Le plus dur lorsqu'on gravite au-dessus du panier, c'est d'y rester. Questionnez donc les Golden State Warriors à ce sujet, eux qui possédaient tout l'attirail pour conserver leur fauteuil de champion NBA, mais qui y ont été délogés par les Cavaliers de LeBron James dans le money-time. Piquée dans son orgueil et bien déterminée à remonter sur son trône, la franchise californienne ne s'est pas faite prier en enrôlant l'un des tous meilleurs joueurs de la ligue en la personne de Kevin Durant. Une décision contestée pour l'équilibre du championnat mais pas contestable quand l'ambition déborde des cerveaux malades de certains dirigeants. Vous avez donc anticipé le parallèle existant avec la série des NBA 2K qui, chaque année, n'hésite pas à se remettre en question en introduisant de nouvelles mécaniques pour augmenter sa puissance de frappe. Du coup, écrire sur un titre exhaustif telle que la référence des simulations sportives est un exercice aussi fastidieux et long qu'une saison régulière des malheureux Sixers. Mieux vaut visionner les hightlights. Alors concentrons-nous sur l'essentiel et les nouveautés de cet opus à travers un cinq majeur.

Le "MVP" de cet épisode : le gameplay

On ne change pas une équipe qui gagne, on peaufine juste l'effectif et bouscule les méthodes d'entraînement pour donner à son équipe l'envie de taper toujours plus fort sur la concurrence. Même quand elle n'existe pas ou qu'elle a pris une année sabbatique pour faire le point face à la mer, loin des galères (RIP NBA Live). Les chanceux et/ou téméraires qui se sont fait la main sur le(s) précédent(s) épisode(s) retrouveront vite leurs sensations tandis que les rookies auront l'occasion de s'imprégner du feeling particulier de cette série élitiste grâce au didacticiel 2KU mené par le coach de la Team USA, Mike Krzyzewski himself. Rien que ça. Les automatismes ne sont pas si faciles à créer lorsqu'un manager de sa trempe a mis autant de schémas en place, et il faudra un certain temps d'adaptation pour entrer dans la danse et se familiariser avec les mécaniques du jeu, toujours aussi profondes car demandant une précision d'orfèvre. Mais une fois ces moves intégrés, ils restent faciles à utiliser.

Pourtant, Rob Jones a profité de l'intersaison pour essayer de nouvelles choses comme cette jauge de tirs, plus intuitive (il faut la remplir totalement et sa taille varie en fonction de votre distance), couplée à un système de direction (paramètre en option). L'objectif avoué des développeurs consiste à impliquer le joueur du début à la fin de son action et non plus à compter sur les centaines d'animations (700 nouvelles) en croisant les doigts pour faire mouche. Ainsi, vos choix de tirs dépendront de votre timing et de votre position pour une récompense jouissive en cas de "switch". Les dribbles ont également été approfondis afin de valoriser les meilleurs funambules dans cet exercice. A l'image d'un jeu de combat lambda, il est possible d'enchaîner de façon fluide et naturelle les mouvements personnalisés via un système de combos. Voir ainsi notre chouchou Stephen Curry réaliser sa "spéciale" en passant la gonfle entre les jambes puis dans le dos a quelque chose d'assez jubilatoire. Merci l'inertie.

Cette obsession à vouloir nous rendre actif ne se limite pas seulement aux phases offensives. Le système d'interceptions prend, par exemple, beaucoup plus de facteurs en compte (type de mouvement, exposition du ballon, attribut du joueur en question) pour se rapprocher, niveau crédibilité, aux joutes de la NBA. Il faudra du flair, une bonne lecture de jeu et une excellente réactivité pour chiper les ballons. Les contres ont aussi subi un léger lifting mais restent encore trop faciles dans leur exécution. Certainement parce que la différence entre les bloqueurs moins athlétiques et les spécialistes du genre se veut toujours aussi minime. C'est bien le seul bémol que l'on peut apporter à cette partition presque parfaite qui demandera de l'abnégation pour la connaître sur le bout des doigts. Il faudrait une encyclopédie Larousse entière pour lister les points de gameplay sur lesquels cette team de doux dingues s'est penchée. Des petits trésors de découverte qu'on appréciera sur la longueur.

Le "Dunk in your face" de cet épisode : l'ambiance unique

Une grosse baffe visuelle. On a beau s'y habituer, avoir le visage encore rougi par la claque de l'automne dernier, on se plait à tendre l'autre joue pour apprécier à sa juste valeur le travail colossal réalisé par les développeurs pour donner vie aux rencontres. Un sens du détail exacerbé, tiré de l'expérience XXL de Visual Concepts, qui exploite pleinement le potentiel des machines pour rendre l'expérience encore plus réaliste et immersive. Les graphismes ont donc été affinés, et cela se ressent notamment au niveau des couleurs, plus éclatantes, et des visages, toujours mieux modélisés. Côté animation, c'est aussi fluide que le jeu hyper-léché des Spurs, et dynamique que la salle surchauffée du Staples Center de l'époque "Magic Johnson." Du tout bon grâce à la minutie des ingénieurs qui ont ajouté des captures de mouvements inédites pour coller le plus possible à la réalité, notamment dans la raquette et le jeu autour du panier (déplacement sans ballon intelligent, collisions porteur/défenseur, intégration du paramètre fatigue,...).

Encore une fois, 2K a placé la barre très haut, même si on se demande parfois si ses équipes ne vont pas y laisser leur santé en scannant au détail près les chaussures des joueurs, y compris les modèles rétro. Les sneakers addicts seront aux anges mais il ne faudrait pas que ce fétichisme de la sape empiète sur la morphologie des gabarits, parfois aléatoire. Heureusement, on est vite rattrapé par le maillot tant l'ambiance sonore demeure soignée. Le bruitage des ballons, les cris des supporters, l'acoustique de la salle et même la sonorité du buzzer ont été enregistrés dans les 29 résidences NBA pour dégager un parfum et une atmosphère uniques. Les géniteurs de NBA 2K17 ont même poussé le bouchon en fixant un commentateur différent selon le lieu du match, avec des intervenants de choc, comme Chris Webber lorsqu'on débarque à Sacramento.

Le "Shoot au Buzzer" de cet épisode : le jeu dans la raquette

C'est la petite cerise sur le gâteau, le dernier ingrédient auquel on ne s'attendait pas forcément et qui sublime l'expérience. Il concerne le jeu autour de la raquette et notamment la conquête du rebond, régulièrement critiquée par les aficionados de Denis Rodman. Auparavant, les monstres athlétiques n'avaient pas à forcer leur nature pour se saisir proprement du ballon. L'équipe de 2K a donc décidé de leur donner du fil à retordre en rendant ces batailles plus authentiques, plus âpres. Il va donc falloir revoir ses fondamentaux et bosser sur l'écran retard et/ou la lecture des trajectoires pour s'affirmer dans ce secteur clé. Le moindre rebond capté résonnera désormais comme une petite victoire, et en cas d'impossibilité de sécuriser sa prise, il est possible de dévier la balle à un partenaire via une claquette.

De quoi pimenter les affrontements sous le panier et rester bouche-bée devant les déplacements des joueurs dans cette zone de terrain. Les mouvements au poste ont été améliorés avec, par exemple, l'ajout de la feinte de bras roulé tandis ce que le démarquage des intérieurs (ailiers fort et pivots) respire désormais l'intelligence et le réalisme. Cette cohérence de l'IA s'applique aux quatre coins du parquet, du jeu de transition aux schémas défensifs, ce qui diminue les situations confuses et les actions aléatoires. Le système de coaching adaptable mesure en effet ce qui fonctionne et utilise les statistiques pour mettre en forme son plan d'attaque. Les managers en herbe seront ravis d'apprendre que les stratégies d'équipes ont été approfondies pour rendre chaque décision précieuse. Pendant les temps morts, votre assistant n'hésitera pas à donner de la voix pour remuer vos troupes et leur donner des consignes. Autant dire que vous allez plus voir sa tronche que celle de votre conjoint(e) lors des semaines à venir.

L' "Air-Ball" de cet épisode : la numérisation des visages

Cette année, 2K Games a mis le paquet en matière d'outils de création. Pour le meilleur et pour le pire. Au rayon des fails, le facescan via votre smartphone sur l'application MyNBA2K17 n'est pas super au point. Même avec la minutie d'un chirurgien, votre avatar aura plus de chances de figurer physiquement dans un "Faites entrer l'accusé" que dans le prochain Space Jam avec LeBron James. Une fonctionnalité à revoir, tout comme l'interface des menus, toujours aussi peu lisible et esthétique. C'est un peu la tendance du moment dans les jeux de sport, et un petit coup de polish serait bienvenu pour nettoyer tout ça et rendre la navigation aussi agréable que les moments "in game". D'autant que les temps de chargement n'atténuent pas notre frustration...

Ce manque de finition transparait également dans certaines situations gênantes sur les parquets. Pas de manière ostentatoire mais l'accumulation de petits bugs, comme la disparition soudaine du public ou l'auto-croc en jambe invraisemblable d'un coéquipier, fait tâche au milieu d'un tel show. On imagine que cela sera corrigé rapidement via des patches, le studio ayant pris l'habitude d'écouter les retours de sa communauté. Cette réactivité s'est déjà manifestée lorsque les fans ont rallié le faciès improbable de certains joueurs (Fournier ou Gobert pour nos Frenchies, par exemple).

Le "Choix de la Draft" de cet épisode : le mode "MyCareer"

J'avoue m'être un peu emballé pour l'aventure signée Spike Lee du précédent épisode. Avec un peu de recul, mon admiration pour le réalisateur du cultissime "Do The Right Thing" a sans doute pris le dessus sur la qualité de cette mise en scène, maladroite, remplie de clichés et dirigiste au possible. Mea culpa donc. C'est difficile de contenter tout le monde, de ne pas subir une histoire montée de toutes pièces et à laquelle certains ne s'identifieront pas forcément. Pour ma pomme, la mayonnaise avait prise, pour d'autres elle était vite retombée... Eux comme moi ont donc tiré les leçons de leurs erreurs pour proposer un mode "My Career", beaucoup plus abouti, se rapprochant d'un RPG à l'ancienne, où la vie de notre personnage est moins scriptée par un scénariste de série B. Au moment de prendre possession de son avatar, on a désormais la possibilité de choisir son profil (scoreur, défenseur, slasher...) selon son poste. Notre saison ou plutôt celle de "The President" - un surnom encore bien moisi - commence par le choix de notre université et la présentation officielle aux fans. Il faudra bien entendu donner le maximum pour se mettre public et spécialistes dans la poche, s'aguerrir, gravir les échelons pour devenir une vedette en puissance et multiplier les contrats juteux. Rien de nouveau à l'Ouest...ou à l'Est selon la conférence choisie, on reste en terrain connu.

La vraie nouveauté de ce NBA 2K17 se trouve dans l'interactivité avec les autres participants de cette "formidable aventure humaine", comme on se plait à dire dans les TV-réalité de NRJ 12. Votre QG devient un vrai lieu de vie dans lequel il n'est pas rare de partager une partie improvisée avec un de vos coéquipiers visiteurs, ou d'échanger quelques banalités avec votre barbier ou votre petite amie. Ce n'est pas du Woody Allen dans le texte mais Rob Jones a au moins engagé un casting d'acteurs professionnels (Michael B.Jordan) pour jouer ces scénettes amusantes et secondaires. Surtout, une amitié naissante avec "Justice Young", drafté au second tour dans votre équipe, peut déboucher sur un duo explosif façon Kobe/Shaq ou Stockton/Malone et débloquer une nouvelle manière de jouer, intitulée étrangement "Orange Juice". Vous pouvez alors prendre le contrôle des deux protagonistes et vous procurer un avantage certain sur vos adversaires en planifiant des actions désarmantes. A vous de soigner votre complicité sur et en dehors du terrain pour maintenir cette belle osmose avec votre "sidekick", tout en ne négligeant pas le travail en salle, puisque toute séance de rab' entraînera une progression plus rapide et des compétences à débloquer. On joue comme on s'entraîne, non ?

Tous comme ses prédécesseurs, NBA 2K17 regorge de modes de jeu, prenants et retravaillés pour l'occasion. MyGym, qui permet de recréer son univers NBA, offre l'opportunité aux joueurs de démarrer la saison au début de l'intersaison et non plus automatiquement quelques jours avant le commencement de l'exercice. Les managers en herbe seront aux anges puisqu'ils décideront de la stratégie à suivre pour la Draft, une grande loterie organisée pour renforcer votre armada. A vous d'être le plus intelligent et manipulateur possible pour acquérir la pépite qui palliera vos lacunes dans un secteur de jeu. Parmi les autres nouveautés qui enrichissent l'expérience, citons pêle-mêle la possibilité d'étendre la ligue jusqu'à 36 équipes, les rivalités dynamiques entre équipes, la possibilité de gérer les rotations avec une chronologie hyper précise, l'usure naturelle des joueurs, et plusieurs subtilités concernant le règlement CBA. De quoi vous rendre complètement gaga et souiller définitivement votre vie sociale.

Et si vous doutiez encore des ressources de régénération des équipes de Rob Jones, sachez qu'elles planchent déjà sur des petites choses à améliorer pour la prochaine monture. Une base de travail certainement réduite par la qualité remarquable de ce NBA 2K17. Stabilité, confiance, évolution, NBA 2K17 est une invitation dans une autre vie.