Insertion de la cartouche, prise de position de combat dans le salon, les pieds fermement calés sur la table basse, baisse du son de la soupe qui passe en boucle sur une chaîne musicale quelconque : je suis prêt pour savourer de nouveau un Final Fantasy sauce action-RPG sur un écran grand comme un timbre-poste, snobant au passage ma LCD HD juste en face de moi. Dès l'intro, Square Enix marque son territoire à grands coups d'images de synthèse et de musique épique. La DS a définitivement droit à tous les égards de la part du développeur japonais. Le moteur 3D confirme qu'il n'est pas question de faire dans le "petit jeu pour portable". Une grande saga, ça se peaufine.

Les mioches partent à l'aventure

Je passe rapidement sur le scénario, mais sachez que si vous êtes allergiques aux ambiances parfois un peu naïves, vous risquez la crise de plaques rouges. On incarne ici une équipe de bambins avec en personnages principaux deux jumeaux à peine sortis des couches. La "marque" Crystal Chronicles reste donc orientée vers les plus jeunes par son univers. Mais côté gameplay, ça évolue assez vite, pour finalement faire douter même un adulte presque sain d'esprit (parce que le corps, on oublie) pourtant équipé de neurones rompus à toutes formes de jeux. L'équipe dont vous avez la charge se traduit à l'écran par Yuri, un des deux jumeaux (sa soeur Chelinka n'apparaît que pendant les dialogues et scènes narratives), rapidement épaulé par trois autres personnages : Alhanalem (le magicien de base), Gnash (amateur d'arc) et Meeth (capable d'assommer les importuns avec un marteau, voire de leur rouler dessus quand elle invoque son chaudron et se planque dedans).

L'agence tout risque

Le joueur expérimenté aura décelé dans cette description d'équipe le nombre de pièges et d'énigmes qu'il est possible de mettre en place pour mettre tout le monde à contribution. Car il faut prendre tour à tour le contrôle de tous ces personnages pour résoudre la plupart des énigmes. Gnash va tirer sur un bouton placé de l'autre côté d'un ravin pour abaisser une échelle, ou utiliser son double saut pour atteindre une plate-forme trop haute pour les autres. Meeth va naviguer dans sa casserole géante pour activer un autre interrupteur, etc. Bref, à chaque énigme prise de tête il faut se rappeler de qui fait quoi pour deviner la marche à suivre. Et ce n'est pas terminé : chaque personnage a des pouvoirs tribaux. Certains sont simples et évidents, comme celui de Yuri qui se contente de faire des attaques spéciales. On l'active avec R, l'écran de jeu descend pour passer sur la partie tactile de la DS et on désigne les monstres à découper en tranches avec le stylet. Facile. Al dispose en revanche d'une attaque de zone à base d'éclairs. Et cette spécificité est aussi utilisée pour les énigmes, en faisant apparaître des plates-formes invisibles sans ce pouvoir, etc. Bref, si vos synapses sont fragiles, attention à la surchauffe.

Intelligence super artificielle

En solo, la DS se charge pour vous de déplacer le reste de la bande. Enfin elle essaye... Je vais faire simple : en solo la gestion automatique du reste de l'équipe est complètement minable. Attention hein, pas minable genre "ne sait pas utiliser ses pouvoirs en combat", ça serait trop beau. Je parle d'un niveau de minable qui donne envie d'écraser la pauvre console sur un coin de table, genre personnage qui tombe en essayant de prendre un pont, se fait taper sur la tronche sans réagir, etc. Un gros, lourd et massif handicap. Et encore, je n'ai pas abordé le problème des combos... Quand je parle des 25 doigts dans mon intro, je pense précisément à ce problème.

La magie, c'est un métier

Pour comprendre la galère des combos, il faut que je vous parle de magie. Pour lancer un sort, il vous faut un objet appelé magicite. Sans eux, pas de sorts. Il faut appuyer sur l'écran du bas sur l'icône du magicite en gardant X enfoncé. Ça fait apparaître un cercle à bouger avec la croix de direction. On relâche X et boum, le sort va être exécuté sur la zone désignée. Pour booster l'effet d'un sort, il faut empiler ces cercles sur la même zone. Quand on doit faire la manip' sur 4 persos, à la suite, c'est pénible, lent et au final pas fun du tout vu que la moindre erreur va déclencher un combo prématuré. C'est là qu'on voit qu'encore une fois, Final Fantasy Crystal Chronicles est définitivement une série destinée à être appréciée à plusieurs.

Achetez-vous des amis

Quatre DS en Wi-Fi, quatre jeux (pas de mode sans cartouche), et en avant l'aventure. S'il est impossible de jouer sur le Net, visiblement à cause de problèmes de lag qui sont déjà présents en réseau local, il est indéniable que le titre est plus fun à plusieurs, où il mériterait largement 4 étoiles. Frustrant pour l'aventurier solo, certes, mais avec de l'entraînement, on arrive à profiter d'un excellent titre à la réalisation impressionnante et aux énigmes complexes. Amateurs de donjons et de combats "à l'ancienne" contre des boss rarement frustrants, ne passez pas votre chemin si vous n'êtes pas déjà occupé ailleurs !