EA Sports a décidément une rentrée chargée. A côté, l'agenda de Myriam El Khomri, nouvelle ministre du travail, c'est peanuts. D'autant que l'éditeur américain avait convié les plus téméraires de sa communauté à une sorte de séminaire de préparation, histoire d'élaborer un programme neuf, clair et susceptible d'intéresser tous ses futurs élèves. Bref, de donner la ligne directrice à son équipe de développeurs. Autant dire que les crayons étaient affûtés, les méninges torturées et que des idées réjouissantes ont émergé de ce brainstorming géant.

Il fallait au moins ça pour effacer le désagréable souvenir de l'épisode précédent, basé sur les exploits individuels, vite lassant et très limité en modes de jeu. Du coup, les développeurs sont quasiment partis d'une copie blanche pour redonner ses lettres de noblesse à sa franchise. Les habitués retrouveront néanmoins les sensations de glisse inhérentes aux NHL avec ce gameplay mi-arcade, mi-simulation. Un cocktail rendu explosif par la qualité de la physique du palet et la fluidité des déplacements. Mais également par cette logique de patinage qui continue de prendre en compte l'élan et les trajectoires, mais aussi le poids des joueurs sur la glace. Et enfin, par ce système de tirs toujours aussi limpide malgré des commandes, au départ, déconcertantes (shoots et passes se font avec les boutons de tranche).

Glace addictive

Néanmoins, une adaptation ardue vous attend au tournant, car vos réflexes seront un peu bouleversés par l'incorporation de nouvelles animations. Si ces dernières offrent une profondeur bienvenue aux différentes phases de jeu, elles demandent in fine plus de skill et de précision. C'est le cas, par exemple, du jeu de passes beaucoup moins automatisé que durant les précédents opus (jurisprudence FIFA) ou des feintes plus difficiles que jamais à placer. Notre routine défensive prend également un bon coup de crosse car, les athlètes disposant d'une variété de gestes enrichie, on devra s'adapter et rechercher une nouvelle façon de choper ce foutu palet. Une quête vers l'authenticité qui réclame de la patience mais qui vaut clairement le coup de s'accrocher.

D'ailleurs, EA Sports aide à gravir cette marge de progression en proposant de sauvegarder ses matches, histoire de les visualiser avec l'expertise d'un coach artificiel qui pointera vos faiblesses. Un soutien vital. La présence d'indicateurs transparents sous vos champions participe également à cette démarche vers le perfectionnisme. Une plongée immersive rendue possible par une (légère) refonte visuelle. Si l'on sentait que NHL 15 héritait de la difficile transition technique entre deux générations de console, ce nouveau cru franchit un vrai palier. C'est plus fluide, on reconnait quelques visages célèbres, le public a l'air constitué de vrais humains, la glace a quelques aspérités, les chants des supporters s'adaptent à la physionomie du match. Même les mascottes interagissent avec nos joueurs... Et surtout, chose indispensable pour un sport aussi brouillon et vif que le hockey, notre oeil ne perd pas le contact avec le palet.

Galette complète, oeuf-jambon-fromage

Cette jouabilité exemplaire est mise au service d'une myriade de modes de jeu (dix en solo , local comme en ligne) dont le plus intéressant en multi : le LHESA. Un retour attendu par les fidèles qui ne jurent que par son système inédit de classes de joueurs, garantissant des parties compétitives et équilibrées. En gros, vous pouvez créer de A à Z une équipe en ligne en lui attribuant des spécificités, selon le style de jeu que vous souhaitez mettre en place (offensif, contre-attaque, puissant...), et la confronter ensuite à d'autres bâtisseurs. Un vrai petit RPG à l'ancienne avec des XP à ajouter au fur et à mesure de ses succès. Addictif.

Le reste des contenus relève du grand classique pour toute bonne simulation du genre. Possibilité de lancer dans le grand bain un "rookie" et de l'aider à devenir un joueur phare de la Ligue. Possibilité aussi de vous tourner vers une carrière de manager en gérant les performances sportives de vos troupes mais aussi leur moral. Une fenêtre psychologique, genre Football Manager, jamais ouverte jusqu'à présent par EA et qui nous laisse espérer une expérience similaire dans le prochain FIFA... Ou alors possibilité de se faire une partie vite fait, bien fait, de rejouer des moments tendus de l'histoire, ou de plonger dans le mode ERH (équipe de rêve de hockey), ersatz du FUT de FIFA.

En cherchant la petite bête, notre patriotisme pourrait être touché par l'absence de commentaires en français ou même d'équipes de notre championnat local - la Ligue Magnus. Chose que NBA 2K16 a intégré pour attirer un autre public que celui des somnambules à patins. D'ailleurs, on se plairait à imaginer Visual Concepts s'essayer à d'autres sports américains. Histoire d'importer leur savoir-faire, d'instaurer une saine concurrence et de pousser les équipes de Vancouver dans leurs retranchements. Même si cette année - une fois n'est pas coutume - les concepteurs ont bravé le froid des critiques pour sortir les mains des poches.