Bonjour, moi c'est Fumble, et je ne suis pas un fanboy de la série des Elder Scrolls. Je me suis dit qu'il valait mieux commencer par établir cela, histoire que vous ne preniez pas la suite de ce test pour un discours d'illuminé. J'ai mon lot de critiques à adresser à Skyrim, heureusement, mais il m'a vraiment soufflé. Je n'ai pas joué à Daggerfall à l'époque (souci de PC), même si j'ai largement regardé un pote sortir de ces immenses donjons pour remplir sa charrette de matos (à quand le retour des charrettes dans un Elder Scrolls ?). J'ai vraiment apprécié Morrowind malgré une tonne de défauts. J'ai été très déçu par Oblivion, ses mécanismes de difficulté adaptative à la mords-moi-le-noeud et son scénario sans intérêt. Surtout, je n'ai jamais vraiment accroché au gameplay confus et trop permissif des titres de Bethesda.

Bouche bée

Pour Skyrim, vous le savez peut-être déjà si vous avez suivi son actualité pendant son long marketing, Bethesda a modifié énormément de choses : progression du personnage, dialogues, combat, etc. "Assainissement" est le mot qui vient à l'esprit. Et ils ont énormément bossé sur d'autres aspects, en apprenant des derniers Fallout, en interne ou avec Obsidian. Le résultat est titanesque, tout en gardant ce feeling Elder Scrolls qu'on connaît, et pas mal de défauts aussi. Après tout, certains d'entre-eux contribuent au charme de la série. Dernier point avant de rentrer dans les détails : je n'ai pas terminé le jeu. C'est impossible dans le temps imparti avant la sortie de Skyrim (et non, on ne peut pas attendre une semaine de plus, on a aussi un site à faire tourner). À part sur le sujet de l'histoire principale, dont je ne peux pas juger la fin, j'en ai vu assez pour coller mon 5/5. Le contenu de Skyrim, c'est comme un mur de béton emporté par un tsunami de lave qui t'écrase et t'entraîne dans un puits sans fond : tu ne peux pas t'en sortir indemne.

Je vous fais confiance, inconnu

Dans la grande tradition des ouvertures d'Elder Scrolls, vous voilà prisonnier. Pas de raison particulière, comme d'hab'. Vous débarquez au mauvais moment, au mauvais endroit : c'est à dire à Bordeciel (Skyrim) alors que l'Empire se montre un peu à cran dans cette région. Suite à l'armistice signé avec le Thalmor du Domaine d'Aldmeri pour en terminer avec la Grande Guerre, le culte de Talos, le plus important pour les Nordiques de Bordeciel, a été interdit. Ces derniers sont partagés : certains restent fidèles à l'Empire, mais une bande de rebelles nommée après leur chef Sombrerage, combat pour l'indépendance. Le jeu commence alors que vous êtes en chemin vers le billot, pour y perdre votre tête, en compagnie de Sombrerage himself et d'un autre rebelle. Vous n'avez rien à voir avec cette histoire, mais la capitaine de la garde ne semble pas vouloir s'encombrer avec vous. Au moment fatidique, un dragon débarque et sème la panique (pensez-vous ma bonne dame, on n'en avait pas vu depuis des siècles !). Dès les premières minutes, vous allez devoir choisir entre vous enfuir avec le rebelle ou avec un des soldats de l'Empire qui semblait un peu plus sympa que les autres au moment de l'exécution. Bienvenue à Bordeciel.

Winter is Coming

Cette belle ambiance de guerre civile ne fait pas spécialement partie de votre quête principale, car vous êtes un peu au-dessus de tout cela. C'est un Elder Scrolls après tout : vous faites un peu ce que vous voulez, vous aurez toujours l'occasion de compléter l'histoire, même sans faire exprès. Votre but à vous, enfant de dragon aux pouvoirs à découvrir, sera de lutter contre un ennemi venu apporter la fin des temps sur un plateau d'argent. Rien que ça. Faites comme vous le sentez, toutes ces histoires finiront bien par se rencontrer. Personnellement, je n'ai rejoint aucun des deux camps après de longues hésitations qui continuent encore. L'Empire n'est pas un mauvais gouvernement à la base, mais il est affaibli depuis l'accord avec les Thalmor qui lui imposent une politique fasciste. Quant aux Nordiques alliés à Sombrerage, ce sont des bouseux superstitieux, violents et chauvins ; difficile de prendre leur parti, même pour défendre la liberté de culte. Et je ne parle pas des sous-factions et des intérêts divers : chaque grande ville de Bordeciel vous offrira son lot de situations complexes et de choix quasi impossibles. Parfois, tuer tout le monde semble la meilleure des solutions. Clairement, au niveau de la cohésion de son univers, des intrigues et de toutes les histoires annexes, Bethesda, qui n'était pas mauvais au départ dans son genre, a fait un superbe travail, inspiré comme je l'ai dit plus tôt, par l'antimanichéisme de Fallout. Et d'autres influences ? On se prend à se baladeur dans les montagnes enneigées de Bordeciel avec la musique de la série Games of Thrones dans la tête...

L'homme à tout faire ?

Bien entendu, vous retrouverez en Bordeciel tout ce qui fait le charme de la série Elder Scrolls : une académie de magie dans une région où elle n'est pas vraiment la bienvenue ; un fier cercle de mercenaires nommé les Compagnons ; une guilde de voleurs en bonne et dûe forme ; et même une école de bardes. Sans oublier des factions plus secrètes qui vous contacteront ou pas, comme la Confrérie Noire. Les Princes maléfiques Daedra viendront mettre le souk dans vos affaires. Les vampires vous pourriront vos jours, sauf si vous avez dans l'idée d'en devenir un. Des messagers vous apporteront d'étranges missives, vous croiserez toutes sortes de gens dans le besoin... Très franchement, n'acceptez pas toutes les quêtes. N'oubliez pas que vous n'en avez pas l'utilité pour progresser.

Restez fidèles à vous-mêmes

L'univers est très riche et offre des voies qui ne sont pas forcémenent pour votre personnage. Souci : il est difficile dans Skyrim de savoir dans quoi on se lance, et souvent impossible de mettre fin à une quête qui ne nous correspond pas de manière propre. Ou bien on stoppe tout, avant de la terminer et elle reste active dans la liste, ce qui devient bordélique. Pas moyen d'abandonner. Par exemple, sous l'ordre d'un Prince Daedra, j'ai piégé et battu à mort un pauvre prêtre pour le soumettre, alors que je n'en avais pas spécialement envie. Mais c'était ça ou laisser la quête en suspend dans mon interface, et je n'aime pas ça, ce n'est pas propre. Bon, j'avoue être bien content de la puissante masse que j'ai gagnée en échange, mais j'ai un peu honte quand même. "Tu vas crever, ordure, sinon ma liste de quêtes n'est pas bien rangée !", ça fait un peu monomaniaque.

Jeudi entre 14h30 et 14h45, ça ira ?

De toute façon, il suffit d'essayer de valider une mission, pour que cinq autres sortent de nulle part. L'agenda est chargé. Vous aurez une grosse liste de trucs importants, mais aussi une section "divers" où s'entasseront les petites choses (parfois répétitives) comme "aller visiter bidule", "apporter ceci à machin", "tuer untel pour une prime", etc. Celles-ci entraînant d'autres quêtes. Et de toute manière, vous allez croiser des lieux intéressants sur votre chemin. Vous vous direz "oh, allez, je vais inspecter ce qu'il y a dans cette grotte cinq minutes". Ce qui se transformera en une heure de dungeon crawling. Ça n'en finit jamais ! Le pire étant dans cette mission de la quête principale qui, quand vous croyez être parvenus à la fin de votre donjon, vous... oups, j'ai failli spoiler. Je vous laisse découvrir, bien entendu. Et lorsque vous n'êtes pas en aventure, vous passez votre temps à récolter des ingrédients alchimiques, à fabriquer et enchanter armes et armures, à bouquiner un des nombreux livres qui étoffent le background du jeu. Dans la vraie vie, il fait beau. Ou il pleut. La télé diffuse un film. Des amis boivent des coups. Vos enfants rentrent de l'école. Who cares ? Vous n'êtes plus là.

We need to go deeper !

Parlons encore un peu des donjons, car c'est un des passe-temps favoris dans un Elder Scrolls. Ceux de Skyrim sont beaucoup moins aléatoires qu'auparavant. Ils sont tous construits pour une raison, peuplés de monstres adéquats, et blindés de pièges en tout genre. Demandez le programme : dalles qui déclenchent des pics acérés, trappes qui s'ouvrent sous vos pieds, poches de gaz explosives, statues lance-flammes qui s'activent quand vous manipulez un coffre... dommage que ces amuse-gueules ne soient pas vraiment mortels. Sans faire l'éloge de la difficulté, ces pièges tapent souvent à côté, ou trop tôt, ou trop tard et font plus de peur que de mal. Il n'est donc pas très satisfaisant de les éviter intelligemment. Les donjons ont aussi ce défaut d'être très linéaires pour la plupart. Impossible de se perdre, c'est tout droit ! Et ils sont tous basés sur le principe de la boucle. Une fois le but atteint, une porte secrète vous permet de revenir au début en quelques pas ! Pratique, mais un petit sort de retour à l'entrée aurait été aussi crédible et aurait évité ce design répétitif. On aurait aimé un bestiaire un poil plus varié aussi (en donjon comme dehors d'ailleurs).

Self-made Hero

Maintenant, intéressons-nous à votre personnage et aux moyens dont il dispose pour affronter tout ce dont j'ai parlé jusqu'ici. C'est connu de ceux qui ont l'habitude de ce genre de choses qu'un Elder Scrolls possède des mécanismes de jeu de rôle particuliers : vous gagnez des points dans les compétences en les utilisant. Arme à une main progresse quand vous frappez avec des épées, des haches, etc. Destruction augmente à chaque utilisation d'un sort de foudre, de glace ou de feu. Crochetez des coffres et des portes pour vous améliorer. Mieux gérer votre armure ? Prenez des coups, la pratique, il n'y a que ça de vrai. Et c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Enfin, pas seulement. Vous gagnerez aussi des points en vous payant des formations avec des maîtres, quelques fois en récompense de quête, ou en lisant des livres spécialisés. Chaque point acquis, quelle que soit la compétence (vous démarrez avec une petite base pour arriver jusqu'à 100), s'additionne pour atteindre un seuil où votre personnage passe de niveau.

Une forêt de talents

C'est là que la nouveauté débarque : chaque niveau vous offre un point de capacité à dépenser dans un arbre de talents. Chaque compétence possède le sien, et chaque talent s'avère vraiment intéressant. C'est comme ça que vous allez vous spécialiser en combat pur et dur, en furtivité, en magie, ou en un savant mélange de ces trois genres de gameplay. N'oubliez pas que ce n'est pas en tuant des créatures ou en terminant des quêtes que l'on gagne de l'expérience. Si vous voulez jouer super furtif, éviter tous les monstres en vous faufilant, chourer les objets de quête, en utilisant éventuellement des potions pour aider, ou un sort d'illusion, c'est souvent possible. Difficile, mais possible. Cependant, ne rêvez pas au voleur pur : il faudra tuer dans Skyrim. Les dragons, pour commencer, et bien d'autres. Remarquez, j'ai encore un doute. J'essaierai, pour ma prochaine partie.

S'adapter pour survivre

Là j'ai joué mage destructeur et enchanteur. Mon premier dragon, j'ai eu peur. Le deuxième, j'ai fui. Le troisième, ça a été. Depuis, c'est une formalité. Les ours qui me donnent plus de fil à retordre ! Oui, vous n'échapperez pas à certains illogismes dans Skyrim. Mais d'une manière générale, la difficulté est plutôt bien dosée. D'ailleurs, Skyrim semble utiliser une sorte de difficulté adaptative. Heureusement, Bethesda a peaufiné sa méthode depuis Oblivion, avec Fallout probablement, donc le système ne se détecte qu'à peine. Encore du beau boulot de ce côté-là. Ainsi, il faut savoir faire machine arrière parfois, quand on s'aventure au mauvais endroit pour son niveau, mais le challenge vous offre souvent un bon mélange de chair à canon et d'ennemis plus coriaces qui videront vos réserves de potions et d'aides.

Eh copain, va tuer le dragon, là.

Au pire, vous pouvez engager un Personnage Non Joueur compagnon : guerrier, mage, assassin, ils sauront combler vos faiblesses. Mais attention, le friendly fire est activé et ils peuvent mourir (d'autres PNJ plus importants au scénario seront juste mis hors de combat) ! Les compagnons n'ont pas d'histoires à dévoiler comme dans un Fallout, mais en revanche, on peut leur faire faire plein de trucs, comme ouvrir des portes, fouiller des coffres, récolter des ingrédients, etc. Le seul souci c'est que pour donner ces ordres, il faut passer par un dialogue d'abord. Une lourdeur qui les rend totalement inutilisables. Il aurait fallu un raccourci ! Et tenez vous bien, il y a des boutons du pad qui ne sont pas utilisés ! Je reviendrai sur l'interface, mais quel gâchis. Espérons que Bethesda patche ça rapidement. Pour en revenir aux PNJ, certains seront des mercenaires payés, d'autres vous suivront en tant qu'amis. Socialement, vous aurez de quoi faire dans Skyrim : vous pourrez recruter pour au moins une faction dont je tairai le nom, vous ferez des alliances ici et là, vous pourrez même vous marier ! Mais revenons aux mécanismes du jeu.

Trois chemins pour un destin

Guerrier, mage ou furtif ? Si vous ne savez pas, jouez, et votre style se dévoilera vite. Certaines compétences montent quasi naturellement et d'autres demandent plus d'attention. Question armure, vous aurez le choix entre léger et lourd. Si vous voulez vous "entraîner", trouvez un monstre pas trop fort pour vous taper dessus pendant que vous vous soignez avec un sort ou des potions. Pour le combat on verra plus tard, mais entre les sorts, les combos d'armes, les arcs ou gros morceaux à deux mains, il y a de quoi faire. À chaque niveau, vous gagnez 10 points en magie, santé ou vigueur, les trois jauges qui alimentent de nombreuses compétences. N'allez pas maximiser la magie si vous préférez faire tournoyer l'acier ! Vous pourrez aussi piocher dans les compétences de fourbes pour vous rendre la vie plus facile ou y aller à fond pour choisir les voies de la richesse ou de l'assassinat. On peut se déplacer furtivement, pickpocketer les gens pour leur voler leurs biens ou leur coller du poison de contact. Et les dégâts effectués en mode sournois sont conséquents. Certaines écoles de magie servent aussi de soutien aux autres styles de jeu, comme guérison, altération ou illusion. Si vous voulez un chasseur avec un familier, choisissez conjuration (il faudra mettre des points dans l'arbre pour augmenter la durée des invocations, très courtes de base). Reste donc à parler des compétences d'artisanat, qui intéresseront pas mal de monde.

Clang Clang Clang !

La forge sera plus une activité de non-magicien pur, ces derniers portant essentiellement des robes spécialisées aux bonus incomparables, même via l'enchantement. La forge propose aussi de créer des bijoux très utiles, mais les recettes sont accessibles à tous dans leur intégralité, dès le début. L'arbre de talent servira surtout à fabriquer des armures légères ou lourdes en matériaux toujours plus performants : cuir, fer, acier, métal Dwemer (les nains disparus du monde de Tamriel), elfique, etc. Une activité ludique et agréable. N'oubliez pas votre pioche avant d'explorer, on ne sait jamais quand on va tomber sur du minerai. Rassurez-vous, vous êtes un guerrier, un costaud, vous avez augmenté votre vigueur : en plus de servir en combat et pour courir, la vigueur permet de porter plus de charge. Croyez-moi, faible lanceur de boules de feu que je suis, c'est une bénédiction. En plus, les armures ont la classe alors que les robes se ressemblent toutes.

Accro à la fiole

L'alchimie ne surprendra personne qui connaît un des précédents Elder Scrolls. Pour un adepte des concoctions, 50% du temps de jeu est utilisé à récolter des ingrédients nombreux et variés (dans Skyrim, même les papillons peuvent être distillés), 30% à identifier leurs effets, 15% à fabriquer des potions et des poisons, 5% à les utiliser effectivement. Ou vendre le surplus. Ça ne rate pas : on se retrouve avec des tonnes de fioles aux effets divers, paré pour toute éventualité. Attention, ça finit par peser lourd ! Cependant, bonnes nouvelles : déjà au moins on s'en sert souvent. L'alchimie est vraiment utile, même si on trouve pas mal de potions dans les butins aussi. Ensuite, l'interface de confection est claire et bien pensée. Si si !

Une prière pour les âmes

Toujours dans "l'artisanat', l'enchantement est l'une des compétences les plus pratiques. Du fun pour toute la famille ! C'est simple : vous prenez un bidule magique, et vous le détruisez pour apprendre l'enchantement correspondant. Ensuite vous pourrez le lancer sur un autre objet, en consommant des gemmes spirituelles dont la puissance déterminera celle de l'objet ou le nombre de charges (en concordance avec votre niveau de compétence). L'enchantement dans Skyrim est assez contrôlé, pas question de balancer n'importe quel effet magique sur n'importe quel type d'objet. Mais il y a de quoi faire ! Au final, c'est la gestion des gemmes qui pose problème. On les remplit en capturant l'âme de créatures tuées (il suffit de lancer un sort spécial). Or, si on manipule une arme ayant cet effet de capture, il arrive fréquemment qu'une grosse gemme bien puissante et vide accueille l'âme d'une petite bestiole inutile, gâchant ainsi son potentiel. C'est normal, me direz-vous, il suffit de faire attention à quand et qui l'on draine de cette manière : ne pas utiliser l'arme tout le temps. Oui, mais bon, c'est une gestion d'inventaire dont j'aurai pu me passer, très franchement. Enfin, perso, je suis allé chercher l'étoile d'Azura, une gemme magique infinie. Je suis peinard.

Dealer de tombes

Évoquons aussi l'éloquence, qui sert par exemple à vendre et acheter au meilleur prix. On progresse d'ailleurs ainsi, en commerçant. L'arbre de talent correspondant vous proposera de devenir un grand marchand. Les dialogues y ont recours aussi, car Bethesda a abandonné l'infâme système utilisé dans Oblivion pour des choix QCM plus classiques. On discute en général de la pluie et du beau temps avec les PNJ, en affirmant de temps en temps ses convictions, comme dans un Fallout. Et parfois il faut convaincre son interlocuteur. Vous pourrez donc tenter un joli discours, le corrompre, ou encore l'intimider. Un choix qui se basera sur la personnalité de l'interlocuteur.

Finies, les expérimentations !

Vous noterez l'absence de compétence pour fabriquer des sortilèges maison. Ah, c'est un des gros changements dans le gameplay des Elder Scrolls, qui va sûrement faire pleurer les amateurs de bidouillage. Plus question de créer des attaques magiques surpuissantes capables de raser une zone d'un coup, maintenant on achète des sorts précis, aux effets limités. C'est comme ça. On y perd en liberté, c'est sûr, et on passe une bonne partie de son temps à jongler avec quelques incantations. Mais Bethesda y gagne en contrôle sur son gameplay, ce qui permet d'offrir des challenges plus adaptés. Il existe une bonne réflexion sur l'utilisation de la magie dans Skyrim. Par exemple, la foudre fait des dégâts de santé, mais aussi de magie, ce qui est très efficace contre des sorciers, qui en perdent leur moyens. Le froid attaque la vigueur et le feu blesse sur la durée. De quoi peaufiner ses tactiques entre le type d'ennemi rencontré et ses résistances.

Fireball, fireball, fireball !

Ne vous emballez pas, les combats de Skyrim restent assez bourrins. Il faut vraiment jouer de l'arme à une main et du bouclier pour obtenir des affrontements un peu techniques. L'arc et les sorts de foudre, assez précis à distance, demanderont des habitués du pad pour être maniés correctement : pas d'aide à la visée dans Skyrim. Sinon on défonce tout avec moult explosions et coups de marteau à deux mains, c'est plus facile. En face, l'IA fait son travail correctement, sans plus. On voit parfois des adversaires se replier et tenter de revenir d'une autre direction. La plupart attaquent de front et on affronte jamais plus de quatre ou cinq ennemis à la fois. En tout cas, au niveau où je suis arrivé. Au moins, ils n'essayent pas de tirer des flèches à travers les murs, c'est déjà ça. L'IA est en fait plus problématique pour les compagnons qui ont un peu tendance à faire n'importe quoi. Un peu plus d'options de contrôle, ça n'aurait pas fait de mal : gestion défense/attaque, distance par rapport à vous, etc. Des trucs classiques, quoi !

Muad'Dib !

Plus original, justement, votre personnage, quelle que soit son orientation, maniera aussi la langue draconique, comme un bon enfant de dragon bien élevé. Il faudra pour cela explorer un nombre incalculable de ruines, où se trouvent des mots magiques à absorber. Chaque mot donne un pouvoir (appeler les animaux, souffle de dragon, propulsion en avant, etc.) et chaque pouvoir possède trois niveaux de puissance (si vous collectionnez tous les mots qui correspondent). Apprendre un cri ne suffira pas dans la plupart des cas pour le gueuler à tout va, il faudra d'abord l'activer en utilisant une âme de dragon. Ça c'est facile, butez un dragon : ça pullule plus que les rats et comme je l'ai dit, ils sont tranquilles à élimin... Oh, attendez, le dernier que j'ai fait était un poil upgradé niveau badassitude. Si vous trouvez Skyrim trop facile, faites gaffe, il passe parfois des paliers qui font mal. Sauvegardez souvent.

Bref, j'ai joué à Skyrim

Voilà un peu tout ce qui vous attend dans l'univers immense de Skyrim. Difficile de s'en lasser. C'est simplement énorme. Surtout si vous aimez l'exploration dans un RPG... le monde s'étend, et s'étend, et s'étend encore. Avec des lieux partout. Vous vous déplacerez la plupart du temps à pied, parfois à cheval, mais ça coûte cher et ces sales bêtes crèvent facilement. En plus, impossible de se battre en montant, ni de faire de la récolte. Il existe un système de charrettes pour aller dans les villes principales, et bien entendu, chaque lieu visité une fois peut être rejoint grâce à l'incontournable mode "voyage rapide". Faites gaffe tout de même : certains endroits n'apparaissent pas sur la carte. Et comble de malheur, on ne peut pas annoter cette dernière. Seul petit regret : une fois encore, du fait de la situation géographique, les décors ne sont pas super variés, comme ils pouvaient l'être dans Morrowind. Les fans d'Oblivion ne seront pas choqués, par contre.

Mais... mais enfin ?

Et si on passait aux défauts ? Que serait un jeu Bethesda sans bugs ? Il perdrait tout son charme ! Skyrim ne manque pas de bugs. Des visuels, des mécaniques... Des qui dédoublent les livres dans votre inventaire, d'autres qui font que votre meilleure arme cesse de fonctionner dans la main droite... Des gros ralentissements aussi, et même des plantages purs et simples de la Bobox. Et d'autres, ici et là. Mais... pas tant que ça finalement. Pour le contenu qu'il offre, Skyrim m'a paru plutôt bien peaufiné. Les soucis que j'aurais avec ce titre proviennent plus de l'incompétence, ou de la faignantise ou du manque de temps des développeurs sur certains points. Par exemple, l'interface. En gros, elle est pas mal du tout, pour une interface console (espérons qu'ils fassent un truc adapté au PC, mais j'ai un gros doute). Un peu de temps pour s'y habituer et c'est OK. On passe une liste de choses en favori pour y accéder avec le haut de la croix du pad : une arme, un sort, des potions, tel ou tel équipement... Bien. Au bout de quelques heures, j'ai une trentaine de trucs dans mes favoris. Chaque combat est haché par des pauses pour changer de sort, changer d'arme, boire dix potions, recharger un objet magique... Croix haut : favoris. Croix bas : favoris (les mêmes). Croix gauche et droite : rien. RIEN ? Vous auriez pu proposer d'enregistrer des configurations sur ces trois directions, bande de £"*$@& ! Pour switcher entre plusieurs sets de combats, ou même de non-combat. Ou utiliser une des directions pour donner des ordres directement au compagnon. Sérieux, vous faites pitié, Bethesda. C'est encore la communauté qui va rattraper le coup sur PC. Update : on peut effectivement configurer droite et gauche (mais un seul favori par direction, pas de combo...) il faut maintenir le bouton (je n'avais pas la notice). Un peu mieux, mais pas top non plus.

Générateur de mods

C'est vrai que le manque d'imagination de Bethesda, et leur moteur se traînant de grosses casseroles, c'est carrément frustrant parfois. La communauté a encore du taf avec Skyrim. Regardez, par exemple, les maisons que l'on peut acheter. Chouette, on peut activer les étagères pour ranger les livres dedans automatiquement. Pourquoi ne pas avoir fait la même chose pour les racks d'armes vides qui ne servent à rien ? Je voulais ranger mes armes uniques, moi. Je voulais des mannequins pour exposer les armures. S'il y en a, je n'en ai pas vu. Après tout, je n'ai qu'une maison à Blancherive, la "ville de départ". Quoi qu'il en soit, j'attendrai un mod sur PC. Aussi, Bethesda : ce n'est pas la peine de faire semblant de mettre des énigmes sur la quête principale, quand vous savez très bien que vous n'empêcherez aucun joueur de la terminer avec un puzzle trop compliqué. Vos codes à trouver pour ouvrir les portes des donjons, avec la réponse juste à côté ou au pire cinq mètres plus loin, c'est ridicule. Évidemment, pour ce qui est facultatif, mettez le paquet. J'ai cru voir quelques indices de mystères pas faciles à éclaircir !

Je t'aime. Moi non plus

Terminons avec les grands classiques des RPG Elder Scrolls : l'IA et les animations. Pour la première, ma foi, je suis peut-être moins choqué que je ne devrais l'être. J'ai parlé des combats, mais c'est l'IA "civile" qui fait défaut. Il suffit de bousculer un garde sans faire exprès pour que toute la ville, guerrier, marchands, citoyens, vous saute dessus à pieds joints. Il n'y a guère que les enfants qui s'enfuient en cas de danger (et non, on ne peut pas les tuer). Sans compter les PNJ amnésiques, ceux qui vous répètent 30 fois la même chose, ceux que l'on frappe et qui vous parlent comme si de rien n'était deux minutes après, etc. Il y a tellement de progrès à faire, en IA comportementale dans ce type de jeu... quand on aura enfin atteint le réalisme graphique complet, peut être que les développeurs consacreront un peu de puissance pour renouveller l'IA ? En attendant, on fait avec. C'est pas parfait, mais pour un Elder Scrolls, ça s'améliore.

En avant l'aventure !

Constat identique pour l'animation. Eh, on a même de la synchro labiale en français (VF moyenne d'ailleurs, peu de voix, peu d'entrain, peu de personnalité) ! Malgré les efforts de Bethesda, les mouvements des personnages restent bien raides. Ils ont dû engager tous leurs animateurs chez Playmobil™, je ne vois pas d'autres explications. Ce défaut influe beaucoup sur les quelques passages de l'histoire où la mise en scène est importante. Vous le verrez dès le début : quand un Dragon attaque et que tout le monde se comporte comme des robots mal programmés, ça casse un peu l'ambiance. Remarquez, il y a peu de passage de ce genre, on n'est pas dans Uncharted 3. RaHaN qui a vu l'intro lui aussi, aurait voulu une meilleure maîtrise de la mise en scène, mais les priorités ne sont pas les mêmes pour ces titres. Même si, bien évidemment, on ne peut pas jouer à Skyrim sans rêver à tout ce qui pourrait être encore mieux réalisé. Un jour...

OooOooOOOooh

Graphiquement parlant, Skyrim est bien sympa, avec de jolis effets météo pour ceux qui aiment les tempêtes de neige. Les décors sont particulièrement réussis, et les montagnes sont magnifiques. Dommage que la distance d'affichage réduite des détails rende le paysage bien vide lorsque l'on prend de la hauteur (j'espère quelque chose de mieux sur PC) ! On trouve quelques textures pas top, notamment en intérieur, on pourra toujours bitcher sur le rendu des poils de mammouths, mais les modèles des personnages sont corrects. Après c'est un souci de design et de talent : tout le monde arbore un peu la même tronche. Comme on est dans le Nord, ce n'est pas trop surprenant. Ça paraît presque normal. La consanguinité, tout ça. Quoi ? Moi je suis Bréton. L'origine joue sur de nombreux aspects dans Skyrim. On ne peut pas tous être fins et cultivés.

Je devrais peut-être conclure ce test non ? Il est bien assez long. Et j'ai envie d'aller jouer à Skyrim. Et de rejouer à Skyrim. J'ai envie de me perdre dans la nature, de visiter un donjon au hasard, de percer les mystères Dwemer, de régler ce problème de vampiris... non rien. Franchement, je ne m'y attendais pas. Je ne pensais pas être happé comme ça par un Elder Scrolls, dont on retrouve pourtant de nombreux défauts. Simplement, les changements habiles dans les mécanismes et surtout le background incroyable déployé pour porter l'histoire principale m'ont totalement soufflé. Ça fait une semaine que je n'arrive pas à me décider entre l'Empire et Sombrerage, bon sang ! Je ne sais même pas à quel pourcentage de l'histoire j'en suis. Lost in Skyrim, et emmerveillé.