Quand c'est un jeu charismatique et attendu que j'ai entre les mimines, quand je m'apprête à l'enfourner dans ma console avec excitation, je suis du genre à bien préparer le moment... Etre seul, peinard, avec quelques belles heures devant moi, assombrir la pièce pour me concentrer sur l'écran, préparer minutieusement une installation tout confort... Ensuite, lorsque tout est parfait, je lance et j'ouvre grand les mirettes et les esgourdes, prêt à m'immerger sans concession. C'est presque mon moment préféré, en fait. J'adore y repenser au moment de faire le point, quelques dizaines d'heures plus tard. Comme maintenant. Alors voilà, sans détour, je vous annonce que Final Fantasy XII est un grand, un très grand Final Fantasy. Peut-être bien le meilleur depuis... euh non, je ne me risquerai pas sur ce terrain glissant en fait, sinon ça va trop jacter dans les commentaires ! Bref, c'est surtout un grand jeu, tout court. Un incontournable. Ouais, FFXII m'a tout retourné.

Certifié Matsuno

Tout le monde sait qu'avant de passer dans d'autres mains expertes, cet opus mille fois retardé était dans celles de Môsieur Yasumi Matsuno. Un grand bonhomme, si vous voulez mon avis, puisqu'il a tout de même pondu Final Fantasy Tactics et, surtout (enfin c'est mon avis hein) l'inoubliable Vagrant Story. On retrouve donc le monde d'Ivalice dans FFXII, symbole de cette "patte" Matsuno. Un univers complexe, des personnages profonds, des éléments médiévaux du meilleur goût, doublés ici d'une touche orientale qui se marie à la perfection. Il suffit de quelques dizaines de minutes pour se rendre compte de tout le soin apporté au background. Les doublages (américains) sont d'ailleurs simplement excellents et, chose plus rare encore, la traduction française d'une justesse à toute épreuve. Tout est là pour nous embarquer le plus naturellement du monde.

Conflit, Guerre, Héros

Le scénario, étonnamment "sérieux", nous décrit d'un ton grave l'histoire du puissant Empire d'Archadia qui, par les armes et fort de son incroyable puissance militaire, s'est mis en tête de conquérir tous les territoires voisins. Sans aller beaucoup plus en détail dans cette histoire, que je préfère vous laisser découvrir au plus vite, sachez qu'après une magistrale cinématique d'intro et une surprenante (et déjà mythique) première scène de jeu, vous contrôlerez le jeune héros Vaan, malheureux voisin de Dalmasca à la personnalité et au caractère bien plus intéressants que ne le laissent paraître ses fringues et sa coupe de cheveux. Sachez également qu'on se laisse volontiers prendre par cette histoire incroyablement complexe qui, sans vouloir taper dans le registre de l'œnologie, a "du corps", mille fois plus en tout cas que les cinq ou six derniers épisodes. Oui, je l'ai dit. Le scénario, les personnages, le design et les événements dépeints ici forment un grand tout d'une cohérence sans faille et d'une profondeur fascinante. C'est la première énorme surprise.

Final Fantasy XI Offline

Les Final Fantasy, c'est aussi un système de jeu... et pour le coup, c'est encore une belle surprise qui vous attend. Si vous avez joué au onzième opus sur PC, PS2, ou même récemment sur Xbox 360, vous serez en effet étonné par la vaste ressemblance générale. Rappelons d'ailleurs qu'au tout début de son développement, Final Fantasy XII devait proposer moult éléments online... Bref, première chose : le principe d'"Active Dimension Battle" se débarrasse complètement des transitions exploration/combat. Du coup, si vous ne dirigez effectivement qu'un seul personnage visible dans les différentes villes, vous retrouverez toute votre équipe (3 personnages à sélectionner sur les 6, avec de temps en temps un « invité ») une fois à l'extérieur. Et cette équipe fonctionne vraiment comme un groupe d'humains dans un MMORPG : tout se déroule en temps réel (vous pouvez "mettre en pause" le combat pour sélectionner une action, tout de même), les rôles sont bien définis au départ (tanker, healer, buffer, etc.), il faut gérer l'aggro des ennemis... Même les quêtes annexes fonctionnent un peu comme dans un RPG massivement multijoueur !

Merci les Gambits

Tout cela est rendu possible grâce au principe des Gambits. Des attitudes programmées du type "si un allié arrive à moins de 30% de ses HP, utiliser une potion", qui s'enclenchent donc automatiquement selon le contexte et selon un ordre de priorité que vous aurez défini. Tout simple, mais surtout tout simplement génial. Ces Gambits sont des objets à trouver (ou à acheter) qui deviendront vos meilleurs amis très rapidement. A cela s'ajoute les capacités spéciales, les magies et, of course, les invocations. Ces dernières s'appellent ici les Espers, et vous devrez aller les dénicher aux quatre coins d'Ivalice, puis les vaincre pour en profiter entant qu'alliés. Question évolution des personnages, vous utiliserez une sorte d'échiquier de compétences, sur lequel vous avancerez de case en case, ajoutant à chaque fois de nouvelles capacités à la palette de vos personnages. Bien sûr, pour avancer vous devrez y mettre le prix, en cumulant ce qui manque de plus en plus aux différents motards de la rédac' : des "points de permis" (sic), mais il est toujours si agréable de découvrir progressivement, au fil des heures de jeu, les nouvelles possibilités qui vous sont offertes...

Plus c'est long...

Plus on avance dans ce douzième opus et plus on se rend compte de son incroyable durée de vie. Vous faire le comptage plus ou moins précis en nombre d'heures serait presque inutile, tant les quêtes secondaires et autres secrets à découvrir sont nombreux. Ivalice est un monde complexe et d'une incroyable profondeur. Creuser les richesses annexes du jeu relevant en plus de la pure jubilation ludique, autant dire que vous en aurez pour votre argent. D'autant que certains passages bien corsés vous obligeront soit à faire du leveling, soit à soigner tout particulièrement vos Gambits et votre inventaire pour progresser sereinement.

Bref, j'ai beau chercher des défauts à ce monument d'audace (quel système de jeu !) et de profondeur (quel univers !), je ne trouve pas... La réalisation peut-être, à l'heure de la next-gen et de la Haute Définition ? Que nenni ! Déjà parce que c'est une prouesse sur PlayStation 2, mais aussi et surtout parce qu'on ne retient de toute façon que le design en général, juste fan-tas-tique. A ne louper sous aucun prétexte, même si comme moi vous avez une télé presque full HD.