Restons calmes. Je suis dans le noir total, au milieu d'un marais dont je ne trouve pas la sortie. Il est trois heures du mat, j'ai 39 de fièvre et je suis totalement perdu. Tout va bien. Il y a quelques heures, je me suis réveillé sur un bout de plage de cette île, non loin du premier poste scientifique de l'expédition venue ici chercher un remède à la fameuse maladie qui ravage le pays, celle dont je souffre. Mais tout est déserté, seules quelques notes traînant ici et là me donnent une vague idée de ce qui s'est passé. J'ai pu commencer à étudier quelques plantes et me fabriquer une aspirine basique. Mais pour trouver les réactifs nécessaires au produit miracle, il a fallu partir en exploration. J'aurais dû dormir et partir au petit matin. J'aurai dû mieux me préparer. J'aurais dû éviter de courir dans tous les sens sans faire gaffe... Je suis complètement paumé.

Je vais bien, tout va bien !

Heureusement, j'ai un peu d'eau à boire. Mais je fatigue quand même. Je ne saurais où me placer sur la carte, je suis probablement dans une des zones d'ombres. Il y a bien des statues ou les ruines d'une civilisation disparue qui pourrait m'aider à me repérer, mais par rapport à quoi ? Je suis sorti du marais, je dévale des ravins, je grimpe dans des forêts, la lumière revient doucement, mais ma vue est troublée et je tousse comme un damné. Mon coeur bat plus fort... Hein ? Pourquoi ? Sixième sens... Une grosse bête dangereuse rôde dans les environs. De plus en plus fort : elle se rapproche. Merrrrde, je me mets à courir, mais je vois à peine devant moi. Je glisse, je m'étale de tout mon long, perdant au passage le pauvre champignon que j'avais ramassé au cas où. Je me relève, la bête toujours à mes trousses. Ça monte, ça monte et me voilà au bord d'un dénivelé abrupt. Tant pis je fais face. Une sorte d'énorme matou à cornes me fonce dessus. J'essaie de lui faire peur avec une branche que j'ai enflammée, mais rien n'y fait. Je suis coincé, il avance. Bim un coup de patte m'envoie dans le précipice, je retombe lourdement et je roule pendant une éternité. Mon corps n'est plus qu'un immense bleu, mais je ne suis pas mort et la bête est restée en haut. Je reprends mes esprits le nez dans la flotte. Je me relève, regarde autour de moi, complètement hagard... Une maison ! Coup de bol absolu. Je rentre à l'abri, je me fabrique un peu d'aspirine et au lit. Le lendemain, ça va beaucoup mieux. Je ne sais toujours pas où je suis, mais je retrouverai bien mon point de départ un jour. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir...

Google map

Si ce récit vous donne envie, je ne peux pas nier que Miasmata procure une sacrée ambiance et un chouette terrain de jeu. Mais attention, ce titre de IonFX avance de très bons éléments de gameplay, mais en quantité très limitée. L'île est vraiment sympa à découvrir : les forêts sont majestueuses, les effets météo et la gestion de la lumière peuvent offrir des panoramas magnifiques. Selon vos errances, vous remarquerez plus ou moins vite que le nord de l'île est plus humide et tropical, ce qui change un peu. Mais dans cette exploration, il n'y a tout de même pas grand-chose à découvrir... Il faut jouer avec les repères visuels et utiliser la triangulation pour se placer sur la carte et ainsi dévoiler le terrain inconnu, donc les joueurs qui adorent souffler sur le Fog of War seront ravis, mais c'est à peu près tout.

Cinq fleurs et champi par jour

Côté survie, on gère l'eau et la fièvre uniquement. Boire régulièrement n'est pas un trop gros problème. Mais les frissons reviennent plus régulièrement, et sont accentués par les blessures. Pas d'os cassés, de plaies à refermer ni rien, mais chaque chute vous affaiblit, et au bout d'un moment, vous vous écroulez... C'est terminé. Il faut donc ramasser des fleurs ou des champignons, les analyser, et fabriquer des médicaments. Il en existe deux contre la fièvre (de base ou plus puissant). Ensuite viennent quelques toniques temporaires pour vos statistiques (force, endurance, perception), qui peuvent aussi être augmentées de façon permanente par des injections spéciales. Il faut juste trouver les bons ingrédients. L'un dans l'autre, on a malheureusement vite fait le tour de la petite chimie amusante.

Lolcat problem?

Quant aux dangers de l'île, il n'y a effectivement que cette grosse bête que l'on rencontre ici et là. Dans Miasmata, vous pouvez ramasser des couteaux, voire des hachettes, et tenter de donner des coups avec, et même les lancer. Mais ça ne sert à rien, parce que cela n'a aucun effet. Même les écureuils sont invulnérables, alors bon... À part fuir, avec une bonne peur au ventre comme dans Amnesia, il n'y a pas grand-chose à faire. On doit normalement pouvoir les éviter discrètement, mais je n'ai jamais réussi. Et lorsqu'on fait face, l'IA déconne un peu, comme surprise, mais sans qu'on puisse jamais la repousser.

Miasmata est un titre très intéressant à découvrir. L'inertie du personnage demande un peu d'habitude, mais renforce grandement le réalisme du terrain et donne une bonne impression de vulnérabilité. Les bruitages aident aussi : on sent presque les pierres rouler sous nos pieds, avec la peur de se casser la figure à tout moment. Rien que pour ça, à petit prix, il peut valoir de coup (15 euros dans Steam). Mais attendez-vous à une expérience répétitive qui m'aura lassée au bout de quelques heures. Je finirai peut-être un jour, quand j'aurai besoin de vacances dans la jungle, ou que ma curiosité pour le scénario sera plus forte que l'ennui de la survie quotidienne.