quoi peut bien servir chaque bouton, plus ou moins mis en évidence.

Chaque Gnoggin vous demandera ainsi de faire usage d'un minimum de matière grise, mais aussi et surtout d'observation. Systématiquement lâché sans la moindre indication, le joueur ne peut qu'essayer, encore et encore, de comprendre le fonctionnement si particulier de ces casses-têtes chinois du XXIème siècle. Car chaque puzzle adopte une logique bien différente, et l'on pourra parfois passer un quart d'heure bloqué sur l'un d'entre eux pour peu que l'on n'ait pas compris que la molette jaune fait défiler une image indispensable à la compréhension à l'opposé de l'écran. Mais ce n'est pas grave, on clique un peu partout, on maudit son cortex si peu attentif en ce lever de soleil qui pointe déjà par la fenêtre (car oui, le jeu est court), mais ce n'est pas grave : la solution est là, quelque part. C'est là l'une des forces de GNOG : incapable que nous sommes à les identifier au premier abord, il laisse apparaître ses indices sans vergogne, comme pour mieux se jouer de vous. Hidden in Plain Sight, diraient nos amis d'Outre-Manche.

Le songe d'une nuit d'été

On ne se lasse d'autant pas de chercher ce qui parviendra à ouvrir un peu plus chaque puzzle que l'univers onirique et zénifiant de GNOG participe à une immersion plus qu'apaisée. D'abord très discrète et subtile, la musique ne se dévoile - nappes après nappes - qu'au fur et à mesure de la progression, agissant comme une récompense. Avec un casque sur les oreilles, il y a de fortes chances pour que GNOG vous happe corps et âme pour la nuit entière. C'était sans compter sur sa palette de couleurs, psychédéliques à souhait, et qui réussit l'exploit d'insuffler une bonne humeur sincère du début à la fin. Cette direction artistique pertinente, en plus d'être savamment cohérente, confère au jeu un véritable supplément d'âme, et une sensation feel good qui ne cherche pas à gratter quoi que ce soit. On se laissera donc emporter dans chacun des neuf (!) niveaux du jeu sans jamais rechigner, d'autant plus que tous proposent finalement une petite histoire muette ô combien sympathique. Que demander de plus, je vous pose la question ? Un café et l'addition, s'il vous plaît.

Virtual Insanity

PlayStation VR vissé sur la tête, le jeu prend une ampleur phénoménale. Immergé dans l'univers si particulier de chaque tableau, il parait bien difficile de résister à la formule proposée par GNOG. Sa direction artistique colorée à souhait et sa bande son tout droit sortie d'un rêve apparaissent comme sublimées une fois que l'on ne fait plus qu'un avec le jeu. Autant dire que si vous avez déjà lâché 400 de vos précieux €uros/dollar$ dans l'étendard de la réalité virtuelle grand public, il serait criminel de passer votre chemin.