Styx Shards of Darkness fait suite à Styx Master of Shadow et nous propose d'incarner Styx, un gobelin apparu pour la première fois dans Of Orcs and Men, un autre titre du studio Cyanide, mais qui lui n'avait rien à voir avec le genre infiltration. Quand on parle d'infiltration, on a plus tendance à penser à un environnement moderne type Hitman ou Splinter Cell qu'à un univers médiéval heroic-fantasy. Pourtant, Styx n'a que faire du classicisme vidéo-ludique et réussit avec brio à imposer son propre style, tout en innovant par rapport à l'épisode précédent.

Gobelin un jour, gobelin toujours

Styx gagne en souplesse et les mécaniques de jeu sont globalement moins rigides. Il est possible de se positionner plus facilement derrière un obstacle, tandis que les possibilités tactiques sont plus nombreuses. Il est possible de faire des éliminations furtives depuis les rebords, depuis une cachette comme un coffre... Bref, plein de choix s'offrent à nous. En revanche, les ennemies ont toujours tendance à se déplacer de manière peu naturelle, mais comme les combats sont loin de constituer l'intérêt principal du jeu, ça ne pose pas forcément de gros soucis. Tout repose sur la discrétion, et ça tombe bien puisque le level-design est très permissif et offre de vastes possibilités. Notre gobelin étant petit, il peut se faufiler sous une table, dans un trou ou par une fenêtre sans attirer l'attention. Tous les chemins mènent à Rome comme on dit, et s'il ne s'agit pas ici d'un monde ouvert, les maps permettent de prendre de nombreux chemins différents. La verticalité est présente partout et en cherchant bien, il est possible de trouver de nombreuses solutions à tous nos problèmes.

Non seulement les zones sont vastes, mais elles sont aussi très différentes les unes des autres, allant du donjon obscure et humide à la falaise de bord de mer, en passant par le vaisseau volant et j'en passe. Les équipes de chez Cyanide n'ont pas refait les mêmes erreurs que sur le premier titre, on peut enfin retrouver un certain exotisme dans les décors.

"Moi j'ai pas besoin de torche, je suis nyctalope."

Pour réussir ses missions, ont peut compter sur les talents et gadgets incroyables de notre créature verte. Leurre, sort d'invisibilité, création de clone... Tout y passe, et c'est sûrement ce dernier pouvoir qui sera le plus utile et offrira le plus de stratégie. Styx peut en effet se dupliquer et créer un clone que l'on peut par la suite utiliser, à la différence que celui-ci est "nu" - c'est à dire qu'il ne possède ni les outils ni les pouvoirs de son maître. Mais ça reste un formidable outil de diversion, permettant d'attirer l'attention des ennemies et d'ouvrir un chemin tout tracé à notre gobelin. Mieux encore : il est possible de faire apparaître le clone à distance via une sorte de cocon.

Comme tout bon jeu d'infiltration qui se respecte, on retrouve bien sûr un arbre de compétences. Pour pouvoir y évoluer dans les sphères les plus élevés, il va falloir des points de compétences et du Quartz, sorte de pierre d'énergie vitale. L'arbre de talent se découpe ainsi en 5 branches :

  • Furtivité
  • Assassinat
  • Clonage
  • Alchimie
  • Perception

Chaque branche se termine par un talent spécial donnant lieu à un pouvoir, comme la possibilité de se rendre invisible sur une courte durée. Il falloir se montrer astucieux pour construire son personnage et savoir ce que l'on préfère privilégier.

Mon nom est Styx, juste Styx.

L'IA est plus maligne qu'auparavant, mais montre encore quelques lacunes, notamment lorsqu'une menace est détectée. Pour remédier un peu à cela, on vous conseille de jouer dans les niveaux de difficulté supérieurs. Si ça devient trop dur pour vous, vous avez toujours moyen de jouer en coopération. Très simple d'utilisation, ce mode permet à un ami (ou pas c'est comme vous voulez) de vous rejoindre à n'importe quel moment de l'aventure pour contrôler l'un de vos clones. Vous partagerez alors la même barre de vie. Comme le jeu ne s'adapte pas au fait que vous soyez seul ou en duo, ce mode coopératif facilite grandement les choses.

Pour pouvoir utiliser les divers gadgets de notre besace, on va devoir désormais fouiller de fond en comble les différents niveaux pour récupérer du matériel d'artisanat, comme du venin pour empoisonner les plats et ainsi endormir ou tuer les gardes sans avoir à bouger le petit doigt. L'exploration est toujours payante.Il est en plus nécessaire de trouver des tables d'artisanat pour construire tout ceci, et ce n'est pas forcément chose aisée quand le zone grouille d'elfes ou de nains belliqueux. Pour se défendre, il va falloir compter sur sa ruse et non sur sa masse de muscle. Décrocher une caisse de bois, un chandelier au plafond, sauter sur l'adversaire dans le dos... Une fois au sol, prenez garde, car un seul coup d'épée peut être mortel. Certains ennemis peuvent même nous repérer à l'odeur, comme les elfes noirs, donnant ainsi lieu a des situations assez cocasses.

"Ta blague est aussi vide que le néant qui sépare tes oreilles."

La mort donne d'ailleurs lieu à des petites cut-scenes pas piqué des hannetons, où Styx fait preuve d'un humour acide allant jusqu'à l'humiliation. Les clins d'oeil à des films de la pop culture comme Terminator ou Star Wars, mais aussi à quelques jeux, sont d'ailleurs très nombreux. Et puis Styx possède un petit coté Deadpool, plaisantant sur le fait qu'il fait partie d'un jeu vidéo et n'est pas "réel"... En gros, il n'hésite jamais à outrageusement briser le quatrième mur.

Coté technique, le jeu tourne désormais sous Unreal Engine 4, c'est certes plus beau mais toujours loin d'être un modèle de référence. Le jeu reste assez fade et pèche sérieusement au niveau des textures. Mais l'ensemble reste agréable à l'oeil, notamment grâce à la direction artistique, qui offre de beaux points de vue. De plus, le jeu jouit d'une bonne prise en compte de la physique, un gros plus dans un jeu où le moindre bruit peut s'avérer fatal. Point positif encore une fois. Quant à l'optimisation technique pour finir, le jeu est très fluide, même avec une configuration moyenne (GTX 970).