Connaissez-vous le phénomène du "tanking" cher à la NBA ? Il s'agit de saboter sa saison en perdant volontairement des matches pour acquérir de meilleures chances de toucher le jackpot lors de la Draft suivante. Les plus mauvaises équipes ont en effet l'opportunité de sélectionner les jeunes cracks à l'occasion de cette loterie pour en faire des "franchise-player" en puissance et de construire leur avenir autour d'eux. Une méthode contestable et d'ailleurs totalement tabou. Quel est le rapport avec NBA Live 14, me direz-vous ? A priori EA Sports a pris le temps de bouquiner le "tanking pour les nuls" pendant ses quatre années d'hibernation avant de lancer son titre. Le géant américain s'en est même imprégné jusqu'à la moelle. A la seule exception que le producteur Sean O'Brien a été totalement transparent, avouant dès les premières critiques que son bébé était accouché dans la douleur car né prématuré. Et donc qu'il ferait mieux la saison prochaine. Blablabla. Une démarche honnête et transparente pour le coup. Mais qui reflète à la perfection le développement d'un titre brouillon plusieurs fois abandonné en cours de route et sorti en catimini, faute de savoir dans quelle direction aller.

A fond la forme !

Finalement, Electronic Arts a décidé de ne rien changer à la formule qui avait fait le succès de NBA Live 10, bien noté par la presse à l'époque. Sauf que de l'eau a coulé sous les ponts depuis. Sa série concurrente a rejoint le Hall of Fame des meilleures simulations sportives et une nouvelle génération de consoles a émergé. En remettant les doigts sur les sticks, on a juste l'impression de se replonger cinq ans en arrière, entre gameplay archaïque et réalisation totalement dépassée. A croire qu'EA Sports s'est tourné les pouces pendant ce laps de temps. C'est simple : il n'y a pas grand chose à sauver dans cette version. Tout juste peut-on citer un enrobage satisfaisant avec un partenariat avec ESPN plutôt intéressant et des modes de jeux, certes minimalistes (les mêmes que NBA 2K14 en moins bien), mais qui font le boulot. La possibilité de jouer "les meilleurs moments" quelques heures après les matches du jour demeure une excellente idée. Il s'agit de retranscrire toute l'intensité et la tension de la réalité sur un instant clef (shoot au buzzer) ou dans la réalisation d'une statistique incroyable (pourcentage à 3 points élevé par exemple). Bon, ça ne fera pas avancer le schmilblick des jeux de basket, mais il fallait passer par ce petit chemin de traverse pour trouver un aspect positif au jeu.

Air-ball sur toute la ligne

Car tout le reste est complètement à la ramasse. On pourrait lister sur des dizaines de pages tous les éléments qui renvoient NBA Live 14 à ses chères études. Et puisque je ne verse pas dans le sadisme, je me contenterai de souligner son manque d'authenticité. Tout sonne faux dans cet ersatz de simulation, à commencer par la gestion de la physique de balle et des joueurs. La gonfle plane aléatoirement dans les airs, LeBron James et ses collègues courent sur le parquet façon Georges Clooney dans Gravity et personne n'a vu un mec shooter comme ça depuis Shaquille O'Neal bourré sur la ligne des lancers-francs. Sans parler de la vitesse de jeu, très mal calibrée, ni de l'impact dans les contacts, qui ressemble à du "touche-pipi". Du coup, aucune action ne ressemble à du basket, se terminant la plupart du temps par un dunk après un numéro solitaire. Mais le summum de l'horreur concerne l'intelligence artificielle. Les joueurs adverses sont des poissons rouges figés contre qui on peut réaliser la même feinte pendant tout le match sans rencontrer la moindre opposition. En attaque, ce n'est pas mieux puisque toute volonté de jeu collectif a totalement été bannie par les développeurs.

Inutile donc de s'attarder sur ce titre qui ne rattrape même pas ces errements par une réalisation technique acceptable. A de rares exceptions près (Irving, Garnett, Williams), la modélisation des joueurs fait peine à voir (système de constipation activé) tandis que les animations datent de l'époque où Wilt Chamberlain régnait en maître sur les parquets. Ce pauvre O'Brien avait de toute manière annoncé la couleur en déclarant qu'il avait fait l'impasse sur l'aspect visuel... pour se concentrer sur le gameplay, "meilleure base pour notre futur". A croire que son isolement forcé lui a fait perdre tout sens de la réalité...