Présence invisible

Shadow's Tale fait partie de ce que l'on appelle les jeux à ambiance. D'emblée le ton est donné et largement inspiré de Ico ou Shadow of Colossus. Des graphismes minimalistes, des couleurs pastel, une alternance entre silences lourds et musiques gothiques oppressantes, pas de dialogues car aucun interlocuteur, on est seul au monde et pour ne rien arranger, on dirige cette fois une ombre... Une ombre qui a été a été arrachée à son jeune propriétaire et doit à présent gravir la Tour des Morts pour le retrouver. Projetée sur le sol ou les murs, partout où la lumière lui permet d'exister, l'ombre devra gravir un à un les étages de cette maudite tour en affrontant les monstres, pièges et autres casse-têtes qu'elle recèle.

Copie carbone

Le principe reste celui d'un jeu de plate-forme classique, agrémenté des poncifs du genre que sont les leviers à actionner, les ascenseurs, les monstres qui attaquent au sol et ceux qui vous agressent dans les airs... Sauf que cette fois tout se passe en ombre chinoise, au second plan. Dans le déroulement nous sommes très proches d'un Prince of Persia première version dans lequel seraient venus s'incruster quelques Koopas et autre Goombas. Pour franchir chaque étage, il faudra donc avoir le geste précis et la lame fine, mais aussi l'esprit aiguisé. Car si trouver la sortie n'est pas très difficile, la franchir est une toute autre histoire. En effet, pour dissiper le mur d'ombre qui en bloque l'accès, vous devrez retrouver trois yeux moniteurs, disséminés et parfois bien cachés dans les niveaux. Cela vous obligera à faire le tour de l'étage, d'en actionner, et surtout d'en comprendre, tous les mécanismes farfelus et retors. A cela s'ajouteront de nombreuses rotations de plate-forme et autres modulations de l'éclairage via la wiimote qui vous permettront de faire danser ou de distordre les ombres pour trouver votre chemin.

Entre ombre et lumière

On ne peut pas dire que Shadow's Tale manque d'originalité, pourtant, pad en mains, aucune nouvelle sensation ne nous envahit. On prend un peu de PoP, un peu de Mario Bros., un level design à la LittleBigPlanet et on y applique un nouveau concept visuel... Mais ça ne suffit pas à faire un jeu révolutionnaire. Créatif et frais, certes, mais pas plus. Le principe des ombres en projection est bien rendu, les différents systèmes qui nous permettent de jouer avec les lumières sont vraiment ingénieux et plaisants, mais au bout d'une heure on a fait le tour de toutes les possibilités, que le jeu ne fait que répéter dans différentes configurations. Du coup, on finit par jouer sans entrain, parce que l'on aime bien le concept, mais pas vraiment par plaisir. Graphiquement ça manque également de variété et c'est parfois très confus à l'écran. Les angles de vue et les lumières sont travaillés, mais les environnements du premier plan sont, eux, très sommaires. Même l'ambiance très prometteuse du début retombe comme un soufflet, le titre étant loin de la poésie et du lyrisme de ses modèles. Ajoutez à cela quelques séquences bien casse-têtes, et pas toujours pour les bonnes raisons, et vous obtenez un jeu qui manque de rythme et dont la magie cesse rapidement d'opérer.

Avec son concept novateur et son ambiance mystique, A Shadow's Tale s'annonçait vraiment comme un jeu à part. Si cette singularité s'exprime bien visuellement, elle n'existe plus au niveau du gameplay qui s'inspire de nombreux autres titres existants sans vraiment d'inspiration supplémentaire pour bien agglomérer tout ça. Le principal défaut du jeu reste toutefois son manque de rythme, de variété et... de fun. Tout simplement ! Un jeu qui sait attirer notre oeil, mais ne parvient malheureusement pas à s'attirer nos faveurs très longtemps et qui en dépit d'une volonté de se démarquer, restera à l'ombre des grosses production actuelles, ou de jeux indie plus ingénieux et inventifs.