Si le titre de ce test vous en à déjà dit long sur le résultat final de cette critique, il convient tout d'abord de faire un petit retour en arrière, un certain Lundi 15 Juin 2015, à 18h45 heure Française. Je suivais alors la conférence Microsoft de l'E3 2015 durant laquelle fut annoncé ReCore, et mon petit coeur de joueur s'est mis à battre très fort et à presque suggérer à mon cerveau d'investir dans une Xbox One. Mais "Non", à dit le cerveau. "Attends la One Slim !". Et ça tombe bien, puisque cette One Slim, elle est là, depuis le mois d'août. Devrais-je donc me contenter de jouer à ReCore avec la machine de la rédac', ou sera-t-il si bon que je devrais investir dans une nouvelle console pour y jouer EnCore et EnCore ?

Si l'espoir était fort au moment de finalement lancer le jeu après un court téléchargement de... 6Go (!?), je gardais tout de même en tête les vidéos de l'E3 2016 qui, il faut bien le dire, m'avaient un peu refroidi ! J'avais alors eu l'impression d'avoir affaire à un banal shooter teinté de plateforme ! Serait-je déçu ? Conquis ? Environ 10 grosses heures de jeu plus tard, le verdict tombait. Assommant, décevant, lourd, et ce malgré de belles promesses et des débuts réussis. Récit.

Il était une fois...

...une jeune femme du nom de Joule, perdue avec son chien robot sur une lointaine planète nommée Alter-Eden. Elle se réveille on ne sait trop où, on ne sais trop quand, après un sommeil destiné à attendre la fin de la terraformation de la planète. Elle raconte beaucoup de choses que l'on ne comprend pas, mais qu'à cela ne tienne : pour l'instant, je suis véritablement tombé sous le charme de cet univers à la croisée des chemins entre Lost Planet et Borderlands. Notre héroïne finit par trouver un orbe, une des sources d'énergie qui alimente les robots qui doivent s'occuper des installations pendant le sommeil des humains, mais ce dernier possède un aspect prismatique inconnu, et une grande puissance. En l'utilisant, Joule va tenter de faire la lumière sur les événements qui se sont déroulés pendant son trop long séjour cryogénique et sur le pourquoi de l'échec de cette terraformation, qui devrait être finie depuis bien longtemps maintenant.

Ce pitch de départ, associé la direction artistique de ReCore est véritablement l'une de ses plus grandes forces. Le monde est crée par les équipe des studios Armature, composés d'anciens développeurs de Metroid Prime, avec à leur tête Keiji Inafune, un vieux briscard qui à passé une grande partie de sa carrière chez Capcom, et qui nous propose ici sa nouvelle vision créative forte du jeu vidéo après le très bon Soul Sacrifice et le médiocre Mighty No.9. Le mélange entre les palpables influences japonaises et occidentales du studio nous offre un vrai petit bijou. Alter-Eden est magnifique, nous sert des panoramas délirants, et le tout est soutenu par des compositions musicales de haute volée, qui accentuent encore plus tout le charme de cette si lointaine planète. Mais malheureusement, et ce sera ici la première leçon du gâchis que constitue ReCore, cet univers n'est pas suffisamment et correctement exploité, de par une narration datée, et bien loin d'être toujours pertinente. En effet, passé les débuts poussifs, on se dit que la lumière sera bien vite faite, mais ce n'est pas le cas . En effet vous devrez passer par des logs pour apprendre d'importants éléments de l'histoire, et de par leur nature d'objets à collectionner, vous passerez bien souvent à côté d'eux sans même les remarquer. L'autre méthode est tout aussi discutable, puisqu'il s'agit de bribes d'un monologue du père de Joule, enregistré on ne sais quand, on ne sais où, qui ne se déclenchent généralement que quand on entre dans une nouvelle zone. Le tout étant associé à un scénario qui s'avère au final assez plat et convenu, et dont le final ne s'avère pas plus surprenant que bien écrit. C'est dommage, ça partait si bien...

ReCoroid Prime

Un autre aspect du jeu se montre lui aussi très intéressant dans les premières heures : le gameplay. Passée l'utilisation plus qu'anecdotique d'un des trois robots qui vous accompagnent et qui vont surtout servir dans les phases de plateformes, la jouabilité rappelle fortement Metroid Prime, et les phases de tir se montrent très accessibles. Il faudra choisir l'arme de la même couleur que votre ennemi pour lui faire le plus de dégâts possibles, puis le verrouiller et ensuite tout simplement lui tourner autour en esquivant ses attaques avec le dash et le saut. Pas besoin de viser ici, et je dois dire que c'est diablement agréable et accessible, tout en étant très efficace, puisque les combats sont nerveux et dynamiques, avec les deux types de tirs, rapide et puissant. Malheureusement, ici aussi, tout va finir en eau de boudin, et ce sera la seconde leçon de gâchis, avec une difficulté très mal dosée. Si la progression est relativement agréable au début, dans le dernier tiers du jeu il ne faudra pas être timide, sortir le tube de vaseline et se tenir prêt, car le gap est tel que vous allez tout simplement vous faire exploser par à peu près tous les groupes d'ennemis que vous allez croiser. On en vient à se rapprocher d'un genre qui rend fou, le "Die & Retry". Et ici, vous serez encore maboule après quelques heures de jeu, puisque ReCore souffre d'un problème technique majeur : des temps de chargement rédhibitoires. Je vous assure que quand ce dernier dure plus longtemps que la séance de massacre que vous venez de subir, et que vous savez qu'il va falloir retourner au charbon après une longue période d'attente, vous n'avez plus trop envie. Mais bon, restons positifs : après tout, cela nous laisse pas mal de temps pour faire le ménage à la maison et se faire un café entre deux passages en force dans le fondement.

Pour les phases de plateforme, autre temps fort de la jouabilité de ReCore, le constat est le même. Agréables et originales au début, elles m'ont même rappelé les meilleurs moment d'un certain Alice Madness Returns. Mais elles atteignent la limite du supportable à la toute fin du jeu, notamment dans le niveau du Labyrinthe, puisqu'en plus de proposer des sauts mortels au timing plus que serré, vous pourrez trouver des pièges sous la forme de bonbonnes de gaz toxique planquées au dos de la plateforme que vous venez d'atteindre plus que difficilement ! Et là encore, le chargement fait des siennes si vous avez la malheur de mourir avant de tomber, finissant d'enterrer les espoirs de bonheur du joueur... Dark Souls n'est pas si frustrant, finalement.

ReCore, c'est plus fort que toi

Mais ce n'est malheureusement pas tout ! Si le faux monde ouvert de ReCore est plutôt joli et bien conçu, il va fâcheusement falloir l'arpenter en long, en large et en travers à la recherche de robots ouvreurs de portes, ou de nouvelles orbes prismatiques nécessaires à l'ouverture d'un nouveau donjon. Donc en plus de voir votre progression interrompue brutalement, vous allez devoir repartir en arrière pour chasser les objets à collectionner afin de pouvoir avancer dans le jeu. Et mis à part la récolte de ces orbes ou la recherche de ces mini robots, vous n'aurez pas véritablement d'autres objectifs de progression ! Cela introduit donc la troisième leçon du manuel"comment gâcher le potentiel d'un jeu" : la répétitivité. Dans ReCore, on a toujours l'impression de faire la même chose, et ça devient forcément plus que lassant.

Avec ce constat global à deux visages, on serait alors tenté de se demander si le jeu ne souffre pas de son statut de "gros jeu intermédiaire". En effet, nous sommes ici en présence d'un titre vendu pour la modique somme de 40€ le jour de sa sortie, ce qui est bien inférieur à la majorité de la production vidéo-ludique à l'heure actuelle. Cela se ressent dans la partie technique du jeu, loin d'être folichonne, mais digne de son rang. Mais ce statut n'excuse pas tout : d'autres oeuvres à budget moyen, comme par exemple The Technomancer que j'ai pu tester plus tôt dans l'année, s'accommodent très bien de ce manque de moyens malgré les quelques défauts dont ils font preuve, et proposent des expériences convaincantes du début à la fin. On ne peut donc qu'être finalement déçus par ReCore, qui nous avait fait tant de belles promesses, mais qui n'a pas su tenir sur la durée. Néanmoins, j'y ai malgré tout pris bien plus de plaisir que dans la dernière exclue "d'en face", No Man's Sky. A bon entendeur, même si ça n'engage que moi !