La concurrence est une bénédiction. Ainsi lorsque les rois s'assoupissent, les vassaux se transcendent pour briguer la couronne. Et c'est un fait, depuis quelques années PES s'est engourdi. Incapable de rivaliser face aux FIFA depuis le passage aux consoles HD. Un réveil gueule de bois qui aura connu son apogée avec le lynchage de l'édition 2008, avant que la version 2009 ne commence à relever la tête. Trop tard ? Jamais. Le football n'a en effet rien d'une science exacte et le cœur des supporters passe souvent par tous les états. En préambule à cette critique, je serai donc clair : qu'il s'agisse de FIFA 10 ou de PES 2010, cette année, les deux simulations proposent du très beau football ! Et c'est probablement la meilleure nouvelle pour les amoureux du ballon rond. Car oui, du plaisir, voilà ce que j'ai ressenti en jouant et en comparant ces deux versions. La concurrence nous offre ainsi aujourd'hui ce qu'elle a de meilleur : le choix de l'excellence. Cependant si les deux titres ont progressé, chacun a gardé son identité, son style bien affirmé. Tout est maintenant question de sensations, voici celles véhiculées par PES 2010...

Reprendre la route

Pour cette édition 2010, les équipes de Seabass sont reparties de zéro. Humble, chez KCET on aura récolté et écouté au plus près les griefs de la communauté PES. Avouons que les remarques étaient nombreuses. Plusieurs mois avant la sortie du titre, des versions Preview ont ainsi été passées aux rédactions. Une première depuis des années. L'inertie de certaines moutures nous avait d'ailleurs un peu refroidi. Nous avions fait part de nos remarques et c'est un fait : la version finale n'a plus rien à voir... rien à voir non plus avec la démo actuellement en téléchargement. Bien sûr PES 2010 n'est pas exempt de défauts. On pourra toujours lui reprocher une certaine rigidité surtout lorsqu'on le compare à FIFA 10. On regrettera aussi que les grandes courses se montrent toujours un peu hachées et confèrent un style un peu robotique à l'ensemble. Ou encore que certains blocs équipe se disloquent un peu vite. C'est indéniable. Mais ce qui l'est tout autant, c'est de constater le bond effectué par ce PES 2010 et ceci aussi bien techniquement, que sur le rectangle vert. Soyez prévenu, PES est de retour...

Enfin prêt pour la Next Gen

S'il n'est pas nouveau, le moteur graphique a néanmoins bénéficié d'une attention toute particulière pour faire, enfin, entrer PES dans la galaxie Next Gen. Mais quelle baffe lorsqu'on découvre les joueurs pénétrer sur la pelouse ! Messi, Ribéry, Gourcuff, Henry, Ibrahimovic, Raül et tant d'autres... ce n'est pas qu'ils sont bien modélisés, c'est juste qu'ils sont présents, là, dans votre salon ! Les attitudes, le grain de peau, la morphologie des joueurs... tout y est pour les rendre non pas crédibles, mais bien vivants. Du jamais vu dans une simulation sportive. Par conséquent, dans ce domaine précis, PES 2010 se paye le luxe d'enterrer FIFA 10 en matière de cohérence visuelle d'autant qu'il est possible de reconnaître chaque joueur à tout moment, et ce quelque soit la caméra de jeu utilisée (et on ne parlera pas des ralentis). Pour conclure sur la partie technique, un nouveau filtre graphique a été appliqué sur l'ensemble du jeu. Les couleurs se révèlent moins clinquantes, plus réalistes et offrant, dans certains stades, une ambiance vraiment particulière (les matchs en fin d'après-midi sont de toute beauté). Enfin, les amateurs de beau jeu seront ravis d'apprendre que les ralentissements fréquents en 2009 ont enfin fait leur valise. Il était temps...

Muscler son jeu

Mais qu'en est-il du cœur même du jeu ? Sur le rectangle vert. Là aussi, PES 2010 parvient à retrouver ses fondamentaux, à commencer par une physique de la balle tout simplement incroyable ! Totalement indépendante des joueurs lors des contacts, ou des dribbles, la vélocité du ballon et ses réactions se révèlent incontestablement plus crédibles que dans FIFA 10. Le soin apporté aux animations « finales » (les prises d'appui, la relation pied/ballon, l'équilibre de frappe, etc) se montre aussi admirable. Les animations en général ont d'ailleurs été grandement enrichies, avec beaucoup plus de liant. PES garde donc une petite longueur d'avance sur cet aspect impalpable qui le rend "footballistiquement" crédible. Il suffit de passer du temps dans le mode Ralenti pour se rendre compte de la crédibilité des dernières étapes d'animation (qui ne se réajustent jamais contrairement à celles de FIFA 10). Mais il faut aussi admettre que les extérieurs du pied, les feintes de corps, les tirs en extension sont si bluffants qu'il est d'autant plus rageant de constater que les courses n'ont, quant à elles, pas subi le même traitement de faveur et demeurent un peu robotiques. Oui, dans ce domaine, et celui des contacts entre joueurs, c'est bien FIFA 10 qui mène largement la danse.

"Takeutiquement et tékeuniquement"

Mais pour réussir à talonner FIFA, PES se devait aussi de muscler son approche tactique. Et dans ce domaine, si la richesse du titre d'Electronic Arts garde une sensible longueur d'avance, les équipes de Konami ont effectué des progrès notables. Plus clairs que par le passé, les menus permettent par exemple d'accéder à des placements tactiques sous forme de jauges. Soutien au joueur, permutations, style offensif, pressing... vous allez pouvoir affiner le tout pour adapter le style de votre équipe à votre style de jeu perso. A noter que chaque changement est répercuté en temps réel sur un graphique permettant de mieux comprendre l'impact de vos décisions... avant de les valider. Mais ce n'est pas tout. Désormais, chaque joueur dispose en effet de Cartes de compétences activables... ou non. En clair, il s'agit de maximiser le coaching, mais rassurez-vous il n'est pas non plus possible de trop abuser. Et non, vous n'allez pas transformer tout vos joueurs en Zidane, c'est impossible.

L'heure de vérité

En termes de modes de jeu, aucun ajout majeur cette année mais une intégration croisée de chacune des compétitions. Ainsi la Champions League est désormais liée à la Master League et le mode Vers une Légende, afin de vivre plusieurs saisons avec tous ces rebondissements footballistiques. Concernant ce dernier mode, les possibilités de management se sont légèrement étoffées mais rien de révolutionnaire non plus. Ce qui l'est plus c'est l'accessibilité des parties Online ! Tout d'abord, alléluia les joueurs ont été écoutés : adieu l'horripilant Konami ID ! Pour le reste, nous n'avons pas pu encore nous y essayer pour vérifier si les bugs des précédentes versions ont réellement été évacuées. Nous reviendrons dessus dans quelques jours une fois plusieurs matchs effectués en ligne.

Au coup de sifflet final, si FIFA a incontestablement séduit de nombreux amateurs de football virtuel grâce à ces dernières brillantes versions, il apparaît clair aujourd'hui que les déçus des récents PES devraient enfin retrouver le plaisir d'antan... transposé dans le monde de la Next Gen. Certains diront qu'il était plus que temps et ils auront raison. Mais l'important reste la qualité de ce cru. Car oui, la mise à jour technique de cette édition 2010 a diaboliquement boosté l'immersion, tandis que la physique de balle se montre si réaliste qu'elle décuple les possibilités de création. Il y a certes encore quelques animations pataudes et une rigidité que certains jugeront réaliste, d'autres rébarbative. Mais ce qui est sûr c'est que PES 2010 propose des matchs cohérents et à l'intensité rare. Plus nerveux qu'un FIFA 10, moins évident sur les gestes techniques, il correspondra aux joueurs à la recherche de matchs percutants qui se vivent avec passion. Cela faisait longtemps, mais oui : We are a football tribe... again !

Vous souhaitez encore des précisions ? Eh bien rendez-vous mercredi prochain, le 21 octobre, pour un podcast chaud-bouillant dédié au match « FIFA 10 / PES 2010 ». Plus d'une heure d'émission d'anthologie où nous reviendrons sur les nouveautés et les feelings des deux versions pour que vous puissiez définitivement cerner quel titre est fait... pour vous.